Catégories
Indonésie Politique Société

Indonésie: les corrompus montrés du doigt sur le Net

C’est fait. Korupedia, site indonésien, fait la chasse aux corrompus sur la Toile. Et c’est efficace : le site a déjà enregistré plus d’un million de visites.

Ce site, nouveau venu en Indonésie, est une idée de la branche locale de Transparency International, avec l’appui de politiciens et de journalistes. Lancé voilà une semaine, Korupedia a déjà publié une première liste de 105 individus condamnés pour corruption, selon le Strait Times de Singapour. Dans l’ordre alphabétique. Et la formule a fait tilt : plus d’un million de visites déjà enregistrées.

Après la chute de Suharto en 1998, tous les gouvernements indonésiens ont promis de lutter contre la corruption. Réélu en 2009 avec 60% des suffrages exprimés, le président Susilo Bambang Yudhoyono en avait fait son principal thème campagne. Mais rien n’a suivi et, faute d’un soutien présidentiel, Sri Mulyani Indrawati, la ministre des Finances, a dû renoncer à se battre et s’est recasée à la Banque mondiale, où elle occupe un poste de direction.  L’Indonésie, qui est membre du G-20, occupait en 2011 la centième place sur l’Index de la perception de la corruption (sur 183 pays).

Teten Masduki, le patron indonésien de Transparency International, qui a lancé Korupedia, estime que le site devrait correspondre à «une forme de sanction sociale» à défaut de sanctions légales. «Les gens en ont assez de voir des cas de corruption continuer de faire surface et sont frustrés par leur impuissance à y mettre un bémol», dit-il, en ajoutant : «Nous  avions donc besoin d’une nouvelle approche pour que les gens participent à la lutte ensemble». La liste des corrompus se rallonge chaque jour et des hommes d’affaires la consultent pour savoir un peu mieux où ils mettent les pieds dans leurs relations avec des officiels. En effet, certains condamnés font de courts séjours en prison et se font même réélire à la sortie.

Catégories
Analyse Société Thaïlande

Chronique siamoise : un bouddhisme en petite forme

Des bonzes occidentaux apportent une nouvelle jeunesse à un bouddhisme thaïlandais en voie d’essoufflement.

Dans ce monastère établi sur 50 hectares de forêt dans la province d’Ubon Ratchathani, dans le nord-est de la Thaïlande, les règles sont strictes : pas d’appareils photos, pas de téléphones portables, pas d’animaux domestiques en liberté. Les femmes doivent être habillées en blanc et se tenir à «deux bras de distance» des bonzes quand elles leur parlent. Toute une partie du monastère est interdite d’accès à ceux qui n’ont pas été ordonnés bonzes, y compris aux novices, c’est-à-dire ceux qui sont en phase d’apprentissage avant d’endosser le froc.

Autour du bot, la chapelle du monastère, des femmes et des hommes vêtus de blanc, méditent les yeux fermés, assis en tailleur. D’autres s’exercent à la «méditation en marchant» allant et venant lentement le long du sala, la salle où se tiennent les cérémonies. Dans la forêt où les kutis (cabanes) des bonzes sont disséminés, des moines marchent en long et en large, eux aussi méditant.

L’un d’eux astique une magnifique statue de Bouddha marchant en bronze. L’endroit respire la discipline et la sérénité. Tout est empreint de silence. On n’entend guère que le crissement des ailes des insectes, des hululements de chouette ou parfois des écureuils qui crapahutent de branche en branche. Un monastère bouddhique selon la tradition, tel qu’on l’imagine.

C’est le Temple international de la forêt (en thaï : Wat Pah Nanachat), établi en 1974 par un bonze de la tradition de la forêt, Ajahn Cha, et un de ses disciples d’origine américaine, Ajahn Sumedho. N’y résident que des bonzes occidentaux qui ont suivi dix-huit mois d’apprentissage avant de pouvoir être ordonnés, et, quelquefois, un bonze sri-lankais ou laotien de passage.

Cet endroit peut être comparé à de nombreuses pagodes de Bangkok ou de province. Des pagodes transformées en parking, où des vendeurs de brochettes côtoient des pick-up pétaradants, où les marchands du temple ont élu domicile, et qui vantent leurs mérites – un abbé aux capacités de guérison hors du commun, un temple qui fabrique des poignards ensorcelés, un autre dont les amulettes sont parées d’innombrables vertus… – sur des panneaux publicitaires criards plantés le long des routes.

