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Philippines

Philippines : chasse aux inondations à Manille

Le président Aquino a dégagé 629 millions de dollars pour financer la première phase d’un vaste plan de protection de Manille contre les inondations.

La capitale des Philippines est régulièrement inondée. Le 15 septembre, des pluies diluviennes en ont inondé plusieurs quartiers et, sur certaines avenues, seuls les autobus pouvaient circuler. En août, des inondations à Manille et sur l’île de Luçon ont fait près de cent victimes. Un demi-million de gens se sont retrouvés provisoirement sans abri. Voilà trois ans, des inondations provoquées par deux cyclones ont fait environ un millier de morts. Des millions de Philippins avaient alors été affectés et le montant des dégâts s’était élevé, selon la Banque mondiale, «à  4,3 milliards de dollars», rappelle Irin, l’agence du Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU.

Le gouvernement Aquino a donc décidé de prendre le taureau par les cornes et d’amorcer un «plan maître» de lutte contre les inondations de la capitale qui s’étalera jusqu’en 2035. Dans une première phase, il s’agira de construire ou de renforcer des digues, de draguer les canaux embourbés, d’installer des pompes aux endroits les plus sensibles autour de Manille (et d’en faire autant dans les zones  les plus vulnérables de l’archipel).

Irin rapporte que le plan prévoit, par exemple, le nettoyage de deux cents cours d’eau et estuaires de la région de Manille ; la mise en place d’un système d’alerte des quartiers les plus vulnérables ; l’installation de 61.000 instruments de contrôle du niveau des eaux. A long terme, le plan inclut  le relogement de «dizaines de milliers de familles», pour l’essentiel des habitants de bidonvilles.

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Analyse Indonésie Politique

Indonésie : l’élection cruciale du gouverneur de Jakarta

Le 20 septembre a lieu l’élection du gouverneur de Jakarta. Un ‘Monsieur propre’, soutenu par un général à la retraite ambitieux, est capable de l’emporter.

Fauzi Bowo, le sortant, soutenu par le gouvernement, se retrouve au deuxième tour de l’élection du gouverneur de Jakarta face à Joko ‘Jokowi’ Widodo. Jokowi est appuyé par l’opposition, notamment par Prabowo Subianto, général à la retraite et au passé sulfureux mais qui figure dans les sondages en tête des candidats à la présidentielle de 2014.

De prime abord, Jokowi ne semblait avoir aucune chance : il est maire de la ville de Solo (Surakarta) à Java central alors que Bowo est un Betawi, un natif de Jakarta. Le colistier de Jokowi est un chrétien d’origine chinoise. Les Indonésiens d’origine chinoise ne représentent que 5% de la population d’une capitale dont 85% des dix millions d’habitants sont musulmans.

Pourtant, lors du premier tour en juillet, à la surprise générale, Jokowi a obtenu 43% des suffrages contre 34% seulement à Bowo.  «Sauf miracle, estime l’Economist, le sortant est fini.» Car Jokowi, 52 ans, est un candidat redoutable : il a été réélu par un raz de marée en 2010 à la mairie de Solo pour avoir promu les affaires et la lutte contre la corruption. Il est généralement reconnu comme le meilleur maire d’Indonésie. Il propose aujourd’hui ses services à Jakarta, capitale apparemment ingouvernable et seule mégapole d’Asie du Sud-Est à ne pratiquement pas disposer de transports en commun.

Si Jokowi est élu, et s’il parvient à réduire la corruption à Jakarta – ce qu’il a fait à Solo – la configuration politique en Indonésie pourrait changer. Comme le président Susilo Bambang Yudhoyono ne peut pas se représenter et que, de toute façon, sa popularité est en baisse, la coalition gouvernementale actuelle devra trouver un candidat de qualité pour faire face à l’éventuelle candidature à la présidence en 2014 de Prabowo Subianto, dont Jokowi pourrait être le colistier.

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Société Thaïlande

Thaïlande : le blanchiment de la peau devient de plus en plus intime

Pour se conformer aux canons de la beauté et aux préjugés culturels, des Thaïlandaises vont jusqu’à utiliser des produits qui blanchissent leurs parties intimes.

Après avoir blanchi leur visage, leur corps, leurs dents et même leurs aisselles, les femmes thaïlandaises ont un nouvel objectif : blanchir leur entrejambe. Des produits hygiéniques mis au point par des marques cosmétiques sont disponibles. Certains vont jusqu’à promettre des résultats dans un délai de quatre semaines. Loin d’être saturé, le marché de la toilette intime continue de croître. Le Bangkok Post cite l’entreprise pharmaceutique Sanofi qui estime que le marché des produits destinés à la toilette intime des femmes en Thaïlande augmente de 10 à 15% par an, culminant à 500 millions de bahts (12,5 millions d’euros) en 2012.

