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Les Travailleurs indochinois de la Deuxième Guerre mondiale

Le 6 septembre sera, à Sorgues, une journée du souvenir, en hommage aux cinq mille Indochinois qui s’épuisèrent, pendant la guerre, dans l’immense poudrerie locale.

C’est un pan de l’histoire mal connue des vingt mille «Travailleurs indochinois» envoyés en France en 1939-1940 pour suppléer, dans les usines de guerre, la main-d’œuvre locale mobilisée. La guerre est vite perdue et les Indochinois, envoyés du Cambodge, du Laos et surtout du Vietnam,  se retrouvent bloqués en Métropole sous le régime de Vichy. A Sorgues, cinq mille d’entre eux ont été affectés à «une immense usine de fabrication de poudres et d’explosifs», rappelle Pierre Daum, auteur de Immigrés de force, les travailleurs indochinois, 1939-1952 (Actes Sud, 2009).

En juin 1940, la poudrerie cesse de fonctionner mais sept compagnies de travailleurs indochinois y stationnent et sont affectées à divers travaux dans la région. Avec l’occupation de la zone Sud en novembre 1942, la poudrerie reprend du service pour le compte, cette fois-ci, des Allemands. Sans salaires. Il reste 1.800 Vietnamiens à Sorgues. Beaucoup se retrouveront, après la guerre, bloqués en Métropole, en partie en raison des hostilités en Indochine.

La ville de Sorgues – aujourd’hui, un bourg de vingt mille habitants – se souvient, même si seule une poignée de ces travailleurs sont encore en vie (notamment un peintre connu, Lê Ba Dang, âgé aujourd’hui de 91 ans, qui a été l’un des pionniers de la culture irriguée du riz en Camargue à partir de 1941, donc pendant la guerre). Et même si la population a élu députée la petite-fille de Jean-Marie Le Pen. Après la guerre, «d’un statut de supplétifs, ils deviendront alors des hôtes à surveiller, voire pour certains à neutraliser», rappelle Pierre Daum.

Expositions et débats, pose d’une plaque commémorative, seront suivis de la projection en avant-première et en présence du réalisateur du film que Lam Lê a consacré à ces travailleurs, Cong Binh, la longue nuit indochinoise. (www.travailleurs-indochinois.org)

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Indonésie Politique

Indonésie : un superflic pour les Papous

Un ancien chef de la lutte anti-terroriste a été nommé à la tête de la police en Papouasie occidentale. Cette décision, si elle se confirme, n’annonce rien de bon.

Selon le blog TalkArchipelago, qui cite le quotidien indonésien Kompas, le général Tito Karnavian, âgé de 47 ans, ancien patron du Détachement 88, unité d’élite chargée de la lutte antiterroriste, a été nommé le 3 septembre à la tête de la police dans la moitié indonésienne de l’île de Papouasie. Karnavian a été critiqué pour la violence dont il a fait preuve lorsqu’il commandait le Détachement 88, une unité antiterroriste formée après l’attentat de 2002 à Bali avec l’aide de l’Australie et des Etats-Unis.

Rattachée à l’Indonésie à la suite d’un référendum honteux en 1969, divisée en deux provinces au mépris de l’« autonomie spéciale» dont elle est censée bénéficier, la Papouasie occidentale a connu, ces derniers mois, une augmentation des assassinats de civils et de membres des forces de l’ordre. Un fort sentiment irrédentiste y est entretenu par la brutalité de la répression militaire et policière. En revanche, l’OPM (Mouvement pour une Papouasie libre) y demeure une guérilla faible.

