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Birmanie Politique

Le Président de Birmanie consolide son pouvoir

Le départ d’un dur du régime indique que les réformistes menés par le président Thein Sein renforcent leurs positions.

Tin Aung Myint Oo, l’un des deux vice-présidents de Birmanie (Myanmar) et le principal leader des partisans de la ligne dure au sein du gouvernement civil, a démissionné, selon le programme en birman de la BBC, après plusieurs semaines de spéculations sur des fortes tensions entre les réformistes et les conservateurs du régime. Ce  général à la retraite, âgé de 61 ans et proche de l’ex-chef de la junte Than Shwe, aurait remis sa démission le 3 mai pour « raisons de santé » – une justification fréquemment invoquée lors des changements de personnel politique en Birmanie. Ce départ, non encore confirmé officiellement, renforcerait la main du président Thein Sein, arrivé au pouvoir en mars 2011 après des élections législatives condamnées par l’Occident en novembre 2010.

Bien que les informations précises à ce sujet soient rares, la série de réformes initiées depuis environ un an par Thein Sein – libération de prisonniers politiques, dialogue avec l’opposante Aung San Suu Kyi, levée partielle de la censure de la presse – semble avoir entrainé le mécontentement de certains militaires d’active et d’officiers à la retraite, notamment ceux qui bénéficiaient des contrats passés avec la Chine. L’un des effets les plus spectaculaires de ces réformes a été l’entrée au Parlement, en avril, d’Aung San Suu Kyi et de 42 membres de son parti, la Ligue nationale pour la démocratie, élus lors des élections partielles du 1er avril.

Henri Emanglon 

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Société Thaïlande

Craintes de contamination après une explosion en Thaïlande

Une explosion dans une usine pétrochimique provoque l’inquiétude face à de possibles fuites toxiques. Le gouvernement s’empresse de rassurer la population.

Le gouvernement thaïlandais s’est efforcé de rassurer les habitants résidant autour d’une usine pétrochimique de la province de Rayong, dans l’est de la Thaïlande, quant aux risques de contamination chimique après une explosion meurtrière, le 5 mai, qui a tué douze personnes et blessé 129 autres. Dépêché sur place, le ministre de l’Industrie Pongsvas Svasti a affirmé que des tests ont montré que l’air, dans la zone ne contenait pas de haut niveau de produits toxiques. Il a toutefois ordonné aux autres usines de la zone industrielle de Map Ta Phut – pour moitié des usines pétrochimiques – de vérifier leurs systèmes de sécurité. L’explosion suivie d’un incendie, samedi, a eu lieu alors que le personnel de Bangkok Synthetics Co nettoyait une chaîne de montage avec du tuolène, «un produit solvant, qui n’est pas cancérigène, mais qui peut irriter les yeux, la peau et les organes respiratoires», selon Chaiyot Wongphyat, directeur de l’usine.

La cheffe du gouvernement Yingluck Shinawatra s’est également rendue sur place et a mis en place un comité pour examiner les risques de contamination. En septembre 2009, l’ONG thaïlandaise Stop Global Warming associée à 43 villageois vivant près de Map Ta Phut avait obtenu de la cour administrative la suspension des activités de 76 usines de la zone industrielle pour non-respect des lois concernant la protection de l’environnement.

Henri Emanglon

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Analyse Expatriés

Nouvelle présidence, des attentes, de minces espoirs

Elu avec un peu plus de 51% des suffrages, François Hollande pourra-t-il – et voudra-t-il – prendre davantage en considération l’Asie du sud-est ? Ce n’est qu’une question…

L’Asie du sud-est est une région à la croissance robuste. L’Indonésie, sa plus importante économie, siège au G20 et ambitionne de rejoindre le Bric (Brésil/Russie/Inde/Chine) pour en faire un Briic. Même les Philippines et la Birmanie (Myanmar) se mêlent aujourd’hui de la partie. Abritant près de six cent millions d’habitants, cette région-lien entre l’Inde et la Chine attire plus que jamais. Une preuve : les communautés françaises s’élargissent à grande vitesse, notamment à Singapour, en Thaïlande, en Indonésie, au Vietnam. Une dynamique à ne pas négliger.

