Catégories
Société Viêtnam

Vietnam : des voleurs prêts à tuer pour un ordinateur

L’ancien Saigon, rebaptisé Hochiminh-Ville en 1975, était le royaume des petits pickpockets. La ville devient le terrain de voleurs brutaux, parfois des tueurs.

Dans la mégapole méridionale du Vietnam, les enfants des rues ont toujours étonné par leur habileté à détrousser les passants, à leur vider les poches, à subtiliser un portefeuille dans une poche revolver à l’aide d’une lame de rasoir ou d’un cutter. Ils se manifestent beaucoup moins de nos jours, pour une raison évidente : avec l’enrichissement général des trois dernières décennies, ils sont beaucoup moins nombreux.

Mais ils semblent remplacés par des voleurs beaucoup plus dangereux. Le site VietnamNet  fait état de « plusieurs cas de vols au cours desquels les voleurs ont agressé, blessé leurs victimes, les ont même tuées à coups de couteaux ; ils ont même attaqué les policiers qui les ont poursuivis». VietnamNet  rapporte l’arrestation, le 17 septembre, d’un certain Cao Xuan Lap, âgé de 28 ans, qui a été inculpé de vol et d’homicide.

Réparateur électronicien, Lap aurait affirmé que son emploi était instable. A court d’argent, il était monté sur sa moto et s’était promené en ville, cherchant des victimes circulant avec leurs ordinateurs portables. A un carrefour, il est tombé sur un couple à motocyclette. Le jeune homme, Hoang Ngoc Tri, âgé de 22 ans, avait posé son laptop dans le porte-bagage accroché au guidon. Tri a hurlé quand Lap s’est emparé de l’ordinateur et l’a poursuivi. Non seulement Lap a tué Tri à coups de couteau mais il a grièvement blessé un agent de police avant d’être arrêté et désarmé.

A la mi-août, rapporte également VietnamNet, la police a arrêté deux voyous, âgés respectivement de 20 et de 19 ans, qui volaient à un carrefour particulièrement encombré le matin, quand les gens se rendent au bureau leur ordinateur sous le bras. Armés de ciseaux très aiguisés, ils coupaient les sangles des sacs à dos, revenus à la mode, avant de s’enfuir avec. Au troisième vol, ils ont été poursuivis par des passants et des policiers. Ils se sont défendus à l’aide de couteaux et, étant parvenus à saisir le revolver de l’un des policiers, ils l’ont déchargé sur leurs poursuivants, blessant deux passants et deux policiers.

Des incidents de cette gravité ne sont pas fréquents. Mais les criminels font preuve de davantage d’audace, semblent prêts à blesser leurs poursuivants et sont confiants dans leur capacité à s’enfuir au milieu de la foule. Il est arrivé à des policiers de les poursuivre dans les égouts de la ville où ils s’étaient réfugiés. La plupart de ceux qui se font arrêter sont des récidivistes.

Catégories
Analyse Société Thaïlande

Chronique de Thaïlande : petit manuel de la corruption (I)

Présente à tous les niveaux du pays, la corruption est considérée comme bénigne par beaucoup. Mais les exposés dans la presse font quelquefois mouche.

Catégories
Asie Philippines Politique

Philippines: recul du terrorisme dans le Sud

Une décennie de présence militaire américaine a contribué à faire reculer le terrorisme dans les petites îles de l’extrême sud de l’archipel et à Mindanao.

Au tournant du siècle, Zamboanga, à l’extrémité occidentale de Mindanao, la grande île du sud des Philippines, était une ville dangereuse où il ne faisait pas bon traîner dehors après la tombée de la nuit. Sur les îles de Basilan et de Jolo, juste au sud, enlèvements et attentats étaient fréquents. Des dizaines d’étrangers, y compris des journalistes français, avaient été kidnappés. Certains s’étaient échappés, les plus nombreux avaient été libérés contre rançon, d’autres avaient eu la tête tranchée.

