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Politique Thaïlande

Thaïlande : prison avec sursis pour la directrice de Prachatai

Chiranuch Premchaiporn, directrice du site indépendant d’informations thaïlandais Prachatai, a été condamnée le 30 mai à une peine de prison de huit mois avec sursis dans le cadre d’une procédure de lèse-majesté.

Pour la justice thaïlandaise, c’est une façon de couper la poire en deux. Chiranuch était passible de 50 ans de prison, selon la loi contre les crimes informatiques, parce qu’elle n’avait pas effacé suffisamment vite dix commentaires critiques envers la monarchie écrits par des utilisateurs sur le forum de discussion du site. Celle-ci avait plaidé non coupable, adoptant une stratégie inverse de la plupart des personnes accusées de crime de lèse-majesté. Généralement, la plaidoirie de non-culpabilité entraine une condamnation sévère des juges. Mais le procès de Chiranuch, qui a reçu le prix Human Rights Watch 2011 pour les journalistes menacés, est suivi de près par la communauté internationale, car il est devenu emblématique des menaces pesant sur la liberté d’expression en Thaïlande. Tenant peut être compte de ce contexte, le juge a imposé une peine d’un an de prison avec sursis, réduite ensuite à huit mois du fait la «bonne coopération» dont a fait preuve l’accusée. Elle doit aussi payer une amende de 20.000 bahts (500 euros).

Réagissant au verdict, l’organisation de protection des droits de l’Homme Human Rights Watch a considéré que cette condamnation «ajoutait au climat de peur et d’autocensure au sein des médias thaïlandais». «De plus en plus de modérateurs de sites et de fournisseurs d’accès internet vont censurer les discussions sur la monarchie par peur qu’ils puissent, eux aussi, être poursuivis pour des commentaires écrits par d’autres», estime l’organisation dans un communiqué. Chiranuch n’a pas indiqué si elle avait l’intention d’interjeter appel. Une autre procédure, basée sur l’article 112 du code pénal réprimant les crimes de lèse-majesté et concernant les mêmes dix commentaires controversés, est toujours en cours contre elle.

 

 

 

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Birmanie Politique

Aung San Suu Kyi rend visite aux ouvriers birmans en Thaïlande

La figure charismatique de l’opposition birmane a réservé sa première visite à l’étranger depuis 24 ans à ses concitoyens immigrés en Thaïlande.

Ils étaient des milliers à l’attendre depuis tôt dans la matinée : des femmes aux joues poudrées de tanaka brandissant des portraits de la Dame de Rangoon et de son père, le héros de l’indépendance birmane Aung San, des hommes en sarong une rose à la main, tous hurlant «Daw Suu» (Madame Suu) et chantant. Compressés dans une ruelle de Mahachai, une ville au bord du golfe de Thaïlande où sont implantées de nombreuses usines qui emploient des dizaines de milliers de Birmans, ils voulaient tous apercevoir leur héroïne, celle dont ils entendent parler depuis un quart de siècle mais qu’ils n’ont jamais vue. «Tout le monde l’aime ici. Elle est un peu comme notre mère. Nous sommes très contents qu’elle ait pu sortir du pays», indique, frémissante d’émotion, Zarchi Htike, une interprète qui travaille dans une usine de la ville.

Quand le cortège transportant Aung San Suu Kyi arrive, l’ambiance devient chaotique. Des cameramen tombent de leur perchoir, poussés par la pression de la foule. Les policiers thaïlandais sont débordés. Aung San Suu Kyi, vêtue d’un chemisier à fleurs et d’un foulard blanc apparaît au balcon de l’immeuble d’un compartiment chinois. «Je vois tellement de Birmans que j’ai l’impression d’être en Birmanie», dit-elle dans un micro. Quelques-uns dans la foule ne peuvent retenir leurs larmes. Pour ces ouvriers birmans, souvent considérés comme des citoyens de seconde classe en Thaïlande, la décision d’Aung San Suu Kyi de leur rendre visite en priorité leur procure joie et fierté.