Des pagodes envahies par la confusion bruyante du monde extérieur, rongées par le commercialisme. Bien sûr, il existe des temples thaïlandais où la discipline reste stricte et qui essaient de préserver une certaine pureté, mais force est de constater qu’ils sont bien rares. Comment expliquer que ce sont des Occidentaux qui parviennent le mieux à perpétuer l’idéal originel du Bouddha, à cheminer sans trop s’écarter de l’étroite voie du juste milieu ?

Peut-être, parce que justement, leur engagement dans cette religion d’apparence exotique est un choix, une décision mûrie de s’arracher à leur environnement culturel pour s’immerger dans une autre tradition. Les hommes thaïs, eux, deviennent presque tous bonzes au seuil de leur vie adulte, pour quelques jours, quelques semaines ou quelques mois. Rien de spécial à cela. C’est souvent seulement un rite de passage. Très peu resteront durablement dans les ordres.

Les statistiques l’attestent : entre 2000 et 2010, le nombre d’hommes thaïlandais qui sont devenus bonzes a chuté de 70 %. La contamination de la vie religieuse par la cacophonie profane a érodé le prestige et l’attrait de la pagode bouddhique. La liste des moines thaïs de grand renom est longue – Phra Buddhadasa, Phra Payutto, Ajahn Man, Ajahn Cha, Ajahn Panya…-, mais presque tous sont nés avant la seconde guerre mondiale. Ce qui constitue les fondements de la moralité des Thaïs de confession bouddhiste (95 % de la population) s’évapore lentement devant les assauts des nouvelles formes de consumérisme, du matérialisme à tout va, de la quête du prestige et de la richesse. L’essentiel de l’activité des bonzes est orienté vers une sorte d’échange social : cérémonies de bénédiction contre offrandes, parrainage religieux contre soutien financier. On entend parfois des bonzes lors de cérémonies annoncer par haut-parleur les sommes offertes et le nom des donateurs, comme s’il s’agissait d’une vente aux enchères.

Il ne serait pas si ironique que cela que le cœur de l’enseignement du bouddhisme theravada soit entretenu dans des monastères occupés par des moines étrangers. Après tout, le bouddhisme a presque totalement disparu de son pays d’origine, l’Inde, et n’a dû sa survie qu’à son développement dans des pays où il s’est implanté ultérieurement : Tibet, Chine, Japon, Corée, pays d’Asie du Sud-Est. Et les forces nouvelles du catholicisme se situent bien plus dans les pays en voie de développement d’Afrique, d’Asie et d’Amérique du Sud que parmi les vieilles nations où il a fleuri des siècles durant.

Catégories
Politique Viêtnam

Vietnam : nouvelle polémique maritime avec la Chine

Le vote le 21 juin, par l’Assemblée nationale vietnamienne, d’une loi de la Mer fait l’objet d’une nouvelle polémique avec Pékin, qui réclame son abrogation.

L’enjeu, une fois de plus, est la souveraineté sur les archipels de la Mer de Chine du Sud, que le Vietnam appelle la Mer de l’Est. La nouvelle ‘Loi vietnamienne de la mer’, a déclaré Luong Thanh Nghi, porte-parole du ministère vietnamien des Affaires étrangères, a pour objet «d’employer, d’administrer et de protéger les zones maritimes et insulaires, de développer une économie maritime». Elle couvre les eaux revendiquées depuis le début par le Vietnam, donc les archipels des Paracels et des Spratleys qui, selon Pékin, sont sous souveraineté chinoise.

La Chine a demandé à l’Assemblée nationale vietnamienne de «rectifier immédiatement cet acte erroné», estimant qu’il s’agissait d’une «violation grave de la souveraineté territoriale de la Chine». En fait, le vote des députés vietnamiens est un geste de protestation contre l’annonce par Pékin de la création de la «ville de San Sha», laquelle engloberait les deux archipels. Dans une nouvelle phase de tension en Mer de Chine du Sud, cette décision a été accueillie comme une provocation à Hanoi. Les îles Paracels sont occupées  militairement par la Chine depuis 1974 tandis que plusieurs Etats sont présents dans l’archipel des Spratleys, dont le Vietnam, la Chine, la Malaisie et les Philippines.