De nos jours, rapporte le 28 septembre le site des forces américaines Stars & Stripes ( www.stripes.com ), les rues de Zamboanga «sont pleines de camions de livraison et de SUV flambant neufs». Sur le port, le front de mer rassemble «une collection de restaurants et de bars à la mode». Le soir, sur une place attenante, l’attraction principale est formée par «les eaux dansantes d’une fontaine inaugurée au printemps dernier moyennant un financement d’un demi-million de dollars de la municipalité.»

Un an après les attaques du 9 septembre 2001 contre New York, déclarant l’Asie du Sud-Est le «deuxième front de la guerre contre le terrorisme», le président Bush a envoyé des «conseillers et instructeurs militaires» américains à Mindanao, aidé à reéquiper l’armée philippine et mis en place des services de renseignements. La cible principal : Abu Sayaff, collection locale  de terroristes alliés de la Jemaah Islamiyah dans l’Indonésie voisine et d’Al-Qaïdah. Abu Sayaff se finançait en pratiquant l’enlèvement pour rançon.

Une décennie plus tard, le nombre des terroristes n’est plus estimé qu’à «quelques centaines» d’individus, pour l’essentiel repliés sur «les denses jungles méridionales de Jolo et de Basilan». Les leaders d’Abu Sayaff ont été, pour l’essentiel, éliminés. Le gouvernement est assez confiant pour envisager de transférer dans un délai de quatre ans la responsabilité de la sécurité de l’armée à la police. Le contingent américain sur place a été réduit de 600 à 400 hommes.

Tout n’est pas gagné pour autant et, à l’intérieur du camp militaire philippin de Navarro à Zamboanga, le QG américain ressemble à une forteresse sans fenêtres. Les soldats américains n’ont pas l’autorisation d’aller se promener en ville. En outre, «fin juillet, huit soldats philippins ont été tués à Basilan lors de l’attaque d’un camp d’Abu Sayyaf ; quatre autres sont tombés dans une embuscade et ont été tués sur la route en tentant de rejoindre» le lieu des affrontements, rapporte Stars & Stripes.

En tout état de cause, le recul du terrorisme et l’amélioration de la sécurité ne peuvent pas décourager les négociations de paix en cours entre le gouvernement de Manille et le FMIL (Front moro de libération islamique), mouvement armé le plus représentatif de la minorité musulmane du Sud.

Catégories
Birmanie Politique

Birmanie: le coup de chapeau du président à Mme Suu Kyi

Dans son discours à l’ONU, le 27 septembre, Thein Sein a affirmé que la démocratisation était irréversible en Birmanie et tressé des lauriers à Mme Suu Kyi.

Qui aurait pu croire, voilà encore quelques semaines, que le président de la Birmanie (Myanmar) aurait profité de son discours devant l’Assemblée générale de l’ONU, à New York, pour tirer un coup de chapeau à Aung San Suu Kyi ? D’autant que cette adresse – une première – a été retransmise en direct par la télévision birmane. C’est pourtant ce qu’a fait Thein Sein, un militaire qui a troqué l’uniforme contre un habit civil pour occuper la présidence en 2011 et lancer une série de réformes.

Jamais auparavant, Thein Sein n’avait félicité Mme Suu Kyi, l’ancienne adversaire de la junte au pouvoir, ou fait allusion au Prix Nobel de la paix qui lui a été décerné en 1991. «En tant que citoyen du Myanmar, je voudrais la féliciter pour les honneurs qu’elle a reçus dans ce pays en reconnaissance de ses efforts en faveur de la démocratie», a dit Thein Sein à la tribune de l’ONU à New York. Mme Suu Kyi se trouve encore aux Etats-Unis où elle a été reçue par le président Barack Obama et où lui a été remise la plus haute distinction décernée par le Congrès.

En marge de sa participation à l’Assemblée générale de l’ONU, le président birman a rencontré le 26 septembre Hillary Clinton, qui avait annoncé auparavant la levée de l’interdiction des importations en provenance de Birmanie, sous réserve d’une approbation du Congrès. Dans son discours, Thein Sein a également mis en avant les «changements étonnants» intervenus dans son pays depuis 2011. Il a affirmé que «la transition démocratique et le processus de réformes» y sont l’objet de «pas irréversibles», y compris de la part des forces armées, encore très influentes.