La colonisation de cette région interdite aux observateurs étrangers se poursuit depuis quatre décennies.  Ainsi que le relevait en juin l’hebdomadaire The Economist, «les motocyclettes y appartiennent aux migrants indonésiens – des Cèlebes, de Madura, de Java – qui représentent de 40% à 50% des 3,6 millions d’habitants des deux provinces. Les migrants sont les propriétaires des magasins, des restaurants, des immeubles, ainsi que les membres de la police et de l’armée. Assis dans la boue, les autochtones papous vendent à la criée légumes et fruits.» La nomination d’un superflic aux méthodes brutales, habitué de la traque des terroristes et non des problèmes sociaux ou économiques, ne préfigure aucun changement dans les méthodes de Jakarta. Quatorze ans après la chute de Suharto, la Papouasie indonésienne continue d’être gérée comme l’était le Timor oriental du temps du dictateur.

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Expatriés Société Thaïlande Tourisme

Thaïlande : les taxis ne pourront plus refuser le client

Les taxis de Bangkok, jusqu’alors relativement libres sur le choix de leurs clients, sont, depuis le 1er septembre, passibles d’une amende s’ils disent non à une course.

Celui qui ne s’est jamais retrouvé coincé à Bangkok, aux heures de pointe, sous une pluie battante, attendant désespérément qu’un taxi daigne accepter de le conduire à un important rendez-vous, ne peut pas comprendre le sens de la nouvelle amende adoptée par la police de la capitale thaïlandaise. Jusqu’ici, les chauffeurs de taxis avaient l’art et la manière d’embarquer ou non le client lorsqu’ils se sentaient en position de force (pluie, heure tardive, destination isolée, état du trafic, voire réputation sur l’état du trafic de la destination).

Selon le Bangkok Post, depuis le 1er septembre, les mauvaises habitudes des taxis doivent changer avec l’instauration d’une pénalité pour les chauffeurs qui refuseront de prendre un passager. Les usagers mécontents n’auront plus à écrire pour se plaindre auprès du département des transports de la ville mais pourront se rendre directement au commissariat le plus proche, s’adresser à un policier sur place ou téléphoner au 1197 en indiquant le numéro d’immatriculation du véhicule ainsi que l’heure et l’endroit du litige. Si l’infraction est avérée, le taxi en question sera arrêté et soumis à une amende de 1000 bahts (25 euros) sur-le-champ.

Les taxis ne voient pas, on pouvait s’y attendre, cette mesure d’un bon œil. Président d’une association professionnelle, Udon Khanti, interrogé par le Nation, considère que l’amende est trop élevée et que les taxis devraient avoir le droit de refuser un passager, notamment si le chauffeur se sent menacé ou en possible danger. L’un de ses collègues, Weerapong Butkaew, explique quant à lui que lorsque le moment de ramener la voiture au garage approche, il ne peut accepter que des petites courses, afin d’éviter de payer une pénalité à la centrale des taxis.

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Histoire Viêtnam

Vietnam : contamination par la dioxine plus grave que prévu

Des analyses de sang effectuées à Danang se sont toutes révélées positives à la dioxine. L’aéroport local avait abrité un dépôt d’agent orange pendant la guerre.

Les tests de 62 individus choisis au hasard dans une zone qui jouxte l’aéroport, où se trouvait l’aire de stockage de l’agent orange, ont tous été positifs à la dioxine, qui est à la base du très puissant défoliant dont les avions américains ont, selon Hanoï, déversé 80 millions de litres sur la moitié sud du Vietnam de 1961 à 1971.

Aucun des individus testés entre 2006 et 2012 n’a participé à la guerre ou n’a vécu dans les zones où l’aviation américaine a déversé le défoliant. Leurs seuls points communs, selon le quotidien Thanh Nien : ils étaient âgés de plus de 18 ans lors des tests et résident depuis au moins cinq ans à proximité de l’aéroport où l’agent orange a été stocké. L’un d’entre eux, Vo Duoc, âgé de 58 ans, a déclaré que les 18 membres de sa famille élargie vivaient près de l’aéroport et que les résultats pourraient signifier «une catastrophe pour les enfants». Ces résultats ont déjà provoqué une vive inquiétude dans un secteur où résident des milliers de gens.