Le Vietnam, a précisé Luong Thanh Nghi, n’a pas à tenir compte des «reproches déraisonnables» de Pékin et «proteste vigoureusement contre la création par la Chine de cette prétendue ‘ville de San sha’». Il a ajouté que la mention, par la nouvelle loi vietnamienne, des deux archipels «n’est que la continuité de tout un précédent de législation et de réglementation, sans affecter aucunement le processus de recherche d’une solution effective et définitive des différends en Mer de l’Est».

Catégories
Histoire Politique Société Viêtnam

Renaissance du scoutisme au Vietnam

Une centaine de membres du scoutisme vietnamien ont soumis une demande officielle de reconnaissance du mouvement, à ce jour ni reconnu ni interdit.

Adressée à l’Assemblée nationale, au gouvernement et au PC du Vietnam, cette requête fait valoir que «la pratique scoute» devrait être reconnue «en tant qu’authentique méthode d’éducation de la jeunesse», annonce le 20 juin Eglises d’Asie, site des Missions étrangères de Paris. La veille, Dang Van Viet, qui dirige le scoutisme vietnamien, a déclaré à Radio Free Asia qu’«aucun texte officiel n’a signifié l’interdiction ou la dissolution du mouvement scout» et que «l’esprit de monopole qui a sévi ces dernières décennies (..) a fait son temps».

Apparu dans les années 1930 au Vietnam, le scoutisme s’est d’abord développé à Hanoi et à Saigon. Un premier rassemblement a eu lieu à Dalat en 1935. Une Fédération indochinoise des associations du scoutisme a été créée en 1937. Le scoutisme a connu son apogée pendant la Seconde guerre mondiale, sous le gouvernorat vichyste de l’amiral Decoux, ce qui n’a pas empêché des membres du mouvement de rejoindre le Vietminh en 1945. Par la suite, les activités des scouts ont beaucoup souffert des guerres.

Aujourd’hui, le scoutisme est inexistant dans le nord du pays et dans une bonne partie du centre. Il a poursuivi quelques activités dans le sud après 1975, mais de façon sporadique. Sa renaissance est liée en grande partie au renforcement de la communauté catholique, qui représente environ 6% d’une population proche de 90 millions d’habitants.

Catégories
Histoire Politique Thaïlande

Thaïlande : le coup d’Etat de 1932 sous les feux de l’actualité

Le contexte politique thaïlandais donne au 80ème anniversaire du renversement de la monarchie absolue le 24 juin 1932 un relief exceptionnel.

Habituellement, l’anniversaire du coup d’Etat des Promoteurs, ces jeunes civils et militaires qui ont mis à bas, sans violences, la monarchie absolue dans la matinée du 24 juin 1932, est à peine commémoré, comme s’il s’agissait d’un reliquat d’une maladie honteuse. Cette année, les choses sont différentes, en grande partie à cause des fortes tensions politiques entre partisans de l’establishment traditionnel et tenants d’une réforme sociale et politique. Les Chemises rouges, qui appartiennent au second groupe, organisent le 24 juin un rassemblement autour du monument de la Démocratie, lequel a été construit en 1939 pour symboliser la souveraineté de la Constitution. Le 15 juin, des étudiants déguisés en uniformes des années trente se sont rassemblés face au quartier général des forces armées, sur l’avenue Rajdamoen Nok à Bangkok, pour exprimer leur opposition aux coups d’Etat. Le 24 juin, un colloque se tient toute la journée à l’université Thammasat sur la thématique du 80ème anniversaire du renversement de la monarchie absolue.

Selon l’historien Suthachai Yimprasert, cité par le Nation, le regain d’intérêt pour la signification du 24 juin, dont les acteurs clés ont été Pridi Banomyong, Plaek Phibunsongkhram et Phraya Phahon Pholpayuhasena (tous futurs premiers ministres), a été provoqué par le coup d’Etat du 19 septembre 2006, lequel a renversé le gouvernement de Thaksin Shinawatra. «Après le coup, les gens ont estimé que la Démocratie était en état de siège. Ils ont recherché la signification et l’origine de la Démocratie en Thaïlande», dit-il. Durant les manifestations des Chemises rouges en 2009 et 2010, la figure de Pridi Banomyong, le principal civil du groupe de Promoteurs, est très peu apparue ; c’est plutôt le roi Taksin (renversé en 1782 par le général putschiste Chakri qui deviendra ensuite le roi Rama I et instaurera la dynastie actuelle) qui a été à l’honneur. Certains analystes mettent en garde contre une monopolisation du 24 juin 1932 par les Chemises rouges. «Les autres groupes doivent aussi avoir le droit d’invoquer le 24 juin», estime le politologue Trakoon Mechai.