Catégories
Asie Indonésie

Indonésie : une importante fracture de la plaque tectonique

Les deux séismes «colossaux» et récents au large de l’Indonésie sont le fruit de «la cassure progressive de la plaque tectonique indo-australienne».

Le site Maxisciences ( www.maxisciences.com ) fait état de travaux rapportés par la revue Nature le 26 septembre et qui estiment que «cette plaque se déchirerait littéralement en deux au large de Sumatra», la grande île du nord de l’Indonésie. Maxisciences poursuit : «Cette fracture serait à l’origine des colossaux séismes qui ont frappé le nord-est de l’océan Indien le 11 avril 2012 ». Ces «séismes jumeaux» ont été d’une magnitude de 8,6 et de 8,2 sur l’échelle de Richter.

Le premier séisme a été causé par «la rupture d’au moins quatre failles sous-marines en l’espace de 2 minutes et 40 secondes». Le second est intervenu «deux heures plus tard, quand une cinquième faille s’est rompue». Maxisciences rapporte que les secousses ont frappé «au cœur-même de la plaque indo-australienne», ce qui est «extrêmement rare», et non à la jonction entre deux plaques, ce qui est habituellement le cas.

Même si le processus doit s’étaler sur des millions d’années, la fracture de la plaque indo-australienne se déroule dans la zone au large de Sumatra où sont intervenus ces dernières années les «mégaséismes» d’Atjeh (une magnitude de 9,3, le 26 décembre 2004, suivi d’un tsunami qui a fait 230.000 victimes autour de l’océan Indien) et de Nias (8,7, l’année suivante). Les deux séismes d’avril 2012 n’ont pas provoqué de tsunami parce que les vagues ont «coulissé horizontalement l’une contre l’autre, sans mouvement vertical suffisamment important pour créer une lame de fond».

Catégories
Politique Thaïlande

Thaïlande : Sondhi Limthongkul acquitté de lèse-majesté

La cour pénale de Bangkok a considéré le 26 septembre que le principal leader des Chemises jaunes pro-royalistes, Sondhi Limthongkul, n’a pas voulu insulter la famille royale en 2008.

En juillet 2008, le fondateur du groupe ultra-royaliste des Chemises jaunes, Sondhi Limthongkul, avait cité dans un discours devant une cinquantaine de personnes les propos prononcés plusieurs mois auparavant par Daranee Chancherngsilpakul, une militante du camp opposé – les Chemises rouges – pour inciter ses partisans à réclamer le jugement de celle-ci. Sondhi, patron de presse du groupe Manager, avait été pris à son propre piège en se voyant à son tour accusé de lèse-majesté. Une des dispositions ubuesques de la loi de lèse-majesté est en effet qu’il est illégal de répéter des propos susceptibles en premier lieu d’être considérés comme lèse-majesté. Dans ses propos initiaux, Daranee, surnommé “Da Torpedo” pour la vigueur de son éloquence, évoquait certains épisodes de l’histoire de la France et de la Russie.

Le 26 septembre, la cour pénale a blanchi Sondhi de ces accusations, considérant qu’il “n’avait pas l’intention d’insulter la monarchie”. Comme relevé par David Streckfuss, expert des lois de lèse-majesté, dans son livre “Truth on Trial”, la spécificité de cette loi en Thaïlande est que l’examen de l’intention de l’accusé est considéré comme primordial par les juges alors même que la véracité des propos incriminés est jugée non pertinente. Après son acquittement, Sondhi a indiqué qu’il avait été accusé par des “rivaux politiques” qui étaient entrés en collusion avec des “éléments du système judiciaire”. Les adversaires de la loi de lèse-majesté utilisent ce même argument de l’exploitation politique de la loi pour demander son abolition. Daranee, de son côté, a été condamnée à 18 ans de prison en 2008. Dans le cadre d’une autre affaire, liée à une fraude financière, Sondhi a été condamné en 2010 à 20 ans de prison. Il est en liberté sous caution durant la procédure d’appel.

Catégories
Politique Viêtnam

Vietnam : un ancien ministre et trois banquiers sont inculpés

Arrestations, enquêtes et inculpations se poursuivent dans les milieux bancaires du Vietnam. Un ancien ministre est à son tour inculpé. Le feuilleton continue.

