La Commission Vérité et Réconciliation a rendu public son rapport final sur les manifestations anti-gouvernementales d’avril et de mai 2010 à Bangkok, lors desquelles au moins 92 personnes ont péri.
Ce rapport de près de 400 pages blâme à la fois le gouvernement de l’époque, les militaires, les manifestants Chemises rouges ainsi qu’un mystérieux mouvement armé, les Chemises noires, pour les morts de 2010. Somchai Omla-Or, membre de la Commission, a indiqué, lors d’une conférence de presse le 17 septembre que le gouvernement d’Abhisit Vejjajiva – en place durant les manifestations – n’avait pas su «contrôler l’utilisation d’armes de guerre par les militaires». Concernant l’assassinat du général Khatiya Sawasdiphol, un «conseiller militaire» des Chemises rouges, le 13 mai 2010, le rapport affirme que la balle fatale a été tirée d’une «zone contrôlée par les militaires».
L’un des passages les plus sensibles du rapport concerne la tuerie du temple Wat Pathum Wanaram, le 19 mai 2010, lors de laquelle six personnes ont été tuées devant le temple (qui avait été désigné comme «sanctuaire») ou dans son enceinte. Le document de la Commission affirme que des échanges de tirs entre Chemises noires en position à l’intérieur du temple et militaires postés dans le viaduc du métro aérien ont eu lieu, tout en ajoutant que les six personnes tuées l’ont été par des tirs provenant des positions militaires.
Le rapport s’étend sur le rôle des Chemises noires, dont il ne parvient pourtant pas à déterminer clairement l’identité. Ceux-ci ont bénéficié, selon les recherches de la Commission, de l’appui des gardes Chemises rouges du général Khatiya. D’après le rapport, ces Chemises noires, qui apparaissent sur plusieurs photos et vidéos, sont responsables de la mort de neuf personnes, dont plusieurs officiers militaires lors de l’accrochage du carrefour de Khok Wua, le 10 avril 2010, près de Khao San Road.
Selon le quotidien Bangkok Post, Kwanravee Wangudom, la représentante du People Information Centre, un groupe de la société civile qui a effectué ses propres recherches sur les «événements», a considéré le rapport comme «ambigu», car il n’assigne pas de responsabilité précise pour les actes criminels.