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Indonésie

Entre Batam et Bintan, un nouveau port indonésien

L’Indonésie va entreprendre, en 2013, la construction d’un nouveau port de transbordement. Juste en face de Singapour, le grand concurrent.

L’opération prendra du temps mais, s’appuyant sur une solide expansion économique, l’Indonésie compte aménager à Tanjung Sauh, face à Singapour et entre les îles de Batam et de Bintam, un port en eau profonde affecté au transbordement, afin de faire face aux besoins croissants du vaste archipel.

Les autorités indonésiennes estiment, de leur côté, selon le Straits Times de Singapour, que le port et ses deux km de quais prévus (capables d’accueillir quatre millions de conteneurs) offriront plutôt un «complément», en 2015, aux services offerts par Singapour. Le financement initial devrait s’élever à un demi-milliard d’€. Tanjung Sauh s’inscrirait dans la création d’un «corridor maritime» impliquant les ports de Medan (Sumatra), Jakarta, Surabaya (Java), Makassar (Sulawesi) et Sorong.

A Batam, dont l’économie est «moribonde», les autorités espèrent que le projet entrainera un sursaut, notamment en s’appuyant sur le port déjà en place de Batu Ampar. Le triplement prévu de la capacité de Tanjung Priok, le port de Jakarta, moyennant un investissement de près de deux milliards d’€, devrait jouer dans le même sens. Une société française, CMA-CGM, avait enlevé un contrat en 2005 pour construire à Batu Ampar un terminal pour petits conteneurs, mais le projet ne s’était pas réalisé.

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Birmanie Politique Thaïlande

Faux pas: le président birman renonce à une visite à Bangkok

Le président Thein Sein a reporté un voyage officiel en Thaïlande et annulé sa participation à un forum à Bangkok à cause de la présence simultanée d’Aung San Suu Kyi.

Il n’est pas facile de comprendre ce qui est passé par la tête des organisateurs du Forum économique mondial sur l’Asie (WEF), qui se tient à Bangkok du 30 mai au 1er juin, lorsqu’ils ont invité en même temps le chef d’Etat birman Thein Sein et la principale dirigeante de l’opposition Aung San Suu Kyi. L’aura de méga-star mondiale de la «Dame de Rangoon», dont la vie est l’objet d’un récent film de Luc Besson, ne pouvait qu’humilier le président birman, dépourvu de légitimité électorale et plutôt moins «sexy» que l’opposante. Inévitablement, un choc s’est produit : Thein Sein a annulé sa participation au Forum et même reporté de quelques jours son voyage officiel en Thaïlande. Celui-ci aura lieu les 4 et 5 juin.

Une certaine confusion règne sur l’ordre du jour de la visite d’Aung San Suu Kyi elle-même. Ce n’est que le 28 mai au soir que la presse a été informée de sa visite le 30 au matin dans un centre de travailleurs migrants birmans à Mahachai, au bord du golfe de Thaïlande, alors qu’on évoquait, quelques heures auparavant, une visite dans un camp de réfugiés karens de la province de Mae Sot. Le voyage d’Aung San Suu Kyi en Thaïlande revêt une importance symbolique considérable car il s’agit de la première fois qu’elle quitte le territoire birman depuis qu’elle était rentrée au chevet de sa mère malade en avril 1988. Dès le mois d’août de cette année, elle avait pris la tête des manifestations contre le régime militaire.

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Asie Expatriés Politique

Paul Jean-Ortiz, un Asiate nommé sherpa à l’Elysée

François Hollande a nommé son conseiller diplomatique : Paul Jean-Ortiz, qui a effectué une partie de sa carrière en Asie. Il a également été en poste à Madrid.