Un tel engouement pour la blancheur a, comme dans toute l’Asie, des racines culturelles et sociales – avoir la peau foncée signifie « travailler dans la rizière », « être un paysan » – mais il se perpétue aussi en raison des publicités et des célébrités, toutes plus blanches les unes que les autres. Ainsi, le business de la blancheur n’est pas seulement profitable aux marques de cosmétiques mais aussi aux agences de publicité. Elles rivalisent d’ingéniosité pour marteler à toutes les femmes qu’elles se doivent d’éclaircir leur teint. Selon le Bangkok Post, en ce qui concerne son produit pour les parties intimes, la firme française Sanofi aurait investi 80 millions de bahts (2 millions d’euros) en marketing et publicités à la télé et à la radio.

L’apparence esthétique étant très importante en Thaïlande, ce diktat commercial a maintenant pénétré dans la sphère intime. Pourtant, d’après le Bangkok Post, « des médecins et des critiques sociaux ont soulevé leurs réserves concernant  ce type de produits depuis des années ». Ces critiques semblent, toutefois, résonner dans le vide. Le développement du marché  de la blancheur devrait continuer tant qu’une réelle réflexion collective ne sera pas lancée sur les manipulations publicitaires et la qualité des produits vantés.

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Analyse Asie Chine Indonésie Politique Viêtnam

L’Indonésie ou l’émergence d’une puissance moyenne

Un universitaire américain estime que l’Indonésie est devenue une puissance moyenne et qu’elle en joue désormais le rôle. Le jugement ne fait pas l’unanimité.

Bruce Gilley, enseignant à l’université d’Etat de Portland, écrit dans les colonnes du New York Times que l’évènement le plus important de la dernière tournée asiatique de Hillary Clinton a eu lieu à Jakarta, le 3 septembre, quand la secrétaire d’Etat américaine a reconnu que Washington acceptait «le leadership» de l’Indonésie dans la recherche de solutions aux «disputes territoriales» en mer de Chine du Sud, «disputes qui ont été la source de propos belliqueux, ces derniers mois, de la Chine, du Vietnam et des Philippines

Auteur d’un essai récent sur la légitimité des Etats (The Right to Rule : How States Win and Lose legitimacy), Gilley fait valoir que Washington accorde un rôle prédominant à Jakarta dans la négociation en mer de Chine du Sud parce que l’Indonésie ne se range pas dans le camp américain. Au cours de la conférence de presse conjointe avec Mme Clinton, le ministre indonésien des affaires étrangères, Marty Natalegawa, a été clair : le leadership indonésien dans cette affaire «ne signifie pas qu’il se manifeste aux dépens de tout autre parti.»

En observant une stricte neutralité dans le conflit de la mer de Chine du Sud, l’Indonésie peut avoir une influence sur la négociation et se range donc, selon Gilley, dans la catégorie des «puissances moyennes» : de 10 à 20 Etats qui, comme l’Afrique du Sud ou l’Australie, ne sont pas des membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU, ne sont pas des géants comme le Japon, l’Inde ou l’Allemagne. L’appel à l’Indonésie est, de la part des Etats-Unis, l’aveu d’une incapacité à trouver «une réponse stratégique efficace à l’influence croissante de la Chine.»

Promouvoir le rôle de l’Indonésie contraint sans doute Washington à accepter «quelques compromis.» Mais cette attitude devrait encourager des solutions acceptables par Pékin. Il reste que résoudre ce genre de conflit prend beaucoup de temps et que le statut de «puissance moyenne» n’est pas un acquis définitif. «L’Indonésie est une puissance moyenne classique ; c’est un pays devenu récemment démocratique et qui se développe rapidement avec un potentiel militaire et diplomatique notable», estime Gilley. Mais la stabilité politique de l’archipel n’est pas garantie avec une présidence dont la popularité s’est essoufflée et une succession, en 2014, qui s’annonce pleine d’incertitudes.

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Birmanie

Les écologistes de Birmanie font grise mine

Un projet sino-birman de mine de cuivre dans le nord de la Birmanie a provoqué des manifestations des habitants des environs, épaulés par des environnementalistes.

La mine de cuivre est située dans la chaîne de montagnes de Letpadaung, à 24 kilomètres à l’est de Monywa, principale ville de la division de Sagaing, dans le nord de la Birmanie. Pour l’exploiter, le conglomérat militaire birman Myanmar Economics Holding Ltd s’est allié à la firme chinoise Wan Bao Mining. Selon le magazine online Irrawaddy, les habitants des villages alentour sont mobilisés depuis un mois et demi contre le projet, non seulement à cause des risques environnementaux qu’il présente, mais aussi parce qu’il a d’ores et déjà conduit à des confiscations de terrains. Une unité anti-émeute de la police a été dépêchée sur place après que des villageois eurent bloqué le passage de bulldozers pour stopper les travaux. Une douzaine de personnes ont été arrêtées et trois femmes sont toujours en détention. L’affaire a désormais un retentissement national et des militants des droits de l’Homme et de protection de l’environnement sont venus prêter main forte aux protestataires.