Le projet, dans lequel s’inscrivent les tests, est parrainé par la Fondation Ford et Hatfield Consultants, une société environnementaliste canadienne. 25 parmi les individus testés vont être envoyés dans un hôpital militaire de Hanoï pour y bénéficier, gratuitement, d’un traitement déjà testé sur des anciens combattants.

L’aéroport de Danang, dans le centre du Vietnam, est la première de trois anciennes aires de stockage de l’agent orange que les Américains ont commencé à décontaminer le 9 août dernier en collaboration avec l’armée vietnamienne. Les deux autres aires sont les anciens aéroports de Bien Hoa, près de Hochiminh-Ville, et de Phu Cat, dans la province de Vinh Binh (au sud de Danang).

De 2,1 millions à 4,8 millions de Vietnamiens ont été directement exposés à l’agent orange et à d’autres produits chimiques liés à des cancers, à des malformations à la naissance ou à des maladies chroniques, notamment respiratoires. Depuis la fin de la guerre, la dioxine représente un danger supplémentaire en raison de l’influence de la contamination de sols sur la chaîne de consommation alimentaire. Un organisme américano-vietnamien a estimé à 450 millions de dollars le montant nécessaire à l’élimination de la dioxine et à l’aide aux victimes.

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Birmanie Politique

Voie libre pour les quotidiens privés en Birmanie

Le nouveau ministre birman de l’information a annoncé que des quotidiens privés vont pouvoir être publiés à partir du début 2013.

Durant des décennies l’austère New Light of Myanmar a été la voix quotidienne, en anglais, de la propagande de la junte de Birmanie. Avec ses titres de Une dignes de la Pravda – comme « Le ministre de l’Industrie N°2 et les dignitaires de sa délégation ont visité l’usine textile de Mawlamyine-Ouest [Moulmein] » – et sa typographie début du XXe siècle, le journal et ses équivalents en birman ont donné le ton de la couverture médiatique des années de dictature. Si l’on en croit le nouveau ministre de l’Information, Aung Kyi, considéré comme un réformateur, des concurrents privés, en anglais et en birman, vont pouvoir faire leur apparition à partir du début de 2013, écrit le Myanmar Times. Si l’on se réfère à l’explosion du nombre des magazines et des hebdomadaires depuis le début de 2011, la presse quotidienne devrait donc passer à la vitesse supérieure dans les prochains mois.

Le départ du ministre précédent, Kyaw Hsan, lors du remaniement de la fin août, a clairement apaisé les tensions entre le gouvernement et les journalistes. Kyaw Hsan, un partisan de la ligne dure, avait ordonné fin juillet la suspension de deux hebdomadaires parce qu’ils n’avaient pas soumis certains articles à la censure préalable. Cette censure a été abolie fin août. La floraison des nouveaux titres quotidiens et périodiques sera à terme encadrée par une nouvelle loi sur la presse en train d’être étudiée par le Parlement. Aung Kyi, le ministre de l’information, souhaite consulter des journalistes et des experts pour affiner le projet de loi, lequel ne sera donc pas adopté dans l’immédiat.

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Birmanie Politique

Les bonzes de Birmanie défilent contre les Rohingyas

Plusieurs centaines de bonzes ont défilé à Mandalay pour manifester leur soutien à la politique du président Thein Sein envers les Rohingyas.

Les longues colonnes bien ordonnées de bonzes en robe rouge foncé rappellent la « révolution safran » de septembre 2007, lorsque les moines bouddhiques de Birmanie avaient courageusement manifesté contre le régime militaire, avant d’être durement réprimés. Mais, le 2 septembre, les moines ont manifesté pour demander l’exclusion de la communauté nationale des Rohingyas, les musulmans vivant dans l’Etat Rakhine, secoué depuis juin par des violences entre bouddhistes et musulmans qui ont fait officiellement 90 morts. Selon un des leaders du cortège, les manifestations devraient se poursuivre pendant plusieurs jours et visent à soutenir la politique du président Thein Sein. Celui-ci avait indiqué sur son site internet officiel en juillet que les Rohingyas devaient être déportés ou regroupés dans des camps en attendant qu’un pays tiers les accepte, mais qu’il était « impossible d’accepter les Rohingyas entrés illégalement dans le pays, car ils ne constituent pas une des ethnies du Myanmar (Birmanie) ».