Le successeur de Jean-David Levitte aux fonctions de sherpa à l’Elysée est une figure familière en Asie de l’Est. Début mars, en tant que directeur d’Asie et d’Océanie (2009-2012) au Quai d’Orsay, il s’était encore rendu à Bangkok pour y présider une réunion des ambassadeurs français en Asie de l’Est. Paul Jean-Ortiz a été également premier conseiller à Hanoi (1995-1997). En outre, licencié ès lettres en chinois et sinologue distingué, il a été à trois reprises en poste en Chine : troisième secrétaire à Pékin (1987-1988), consul général à Canton (1993-1995), ministre-conseiller à Pékin (2000-2005).

Mais il est également un bon connaisseur des affaires européennes. Il a été ministre-conseiller à Madrid (2005-2009) et membre de deux cabinets ministériels, ceux d’Edwige Avice (coopération, 1991-1992) et d’Hubert Védrine (affaires étrangères, 1997-2000). Il est revenu aux affaires asiatiques en 2009, en occupant la direction d’Asie et d’Océanie au Quai d’Orsay.

Le sherpa, qui dirige la cellule diplomatique de l’Elysée, est traditionnellement un diplomate chargé de conseiller le chef de l’Etat dans le domaine réservé de la politique étrangère. Paul Jean-Ortiz est âgé de 55 ans et, pour le moment, il a pour mission d’assurer la transition jusqu’à la venue du gouvernement qui sera formé après les élections législatives.

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Indonésie Politique

L’Indonésie sans Lady Gaga

Le concert de la star américaine, le 3 juin à Jakarta, n’aura pas lieu. La raison invoquée : la sécurité. L’image de l’Indonésie n’en sort pas grandie.

Pendant que Lady Gaga se produisait à Singapour, son projet de concert à Jakarta, le 3 juin, est tombé à l’eau, avec promesse de rembourser les 52.000 billets vendus aux «petits monstres» indonésiens. La vedette s’est dite «dévastée» et a admis que les problèmes de sécurité ont mis fin au projet après des semaines de controverse parsemées de rebondissements et de maladresses.

Des groupuscules de miliciens islamistes se réjouissent. La chanteuse accusée de pratiquer «le culte de satan»  et censée être porteuse de valeurs occidentales rejetées ne mettra pas les pieds en Indonésie. Des miliciens avaient même envisagé de lui barrer la route à la sortie de l’aéroport ou de s’introduire dans les rangs du jeune public pour y semer le désordre au cas où la représentation aurait lieu.

Une fois de plus, le gouvernement indonésien n’est pas monté en première ligne. Les milices islamistes ont pris l’habitude de prendre la loi entre leurs mains et de jouer les polices religieuses. La police nationale laisse faire. Le gouvernement préfère, en général, regarder ailleurs. Le message n’est pas clair et la manœuvre consiste à renvoyer la balle dans le camp adverse. Alors qu’aucune décision n’avait été encore prise, Lady Gaga et son équipe ont obtenu leurs visas indonésiens et les billets, pour le concert, ont été mis en vente.  Puis, l’évidence a été annoncée : la police a refusé de s’engager à assurer la sécurité du concert. L’équipe de Lady Gaga a alors pris la décision pour tout le monde : elle a renoncé.

Mais l’Indonésie n’en sort pas grandie. Le Jakarta Post estime, dans un éditorial le 28 mai, que la décision «correcte» a été prise. C’est possible, à ce détail près qu’aucune décision n’a été prise par les autorités indonésiennes. Et c’est cette pusillanimité à répétition qui offre une médiocre image d’un pays que l’on présente comme l’une des grandes démocraties de la planète. Que gagne la liberté quand un gouvernement élu refuse systématiquement de prendre ses responsabilités ?

Jean-Claude Pomonti

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Culture Thaïlande

Thaïlande : un roi en Suisse, une plongée dans la jeunesse de Bhumibol

Un ouvrage précis décrit l’enfance et l’adolescence helvétiques du roi de Thaïlande et enrichit la connaissance de ce sujet peu traité.