Le gouvernement du Vietnam a annoncé le 27 septembre que quatre banquiers, qui avaient démissionné le 19 septembre, étaient inculpés pour avoir «délibérément violé les réglementations de l’Etat, causant de sérieuses conséquences». Le premier inculpé est Trân Xuân Gia, 73 ans, qui a été président de l’ACB (Asia Commercial Bank) de 2008 jusqu’à sa démission le 19 septembre. Ministre du Plan et des Investissements pendant six ans (1996-2002), Gia n’a pas été arrêté, en raison de sa collaboration avec les enquêteurs, mais a seulement reçu l’interdiction de quitter le quartier où se trouve son domicile.

C’est également le cas de trois de ses anciens collaborateurs, anciens directeurs adjoints de l’ACB : Le Vu Ky, Trinh Kim Quang et Pham Trung Cang. Ce dernier était également le directeur adjoint de l’Eximbank. Ils sont tous les quatre soupçonnés d’avoir trempé dans une transaction frauduleuse au cours de laquelle une banquière aurait détourné, aux dépens de l’ACB, la coquette somme de 719 milliards de dôngs (1 € = 30.000 dôngs). Des anciens membres de la direction de l’ACB auraient ordonné de transférer des dépôts dans 29 autres banques afin de bénéficier de taux d’intérêts supérieurs à ceux fixés par la Banque centrale.

Fin août, plusieurs arrestations de banquiers ont eu lieu, dont celle du millionnaire Nguyên Duc Kiên, l’un des fondateurs de l’ACB et un membre de l’entourage du premier minisre Nguyên Tan Dung. Le gouvernement a, depuis, tenté de remettre de l’ordre dans le secteur bancaire tout en durcissant son attitude à l’égard de ceux qui le critiquent.

Catégories
Politique Viêtnam

La crise au Vietnam : vaste campagne d’autocritique du PC

Le PC vietnamien, parti unique, a lancé une campagne «de critique et d’autocritique» pour conjurer la crise financière que traverse le pays.

Les arrestations dans les milieux bancaires et à la tête d’entreprises publiques,  les démissions et les limogeages de ces dernières semaines s’accompagnent, au sein du PC du Vietnam, de sessions à plusieurs échelons de séances de critique et d’autocritique. Cette campagne est, selon VOVWorld, site de la Voix du Vietnam, conforme à une résolution récente du comité central du PC «sur les problèmes urgents dans l’édification du Parti».

Dans un jargon communiste typique mais clair, la Voix du Vietnam, organe officiel, rapporte que «le principe de la critique et de l’autocritique sert à remédier aux imperfections et à maintenir l’unité. Cela permet d’édifier le mouvement révolutionnaire au sein des localités, de donner le bon exemple aux subordonnés et de rehausser la capacité de travail du comité provincial du Parti au lieu d’affaiblir le mouvement et semer la pomme de discorde au sein du parti. Nous sommes le noyau révolutionnaire de la localité, c’est pourquoi nous devons montrer la voie aux habitants et membres du Parti en leur faisant comprendre que la critique et l’autocritique servent à l’édification et au développement du Parti.»

La Voix du Vietnam ajoute que «le but est de remédier à la dégénérescence de l’idéologie politique, de la morale et du style de vie des cadres et des membres du Parti pour améliorer la direction et la combativité des organisations du parti, le rôle pionnier des cadres et des membres du parti.» Parmi l’une des réunions d’autocritique les plus récentes figure celle du ministère des Affaires étrangères, du 22 au 24 septembre.

Cette reprise en mains de tous les échelons du PC est censée avoir pour objet d’«empêcher et endiguer la dégradation idéologique, politique et morale d’une partie non négligeable de cadres et de membres du Parti.» Elle ne dit rien, en particulier, des luttes d’influence et rapports de force entre les clans du mouvement communiste. Elle coïncide, en revanche, avec un durcissement à l’égard des dissidents, notamment de ceux qui s’expriment sur une Toile de plus en plus difficile à contrôler.