Le 11 septembre, une marche pour demander la libération des trois détenues a rassemblé 1.500 personnes à Monywa dont une vingtaine d’étudiants venus de Mandalay. Le lendemain, toujours selon le site Irrawaddy, 300 habitants de douze villages proches de l’emplacement de la future mine ont organisé un rassemblement pour demander l’annulation du projet. Des membres du groupe Generation 88 sont venus les soutenir, notamment Jimmy l’un des leaders de ce mouvement ayant manifesté en 1988 contre les militaires au pouvoir. Les villageois se sont entretenus avec le « chief minister » de la division de Sagaing, Thar Aye, qui a promis de relâcher les trois détenues, mais en respectant la procédure légale. En revanche, il a dit n’avoir pas l’autorité pour décider de l’annulation du projet de mine de cuivre et a suggéré aux protestataires de contacter le gouvernement à Naypyidaw. Le même jour, une députée locale de la Ligue nationale pour la démocratie d’Aung San Suu Kyi est venue discuter avec les protestataires.

En septembre 2011, le gouvernement birman, sous pression de la population locale et à cause des risques pour l’environnement, avait suspendu le projet de barrage-réservoir de Myintsone, situé dans l’Etat kachin dans le nord-est du pays et dont l’investisseur principal est la firme chinoise China Power Investment Corporation. C’était la première fois que le pouvoir birman, alors au début de sa phase de transition, donnait favorablement suite à une demande exprimée par la population.

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Thaïlande

Thaïlande : le centre, dont Bangkok, menacé par la montée des eaux

Les inondations pourraient affecter certains quartiers de Bangkok d’ici sept à dix jours.

Les provinces riveraines du fleuve Chao Phraya et situées en aval du barrage-réservoir Chao Phraya construit à Chai Nat doivent s’attendre à être inondées, à cause des fortes pluies qui devraient tomber jusqu’au 17 septembre et du volume d’eau plus important libéré par le réservoir. Le Département royal de l’irrigation a particulièrement averti les provinces de Chai Nat, d’Ang Thong, d’Ayutthaya et de Pathum Thani. Selon le département, le niveau d’eau en aval du barrage atteindra une hauteur entre 25 et 50 centimètres. Déjà le 13 septembre, le fleuve a débordé de son lit et inondé certains quartiers du district Muang d’Ang Thong, ainsi que le district Sam Khok de Pathum Thani. Certains districts de la province d’Ayutthaya, qui avait été inondée pendant plusieurs semaines l’an dernier, sont affectés par la montée des eaux depuis le début de septembre.

Sujarit Khunthanakulwong, chef du département d’ingénierie hydraulique de l’université Chulalongkorn estime que certaines parties de Bangkok seront touchées par les inondations d’ici sept à dix jours, à cause des fortes pluies qui vont tomber jusqu’au 17 septembre. Mais cette mise en garde est relativisée par l’universitaire Seree Supratid, très consulté par les médias thaïlandais, lequel assure que les bonnes protections anti-inondations dont bénéficie la capitale devraient fortement limiter la montée des eaux. Cité par le quotidien Bangkok Post, il affirme que le risque principal provient des fortes pluies. Au pire, le drainage des eaux pourrait prendre cinq à six heures dans certains quartiers.

La cheffe du gouvernement Yingluck Shinawatra, en visite le 13 septembre dans le centre-ville de Sukhothai soudainement inondé le 10 septembre, a assuré que les eaux seront totalement drainées « dans deux jours ». Distribuant des kits de secours aux habitants, elle s’est déclarée confiante, selon le quotidien The Nation, que « la situation allait rapidement retourner à la normale ».

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Asie Brunei Chine Malaisie Politique Viêtnam

Mer de Chine du Sud : les multiples noms d’un contentieux

Les eaux entre le sud chinois et Singapour sont appelées mer de Chine du Sud pour des raisons de simplification. Car les noms abondent.

Aux yeux du Vietnam, il s’agit de la mer de l’Est. Les Chinois l’appellent la mer de Chine méridionale. Le président Noynoy Aquino a officiellement compliqué le tableau en décrétant, le 13 septembre, que la partie occidentale de ces eaux s’appelait désormais la mer des Philippines occidentales là où elles couvrent la zone économique exclusive que peut revendiquer Manille aux termes de législation internationale.