Les Rohingyas sont privés de nombreux droits et ne peuvent pas accéder à la nationalité birmane, bien qu’ils aient souvent vécu dans l’Etat Rakhine depuis plusieurs générations. Lors de la manifestation de Mandalay, certaines pancartes dénonçaient l’envoyé spécial des Nations unies pour les droits de l’Homme Tomas Ojea Quintana, accusé d’avoir des « préjugés favorables envers les Rohingyas ». L’organisation des droits de l’Homme Human Rights Watch a accusé dans un récent rapport les militaires birmans d’avoir fait feu sur les Rohingyas durant les violences dans l’Etat Rakhine en juin. Sous les pressions, le gouvernement birman a ouvert une enquête en août sur les affrontements.

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Indonésie Politique

Indonésie : la résurgence du terrorisme

De graves incidents pourraient annoncer une relance du terrorisme alors que l’Indonésie s’apprête à commémorer le 10ème anniversaire de l’attentat de Bali.

Deux terroristes présumés ont été tués lors d’un raid du Détachement 88, l’unité anti-terroriste de la police indonésienne, le 31 août à Solo (Java central). Un policier a également été abattu par balles au cours de l’opération. La veille, un autre policier avait été tué devant un commissariat de Solo par des tireurs non identifiés. Ces incidents ont lieu alors que l’Indonésie organise à Bali une importante cérémonie, avec délégations étrangères, pour commémorer le double attentat le 12 octobre 2002 contre deux boîtes de nuit de Kuta, qui avait fait 202 victimes, dont 88 Australiens, et des centaines de blessés, dont certains sont demeurés invalides.

Cet attentat à Bali avait marqué le début d’une vague d’attaques terroristes et invité le gouvernement à créer le Détachement 88, unité d’élite formée avec l’aide de l’Australie et des Etats-Unis.  Le président Susilo Bambang Yudhoyono a affirmé que les terroristes présumés ont résisté le 31 août. «Nous sommes presque certains de faire face à un réseau terroriste ; même s’ils n’étaient pas nombreux lors du raid, nous sommes certains qu’ils n’opéraient pas seuls», a déclaré le chef de l’Etat (qui était ministre de l’intérieur en 2002 et a alors, à ce titre, été chargé de créer le Détachement 88).

La police n’a pas encore donné d’indications sur le groupe terroriste auquel pourraient appartenir les deux suspects tués le 31 août (un troisième aurait été arrêté). Toutefois, un rapport publié en juillet par l’ICG (International Crisis Group, basé à Bruxelles), a indiqué que Solo (alias Surakarta), située à proximité de Yogyakarta,  est le siège d’une cellule terroriste nommé Tim Hisbah, déjà responsable de plusieurs attaques. Dans un éditorial publié le 1er septembre, le Jakarta Globe accueille comme «un signe déprimant l’activité terroriste croissante à Java»  et souhaite que la police «intervienne rapidement» pour éviter tout nouvel attentat.

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Analyse Politique Thaïlande

Chronique de Thaïlande : les snipers à la barre

Bien qu’énervés, les militaires de Thaïlande se voient obligés d’expliquer leur rôle dans la répression sanglante des manifestations d’avril-mai 2010 à Bangkok.