Certes, dans le domaine de la diplomatie, François Hollande est confronté à d’autres priorités. La première : l’Europe, où un changement de rythme s’amorce avec son élection (et avec la déconfiture électorale des deux grandes formations grecques). Le nouveau président aura également à concilier une politique fiscale et monétaire plus souple avec des réformes structurelles. Le véritable «changement», pour reprendre son slogan électoral, serait aussi de rendre l’industrie française à nouveau concurrentielle.

Mais rien n’empêche d’envisager déjà l’avenir. Tout en manœuvrant pour mettre fin au conflit algérien, de Gaulle songeait déjà à la diplomatie qu’il pourrait développer, notamment en direction de l’Asie, une fois débarrassé de ce boulet. Depuis lors, l’Asie s’est considérablement renforcée et son poids ne se limite pas à la conjugaison entre la Chine et l’Inde.

Il ne s’agit pas de relancer le débat sur «la place de la France» dans le monde, entre un festin et ses miettes, mais d’offrir, comme début, un peu d’élan et de cohésion à sa présence. Le défaitisme ambiant est stupide. Par exemple, quand il s’agit de dépenses minimes, à quoi servirait-il de continuer de rogner sur les crédits de la présence culturelle à l’étranger ? Pourquoi ne pas intégrer, là où il est important (et c’est le cas en Asie du sud-est), le facteur de l’expansion des communautés françaises ? Plutôt que de donner raison à ceux, nombreux, qui n’attendent rien, proposer, pour commencer, un changement d’approche, de mentalité.

Jean-Claude Pomonti

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Politique Viêtnam

Sept ans de prison confirmés pour un dissident au Vietnam

Une Cour a rejeté l’appel d’un défenseur des droits des paysans. Trois autres dissidents, des bloggeurs, attendent leur traduction devant un tribunal.

Nguyên Ngoc Cuong, 56 ans, avait fait appel de sa condamnation en octobre 2011 pour «distorsion des politiques de l’Etat et du parti». Le Nhân Dân, quotidien du PC vietnamien, vient d’annoncer que cet appel avait été rejeté. Son fils Nguyên Ngoc Tuong Thi a vu sa peine de deux ans de prison réduite à 18 mois. Arrêtés en mars 2011 pour avoir pris le parti de paysans dans des disputes foncières dans la province de Dông Nai, proche de Hô Chi Minh Ville, le père et le fils ont été notamment accusés d’avoir distribué plus d’un millier de tracts «anti-gouvernementaux».

Entre-temps, on est sans nouvelle du procès de trois bloggeurs qui ont fondé, en septembre 2007 au Vietnam, le Club des journalistes libres (septembre 2007). Nguyên Van Hai, 60 ans, a été arrêté en avril 2008 pour avoir participé à plusieurs manifestations antichinoises. L’avocat Phan Thanh Hai, 43 ans, a été arrêté le 18 octobre 2010 pour propagande contre l’Etat. Quant à Ta Phong Tan, 44 ans, ancienne officier de police qui a été radiée des rangs du PC, elle a ouvert son blog «Justice et vérité» en 2006 et a été internée le 5 septembre 2011.

Leur procès devait avoir lieu à Ho Chi Minh Ville le 17 avril. On ignore ce qui s’est passé. Il a peut-être été repoussé en raison des festivités marquant le 37ème anniversaire, le 30 avril, de la victoire de 1975. Autre possibilité : le rapprochement de Hanoi avec Wahington inviterait à la discrétion concernant la répression des dissidents.

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Asie Indonésie Société

Cours préparatoire: pas avant l’âge de sept ans

Un débat sur l’âge du début des études : sept ans ? Six ans ? Les enfants étant murs plus jeunes, l’instruction peut démarrer plus tôt, estiment des experts.

A Singapour, aux Philippines et en Malaisie, l’instruction formelle débute à l’âge de six ans. En Indonésie, le ministre de l’éducation, Muhammad Nuh, et celui des affaires religieuses, Suryadharma Ali, en ont décidé autrement. «L’âge parfait pour entrer dans le primaire est sept ans ; les écoles publiques  n’accepteront que des enfants âgés de sept ans et plus», ont-ils décidé dans une circulaire conjointe émise en juin 2011.