Parmi le très grand nombre d’ouvrages publiés en Thaïlande sur la vie du roi Bhumibol Adulyadej, l’énorme majorité souffre d’un style hagiographique qui empêche de percevoir l’homme derrière le souverain. D’autres livres, parus à l’étranger, adoptent une approche critique, laquelle incommode certains Thaïlandais par leur désacralisation du monarque. Le livre d’Olivier Grivat, écrivain et ancien rédacteur en chef adjoint de «24 heures», se maintient sur un juste milieu entre ces deux rives : respectueux d’un homme dont l’aura et le dévouement pour son pays sont évidents, l’ouvrage n’hésite toutefois pas à montrer que le roi Bhumibol, IXe souverain de la dynastie Chakri, a été, dans sa jeunesse, un «petit écolier suisse», puis un adolescent avec ses passions et ses failles.

Pour remonter le cours de cette jeunesse helvétique, Olivier Grivat s’est plongé dans les archives, non seulement celles de la presse suisse, qui a largement publié sur la famille royale siamoise entre 1933 et 1951, mais aussi dans les documents de la sûreté du canton de Vaud. Il en résulte un livre précis, souvent empreint d’un humour salutaire et qui remplit son objectif : mettre à jour une foule de faits inconnus sur la jeunesse d’un des grands monarques du XXe siècle. Le roi Bhumibol est une personnalité tout à fait à part dans l’histoire thaïlandaise, ce qui est dû en grande partie à son éducation : esthète, original, curieux de tout, il reflète à la fois la tradition siamoise que lui a inculquée sa mère, la princesse Mahidol, une orpheline roturière élevée dans l’enceinte du Palais royal, et une culture d’ouverture d’esprit apprise sur les bancs de l’Ecole nouvelle de la Suisse romande, puis de l’Université de Lausanne. Six décennies après avoir quitté la Suisse, cette empreinte helvétique reste forte. A ses visiteurs venus de la Confédération, le roi s’enquiert de savoir «comment vont les vins vaudois ?» ou aime à évoquer ses anciens professeurs.

Un roi en Suisse, par Olivier Grivat, Editions Favre, Lausanne, 2011.

Le livre est disponible en Thaïlande à la Librairie Carnets d’Asie.

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Viêtnam

Au Vietnam, le km de route est l’un des plus chers au monde

La construction routière revient nettement plus cher au Vietnam que chez ses voisins. La raison : la corruption.

Construire une autoroute au Vietnam coûte 1,5 ou 2 fois plus cher qu’en Malaisie, en Indonésie ou en Thaïlande, rapporte le site VietnamNet. Cela revient même plus cher qu’aux Etats-Unis. «Le résultat : le Vietnam éprouve du mal à attirer des investisseurs dans les projets routiers ; les investisseurs doivent attendre longtemps pour recouvrer leur investissement ; ces coûts élevés sont un lourd fardeau pour l’Etat», ajoute-t-il. Le ministère des transports n’a jamais fourni de statistiques concernant les dépenses engagées.

VietnamNet cite le cas de l’axe routier Lang-Hoa Lac au cœur de l’aménagement du Grand Hanoi. Lancé en mars 2005 et évalué à l’époque à 5.379 milliards de dôngs (1€ = 28.000 dôngs), ce projet devait être terminé dans un délai de 30 mois. En octobre 2007, le ministère des transports a décidé d’introduire quelques modifications et a réévalué le coût à 7.520 milliards de dôngs. Le prix du km d’autouroute est donc passé de 179 milliards à 250 milliards de dôngs. Pourtant, le coût du travail n’est pas élevé, les ouvriers sont qualifiés et les matériaux ne manquent pas

L’économiste Bui Kiênh Thanh, selon VietnamNet, fait valoir que les entrepreneurs doivent «offrir des enveloppes» aux investisseurs qui représentent au moins 10% de la valeur du projet. Une fois les contrats obtenus, les entrepreneurs s’arrangent pour gonfler leurs bénéfices, qui peuvent représenter 30% de la valeur du projet. La qualité des projets s’en ressent et il arrive que les nids de poule apparaissent dès la mise en service des routes.