L’image est peut-être symbolique d’une évolution au sein de la société thaïlandaise quant aux devoirs et responsabilités des forces armées. Le 29 août, deux militaires, qui avaient joué le rôle de tireurs d’élite lors de la répression contre les manifestations des Chemises rouges en avril-mai 2010, sont arrivés, avec l’air penaud de garnements pris en faute, dans les locaux du Département des enquêtes spéciales (DSI) pour apporter leur témoignage dans le cadre de l’enquête sur les 91 personnes tuées pendant cette période. Un clip vidéo où on pouvait voir les deux hommes utiliser un M-16 pourvu d’une lunette de visée durant les manifestations avait été diffusé à maintes reprises les jours précédents. Le couple de snipers avait même eu l’honneur de faire la couverture du Matichon hebdomadaire.

Les obstacles à une véritable responsabilité citoyenne de l’armée thaïlandaise restent toutefois importants. Les propos du chef de l’armée de terre, le général Prayuth Chan-Ocha, après la comparution des tireurs d’élite en témoignent. Le général s’est dit « ennuyé » de cet intérêt subit des médias et de la population pour les faits et gestes des hommes en uniforme. Il a ajouté, dans ce qui pourrait presque ressembler à une menace : « Si les soldats avaient voulu blesser les gens, ils auraient fait feu de la ligne de front et beaucoup seraient morts ». Autrement dit : « Estimez-vous chanceux ! ». Je ne peux m’empêcher de comparer cette tirade aux propos qu’avaient tenus un jeune officier alors que je faisais mes classes dans un régiment près de Paris, lors du service national. Celui-ci avait dit : « Si on vous donnait l’ordre de tirer sur une foule de manifestants désarmés, j’espère qu’en votre âme et conscience vous décideriez de refuser d’obéir ». La France a fait du chemin depuis qu’un jeune Corse désoeuvré du nom de Bonaparte s’est fait un nom en ordonnant aux cannoniers, le 5 octobre 1795, de faire feu sur des manifestants armés de quelques fusils et réfugiés dans l’église Saint Roch.

Les derniers signes que l’on peut voir en Thaïlande sont encourageants : l’armée est mise au pied du mur, poussée à faire face à ses responsabilités. Le public n’avale plus les sempiternelles excuses du « devoir accompli » et de « la protection de la sécurité nationale ». Sans que l’on connaisse les raisons véritables, le Département des enquêtes spéciales mène une campagne acharnée pour faire la lumière sur le rôle des militaires lors des manifestations d’avril-mai 2010. Après les massacres d’octobre 1973, d’octobre 1976 et de mai 1992, les chefs militaires s’en étaient sortis à bon compte et avaient pu passer une retraite paisible en continuant d’occuper des sièges dans les Conseils d’administration de nombreuses grandes entreprises. Jamais une procédure judicaire n’avait été engagée à leur encontre. Cette fois-ci, la ténacité de quelques parents des victimes, comme Phayao Akkahad, la mère d’une aide-soignante tuée le 19 mai 2010, un contexte politique favorable et l’érosion lente de la peur entretenue par les militaires ont débouché sur des progrès notables. Les chefs de l’armée sont désormais obligés de se justifier, de se battre pied à pied pour préserver leur Etat dans l’Etat (contrôle des médias, impunité juridique) sans se rendre compte que celui-ci a déjà commencé à tomber en pièces. Le mythe selon lequel la sécurité nationale et la démocratie – donc la soumission de l’appareil militaire au pouvoir civil – sont incompatibles ne fonctionne plus.

Il faudra encore, toutefois, beaucoup d’efforts pour changer la mentalité des militaires – une mentalité inculquée dans les écoles militaires préparatoires où l’on imprime dans les esprits des jeunes cadets l’idée selon laquelle ils sont les « élus de la Nation » et qu’ils constituent le recours ultime pour « protéger la monarchie ». Pour l’anecdote, les deux snipers ont expliqué, durant leur témoignage au bureau du DSI, qu’ils n’avaient tué personne, car ils s’étaient limités à tirer des balles en caoutchouc.