Cette décision fait débat. «Les experts sur les questions d’éducation et de développement des enfants disent qu’il faut prendre en considération une série de facteurs et que chaque enfant est un cas différent, mais le gouvernement estime qu’il a trouvé la réponse : l’âge de sept ans», rapporte, le 30 avril, le Jakarta Globe. «Les enfants se développent plus vite qu’auparavant», estime Suryani Sukowati. «Les faire attendre l’âge de sept ans n’est vraiment pas nécessaire», ajoute cette conseillère en éducation.

Selviana Pardosi, spécialisée dans le développement des enfants, pense que l’Indonésie a raison. «A sept ans, les enfants sont capables d’interagir avec d’autres enfants», dit-elle. Un porte-parole du ministère de l’éducation, Ibnu Hamad, reconnaît que les enfants peuvent apprendre à lire, à écrire et à compter sans attendre l’âge de sept ans.  Son conseil aux parents : en attendant, « mettez-les dans une école privée ».

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Analyse Thaïlande

Chronique siamoise : du rififi au Parlement thaïlandais

Incidents multiples et ambiance délètère ont entaché récemment l’image du parlement en Thaïlande, une institution qui n’est généralement guère tenue en haute considération par la population…

La première réunion d’un Parlement thaïlandais s’est déroulée au début de 1933 sous les dômes de style baroque de la salle du trône Ananta Samakhom, que le roi Rama V avait fait construire initialement pour célébrer la gloire de la monarchie absolue. En 1974, il a été décidé qu’un Palais était trop luxueux pour les représentants du peuple : députés et sénateurs ont été déménagés dans des immeubles au design vaguement postmoderniste à quelques centaines de mètres de là. Il est maintenant question de les expédier dans une banlieue éloignée. Entre ces deux dates, dix-sept constitutions se sont succédées les unes aux autres. La sacralité de la charte fondamentale et l’opinion des Thaïlandais vis-à-vis de leurs représentants ont dégringolé en proportion.

Chaque Parlement a ses excentricités. La drague des attachées parlementaires est un sport bien connu au Palais Bourbon. Les échanges de coups au sein du Parlement de Taiwan sont légendaires. Les députés (et ministres) thaïlandais ont toutefois produit des efforts considérables pour remonter en haut du listing des chambres de mauvaise réputation. Que le vice-Premier ministre Chalerm Yoobamrung, apparemment ivre, ait failli dégringoler les pas des escaliers de la chambre basse vient peut-être, comme il l’a affirmé, d’un problème de « déséquilibre dans les tympans auditifs ». Qu’un député du Parti démocrate regarde des images érotiques sur son téléphone portable pendant les débats pourrait résulter de ce qu’il a reçu, à sa grande surprise, ces images d’un ami égrillard. Mais quand il est montré que des députés votent à la place de collègues en leur absence, on commence à avoir des doutes. Ceux-ci deviennent aigus en entendant un autre député crier à trois reprises « Heil Hitler ! » en faisant le salut nazi au milieu d’une séance parlementaire. Sans doute, ce député avait-il été échaudé par le fait que le président de la chambre avait coupé son micro. Mais le parlementaire avait tout loisir de piocher dans le registre particulièrement riche et merveilleusement imagé des jurons thaïlandais (un exemple parmi d’autres : « Espèce de pénis décalotté rongé par les écureuils », qu’il est conseillé de tester auprès des gardes de sécurité du métro aérien de Bangkok).

La médiocrité de la classe politique thaïlandaise tient en partie à la primauté absolue des clans liés à un chef personnel sur les familles d’idées. Même si, ailleurs, les « principes » sont souvent un camouflage des intérêts bien compris, ils contribuent néanmoins à « élever le débat » intellectuellement. Mais en Thaïlande, les « idées » ou les théories n’ont guère droit de cité si elles n’aboutissent pas très vite et très concrètement à un résultat pratique.

L’expression thaïe len kan muang – jouer à la politique – pour désigner les activités politiques semble associer la vie démocratique à un soap opera où tout est pardonnable parce que personne ne le prend au sérieux. Sauf bien sûr, les politiciens qui empochent les dividendes de ce casino national. Au final, les élections parlementaires semblent avant tout être une procédure formelle inévitable pour la prise du pouvoir par le chef d’un clan dominant. Ce qui se passe après au sein du Parlement n’est plus que divertissement télévisuel. Même la compétition pour l’acquisition des budgets provinciaux se déroule bien plus en coulisses que sur la scène. Ni Thaksin Shinawatra quand il était premier ministre, ni sa sœur cadette Yingluck qui l’est actuellement, n’ont jugé d’ailleurs utile de donner le change en assistant régulièrement aux débats de la chambre basse, dont les pupitres sont le plus souvent désertés par ses honorables membres.