Catégories
Asie Politique Viêtnam

Terres rares: un centre de recherches Vietnam-Japon

L’ouverture d’un Centre de recherches et de transfert de technologie souligne le renforcement de la collaboration avec Tokyo dans le domaine des «terres rares».

Le Vietnam a pris en charge la construction du Centre, inauguré à Hanoi le 16 juin, et le Japon son équipement. Les recherches porteront, selon le quotidien Thanh Nien, sur le processus d’utilisation des «terres rares» dans l’industrie de haute technologie. «Le Centre contribuera à la mise en place d’une industrie des terres rares à la fois durable, efficace sur le plan économique, protégeant l’environnement et génératrice de revenus pour les communes qui disposent de minerais», a déclaré Trân Viêt Thanh, vice-ministre vietnamien de la Science et de la Technologie.

Fin octobre 2011, le premier ministre vietnamien Nguyên Tan Dung et son homologue japonais Yoshihiko Noda avaient passé un accord sur l’extraction et l’exploitation de terres rares dont le Vietnam détient les cinquièmes réserves mondiales. Cette coopération s’est précisée avec un protocole d’accord, signé le 17 mai 2012, sur l’exploitation conjointe de la mine vietnamienne de Dong Pao, dans le nord de la province de Lai Châu, près de la frontière chinoise, où se trouveraient plus de cinq millions de tonnes d’oxyde de terres rares. Il s’agirait de traiter dix mille tonnes de minerai par an.

La Chine, qui détient encore un quasi-monopole de la production de terres rares, a limité, au moins momentanément, ses exportations à la suite d’un incident naval avec le Japon. Ce dernier a donc entrepris de diversifier ses sources de terres rares, métaux indispensables en haute technologie (des missiles aux téléphones portables). La multiplication des accords avec Hanoi dans ce domaine répond à cette préoccupation.

Catégories
Analyse Asie Cambodge Histoire Politique

La Chine et le Cambodge dans une phase de complicité

Pékin a soutenu tous les régimes cambodgiens depuis 1953. S’il a fallu du temps avec Hun Sen, les relations sont au beau fixe depuis plus de douze ans.

Trois voies de pénétration vers le Sud ont été traditionnellement empruntées par la Chine : le Pakistan, pour contourner l’Inde ; la Birmanie, à la fois pour la même raison et pour atteindre l’Asie du sud-est péninsulaire et insulaire ; le Cambodge, enfin, pour contourner le «frère ennemi», le Vietnam.

Norodom Sihanouk, au pouvoir de l’indépendance en 1953 jusqu’à son éviction en 1970 par une cabale encouragée par Washington, a toujours été soutenu par la Chine. En résidence surveillée quand les Khmers rouges étaient au pouvoir (1975-1979), il a sans doute été sauvé, à l’époque, par les Chinois. Il dispose, encore aujourd’hui, d’un palais à Pékin où il passe une bonne partie de son temps.

Sous les Khmers rouges, quelque trois mille conseillers chinois étaient stationnés au Cambodge (où ils ont dirigé, notamment, la construction de la longue piste aérienne de Kampong Chhnang). Ils ont été rapatriés, à la sauvette, quand l’armée vietnamienne a occupé le pays fin 1978-début 1979 (un avion chinois a été, en particulier, chargé de récupérer Sihanouk).

La Chine a soutenu Sihanouk et les Khmers rouges contre le régime mis en place à Phnom Penh sous tutelle vietnamienne, dont Hun Sen devient le premier ministre en 1985. Il faut attendre la «normalisation» des relations entre Hanoi et Pékin et l’accord de paix de Paris (1991) pour que la Chine commence à gommer son hostilité à l’égard de Hun Sen (une unité d’ingénieurs chinois participe à l’intervention de l’ONU de 1991 à 1993).