Les rapports et informations sur les contentieux, les disputes et les accrochages dans ces eaux sont simplifiés : les médias et les diplomates utilisent le terme mer de Chine du Sud ; les deux principaux archipels sont appelés par leurs noms anglophones : les Paracels (au nord) et les Spratleys (au sud). Toutefois, les Paracels sont appelés Hoang Sa par les Vietnamiens et Xisha par les Chinois; les Spratleys, Truong Sa (Vietnam) et Nansha (Chine).

La Chine revendique environ 80% de ces eaux, selon une délimitation approximative mais qui couvre les deux archipels ainsi qu’une partie à la fois du plateau continental vietnamien et de la zone économique exclusive des Philippines, au large de Palawan et de Luçon. En juin dernier, Pékin a créé un «territoire municipal» (la ville de Sansha ou ‘Trois sables’) qui inclut les deux archipels ainsi que de petits récifs, ceux de Macclesfied Bank. Pour simplifier les choses, la mairie de Nansha est située sur une île des Paracels connue sous le nom de Woody.

Les Vietnamiens sont exaspérés car ils considèrent que les Paracels et les Spratleys sont sous leur souveraineté. Les Chinois se sont installés aux Paracels en en chassant, en janvier 1974, la faible garnison sud-vietnamienne qui s’y trouvait encore. Tous les pays riverains sont présents aux  Spratleys, y compris Taïwan et la Malaisie (donc à la seule exception du petit sultanat de Brunei, sur l’île de Bornéo). Lors de la débâcle d’avril 1975, ayant reçu l’ordre de se replier sur un secteur maritime contrôlé par la flotte américaine, la marine sud-vietnamienne en avait averti son adversaire nord-vietnamien. La raison : que le Nord occupe les positions du Sud aux Spratleys avant les Chinois.

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Thaïlande

Thaïlande: mort suspecte d’une ancienne star du cinéma

Pawana Chanachit a été retrouvée gisant dans un bassin de sa propriété. Les circonstances du décès de la « perle de l’Asie » restent troubles.

Lundi 10 septembre à trois heures du matin, Pawana Chanachit, 69 ans, a été retrouvée morte dans un bassin de sa propriété dans la province de Nakhon Pathom, à l’ouest de Bangkok. L’autopsie a conclu à un décès par noyade de l’ancienne actrice, rapporte le quotidien The Nation. Cependant, les circonstances de sa mort restent floues et ses proches ne croient pas à un accident, faisant valoir la fortune qu’elle avait accumulée et de supposés problèmes de couple. Son compagnon de 10 ans, Natthaphong Luangsiriku, 55 ans, est suspecté par certains.

Ce dernier a insisté sur le fait qu’il n’était pas présent au moment où l’actrice se serait noyée. Une dispute concernant des titres de propriété a eu lieu entre Natthaphong et des membres de la famille de Pawana, après que la disparition de l’actrice eut été signalée par un domestique mais avant que son corps soit retrouvé. Ce n’est qu’une fois seul que Natthaphong aurait découvert, à trois heures du matin, le corps sans vie.

La police continue de s’en tenir à la thèse de l’accident. Le général de police Jarumporn Suramanee en charge de l’enquête estime qu’une altercation avant la noyade est fortement improbable. Le  policier, cité par The Nation, déclare que «d’après les preuves, Pawana s’est rendue au pied du bassin pour nourrir les poissons, s’est agenouillée pour rendre hommage à une statue, s’est relevée puis s’est retournée, et a perdu l’équilibre avant de tomber tête la première dans le bassin.» En chutant, elle aurait pu heurter un socle en béton ou le fond du bassin qui l’aurait partiellement assommée, ce qui expliquerait la petite blessure constatée sur ses gencives, des égratignures sur le visage et quelques ecchymoses sur les bras et coudes.

Pawana Chanachit a été une star du cinéma asiatique dans les années soixante, tournant avec des légendes du cinéma thaïlandais comme Mitr Chaibancha et Sombat Methanee. Sa carrière s’est étalée de 1960 à 1979. Née en 1943 dans une famille d’origine chinoise, elle est devenue célèbre en 1960 avec le film Saeng Soon. Elle a obtenu à cette occasion un Golden Doll Award, la plus haute distinction cinématographique en Thaïlande. Elle avait été aussi la première actrice thaïlandaise à acquérir une renommée au délà des frontières du royaume. Ses rôles dans des films d’action hongkongais et des films japonais l’avaient fait connaître à l’étranger et lui avaient valu le surnom de « perle de l’Asie ». Elle était restée très populaire et détenait une richesse considérable, dont une flotte d’une vingtaine de voitures. Son patrimoine s’élève à 2,5 milliards de bahts, soit 66 millions d’euros.