Max Constant

«Chronique siamoise» porte un regard décalé sur l’actualité politique de la Thaïlande, mêlant des récits d’anecdotes et une lecture culturelle des événements.

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Société Viêtnam

Nouvelle distinction pour le mathématicien Ngô Bao Châu

Déjà récipiendaire de la médaille Fields en 2010, le mathématicien d’origine vietnamienne a été élu à l’Académie américaine des arts et des sciences

Il cumule les honneurs. A l’âge de 40 ans, Châu fait partie de la dernière fournée d’académiciens américains, laquelle comprend, entre autres, le cinéaste Clint Eastwood, le musicien Paul McCartney, l’historien David Blight. Actuellement chercheur à l’université de Princeton et professeur de mathématiques à celle de Chicago, le mathématicien vietnamien, naturalisé français en 2010, est né à Hanoi en 1972.

Son père est un physicien et sa mère un médecin. Comme il s’est révélé brillant élève, ses parents avaient songé à l’envoyer poursuivre ses études en Hongrie. La chute de Berlin en 1989 les a contraints à changer de projet, les bourses hongroises pour étudiants vietnamiens étant supprimées. Châu obtient alors une bourse française et quitte le Vietnam pour Paris. Il est admis au magistère de Normale Sup en 1990. Sous la direction de Gérard Laumon, il obtient un doctorat à l’Université de Paris-Sud en 1997 et entre au CNRS l’année suivante.

Très jeune, en 1988 et en 1989, il a reçu la médaille d’or aux Olympiades internationales de mathématiques (42 points sur 42 la première fois ; 40 points sur 42 la deuxième). En 2004, Gérard Laumon et Ngô Bao Châu reçoivent le Clay Research Award pour leur preuve du lemme fondamental pour les groupes unitaires. Châu a été nommé chevalier de la Légion d’honneur en 2012.

 

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Expatriés

Une invasion d’expatriés à Jakarta

La crise mondiale qui perdure et la solide croissance de l’Indonésie se conjuguent pour encourager le débarquement de diplômés étrangers au chômage.

Le nombre des expatriés recrutés à Jakarta est passé de 59 577 en 2009 à 77 300 en 2011, selon des statistiques de la mairie citées par le Jakarta Post. Leur nombre pourrait passer le cap des cent mille dès 2012. Cet afflux d’étrangers en mal d’un emploi est sensible non seulement en Indonésie, l’économie la plus importante d’Asie du sud-est, mais également dans d’autres pays, notamment en Birmanie, en pleine ouverture sur le reste du monde.

Vice-président de l’Apindo, l’Association indonésienne des employeurs, Erwin Aksa estime que la présence d’étrangers sur le marché de l’emploi à Jakarta n’est pas un danger pour les travailleurs locaux, même si certains d’entre eux devront jouer des coudes pour ne pas perdre leur emploi. «Les fonctions de management et de direction dans certains secteurs, par exemple dans celui de la comptabilité, sont en question. La demande est très élevée alors que le nombre des locaux qualifiés pour les occuper est limité», a-t-il expliqué au Jakarta Post. «C’est l’une des raisons pour lesquelles de nombreuses sociétés préfèrent les expatriés, par exemple ceux venus d’Inde ou des Philippines. Ces derniers acceptent souvent des salaires inférieurs à ceux réclamés par les locaux dotés des mêmes qualifications», a-t-il ajouté.

Un chasseur de tête, Zen Smith, a constaté que des multinationales ont un préjugé favorable à l’égard des étrangers. C’est notamment vrai dans le secteur de l’information et des télécommunications (la préférence va aux Indiens) ou dans celui de la finance (les Philippins sont les favoris). Toutefois, ajoute-t-il, la présence de cadres expatriés sur le marché du travail à Jakarta a créé une «vive concurrence» qui est salutaire. Les compagnies, dit-il, ne peuvent plus en faire à leur tête, sauf à prendre le risque d’être «écartées».