Alors que Sihanouk, remonté sur son trône en 1993, vit entre Pékin et Phnom Penh, la détente entre la Chine et Hun Sen n’interviendra réellement qu’en février 1999, lors d’une visite du premier ministre cambodgien à Pékin. Les bases d’une coopération sont jetées dans tous les domaines, y compris diplomatique. Au fil des années, l’aide chinoise passe au premier rang, les investissements également. L’absence d’animosité des Cambodgiens à l’égard des Chinois facilite l’opération, – contrairement à leur attitude vis-à-vis de leurs voisins thaïlandais ou vietnamiens.

En décembre 2009, une vingtaine de Uyghours, qui avaient réussi à se réfugier au Cambodge au lendemain des émeutes de juillet à Urumqi (capitale du Xinjiang), sont renvoyés en Chine où deux d’entre eux, au moins, seront plus tard condamnés à la prison à perpétuité. Deux jours après leur expulsion, le vice-président Xi Jinping, étoile montante du PC chinois, se rend à Phnom Penh pour y signer quatorze accords commerciaux d’un montant supérieur à 600 millions d’€. En avril 2012, à la veille du vingtième sommet de l’Asean sous présidence cambodgienne, le chef de l’Etat chinois Hu Jintao effectue une visite surprise dans la capitale du Cambodge. Le sommet n’aborde pas, ainsi que le réclame la Chine, la question des contentieux en mer de Chine du Sud.

L’arrestation de Patrick Devillers, qui aurait été réclamée par Pékin, est une affaire qui va se traiter à trois puisque Paris ne peut accepter un processus pour le moins obscur sur le plan légal. Le risque, pour Pékin, est également la réaction d’alliés plus faibles mais qui ne peuvent donner l’impression de se faire bousculer trop ouvertement par Pékin. A plus long terme, la Chine doit tirer les leçons de la façon dont la Birmanie a mis un terme, sans autre façon, à la construction par les Chinois d’un énorme barrage sur l’Irrawaddy pour alimenter le Yunnan en électricité.

Jean-Claude Pomonti

Catégories
Société Viêtnam

Trafic routier: amendes et corruption

Augmenter les amendes pour violation du code de la route peut renforcer la corruption. Un dilemme débattu à l’Assemblée nationale du Vietnam.

Face à la congestion croissante de la circulation et à la multiplication des accidents de la route au Vietnam, le vice-ministre des Transports Lê Manh Hung a demandé aux députés l’autorisation d’augmenter le prix des amendes payables sur le champ jusqu’à deux millions de dôngs (70€), soit dix fois l’amende maximale en cours. De son côté, un haut fonctionnaire du ministère de la Sécurité, Do Dinh Nghi, a suggéré qu’en cas d’activités menaçant le bien-être public, comme les courses illégales, les véhicules devraient être confisqués. «Si cette proposition n’est pas approuvée, il sera très difficile pour nous de gérer les violations», a-t-il ajouté, selon le quotidien Tuoi Tre.

Mais les élus ne sont pas convaincus, rapporte un autre quotidien, Thanh Nien. Dang Dinh Luyên, vice-président de la Commission des lois, estime que le gouvernement doit prendre en considération le fait que, si les amendes sont trop élevées, beaucoup de fauteurs ne pourront pas y faire face. Ou le fait que la police devra assurer la garde du véhicule pendant que le contrevenant réunit les deux millions de dôngs.

Nguyên Ba Thuyên, député de la province de Lam Dông, a fait valoir que plus l’amende sera élevée, plus les auteurs d’infraction et les policiers seront tentés de recourir à des «dessous de table». D’un autre côté, plutôt que de renforcer les effectifs de la police, mieux vaudrait recourir à des moyens techniques comme les radars et caméras. «Je pense qu’ajouter des gens ne fera que renforcer le risque de corruption», a-t-il affirmé. 70.000 contraventions ont été rapportées en 2011. Ce chiffre est 2,3 plus élevé qu’en 2010 mais demeure insignifiant dans un pays où les accidents de la route font, chaque année, des milliers de victimes. La plupart des infractions se règlent donc à l’amiable et ne sont pas rapportées. Le dilemme est loin d’être résolu.