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Laos Société

Les Rameaux célébrés malgré un interdit dans deux villages

Le Laos, où le Parti populaire révolutionnaire règne sans partage depuis 1975, surveille de très près les religions, en particulier les protestants.

Deux petites communautés protestantes de la province de Savannakhet, au sud du pays à la frontière avec la Thaïlande, ont célébré les Rameaux, le 1er avril, devant leurs temples placés sous scellés par les autorités, rapporte le site d’information des Missions étrangères de Paris ( http://eglasie.mepasie.org/ ) en citant des ONG chrétiennes. La police n’est pas intervenue sur-le-champ. Sous prétexte «d’irrégularités dans les permis de construire», le temple du village de Kengweng (élevé voilà plus de quarante ans) a été placé sous scellés en février 2012 et celui de Dongpaiwan en septembre 2011. Ces petites communautés ont également reçu l’ordre de ne plus se réunir.

Une autre petite communauté protestante, celle du village de Nadaeng, dont le temple vieux d’un demi-siècle a été séquestré en décembre 2011, ne s’est pas encore réunie. Elle attend de voir ce qui se passera le dimanche de Pâques à Kengweng et à Dongpaiwan, jour où les chrétiens disent qu’ils lèveront les scellés. Les trois communautés réclament, en vain, la restitution de leurs lieux de culte. Le Laos compte «un peu plus d’1%» de chrétiens. L’immense majorité de la population se réclame du bouddhisme theravada. Toutes les églises sont étroitement surveillées par les services de sécurité.

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ASEAN Asie Politique

Consolidation au sommet de l’Asean

La réunion annuelle de l’Asean s’est déroulée sans anicroches dans la capitale du Cambodge. Le prochain rendez-vous régional aura lieu fin juillet.   

Débarrassée, pour le moment, du fardeau birman, l’Asean peaufine ses dossiers. En l’absence du président de l’Indonésie, retenu à Jakarta par une sérieuse crise, le vingtième sommet de l’Association des nations de l’Asie du sud-est, les 3 et 4 avril à Phnom Penh, s’est déroulé sans vagues.

A la tribune, le président des Philippines, Noynoy Aquino, a réclamé que les dix Etats membres de l’Association s’entendent d’abord sur le Code de conduite en Mer de Chine du sud, avant d’en discuter «avec la Chine». Mais cette formule n’a pas été reprise par la «déclaration de la présidence» de l’Asean, texte qui fait office de communiqué final. La «déclaration» du Cambodge, qui assure la présidence annuelle de l’Asean, appelle à une résolution «pacifique» du contentieux en Mer de Chine du sud, conformément à la Convention de l’ONU sur les droits de la mer promulguée en 1982. Le texte cambodgien réclame également la négociation du Code de conduite dont le principe avait été adopté dès 2002, y compris par la Chine. En clair, les Etats de l’Asean ne sont pas encore prêts à adopter une position commune sur ce conflit face à Pékin.

La «démocratisation» de la Birmanie (Myanmar)  ayant franchi «un pas significatif» supplémentaire le 1er avril, l’Asean a réclamé la levée de «toutes les sanctions» imposées par les Occidentaux.

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Asie Politique

Le retour des fusiliers-marins américains

Des troupes américaines commencent à s’installer dans le nord australien dans le cadre du renforcement et de l’aménagement d’un dispositif stratégique en Asie.

Une compagnie de deux cents fusiliers marins,- lesquels avaient été les premiers soldats américains à avoir débarqué au Vietnam en mars 1965 -, sont arrivés le 4 avril à Darwin (nord de l’Australie) et forment les premiers éléments d’un corps qui comprendra 2.500 soldats américains en 2017. Ils s’installent à la périphérie de l’Asie du sud-est dans ce qui est présente comme l’amorce d’un redéploiement de la présence militaire américaine en Asie de l’est, du nord-est (en fait, l’Extrême Orient) vers le sud-est.

«L’idée que nous avons peur de la Chine est erronée ; comme l’est le raisonnement selon lequel nous cherchons à exclure la Chine», avait déclaré, en novembre 2011, le président Barack Obama en annonçant cette initiative. Les Américains affirment qu’il s’agit d’entraînement, d’être capable de faire face aux catastrophes naturelles et humanitaires, tels le tremblement de terre et le tsunami du 26 décembre 2004 en Thaïlande. Les Chinois ne sont pas convaincus, notamment en raison du contentieux qui, en Mer de Chine du Sud, les oppose à plusieurs Etats riverains. Les Etats-Unis ont des bases en Corée du Sud, au Japon et à Guam, et ont des relations militaires avec les Philippines et Singapour.

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Analyse ASEAN Asie Cambodge Politique

Comme le bambou, l’Asean plie sous le vent, sans rompre

Le vingtième sommet de l’Asean se tient à Phnom Penh, les 3 et 4 avril. Au menu : la Mer de Chine du Sud et le marché unique en 2015.

Développement révélateur : le président Hu Jintao effectue une visite officielle au Cambodge  à la veille du sommet de l’Association des nations de l’Asie du sud-est à Phnom Penh. La Chine rappelle, à cette occasion, qu’elle est le premier investisseur au Cambodge et se félicite de l’appui diplomatique que le Cambodge, qui assure la présidence de l’Asean en 2012, lui accorde sur les dossiers qui lui tiennent à cœur.

Pékin en a besoin.  Ces deux dernières années, l’agressivité de la marine chinoise en Mer de Chine du Sud a remué l’Asean plus que d’habitude. De leur côté, en 2010, les Etats-Unis ont pris le parti d’exprimer leur préoccupation à propos de ces eaux revendiquées par six Etats riverains (Chine, Vietnam, Philippines, Malaisie, Taïwan et Brunei) et par où transitent les deux tiers du commerce maritime entre les Extrême et Proche Orients. La présidence cambodgienne tentera de calmer le jeu face aux pressions exercées, notamment par le Vietnam et les Philippines, en faveur de l’adoption par l’Asean d’une position commune. En 2010 et 2011, les présidences vietnamienne puis indonésienne de l’Association avaient poussé en avant ce dossier. Les Cambodgiens n’en feront probablement pas autant.

Les réunions de l’Asean sont ainsi monopolisées par des questions dites d’actualité mais qui peuvent très bien – c’est le cas du contentieux en Mer de Chine du Sud – présenter de sérieux risques dans le long terme. Cette crise prend le relais de la question birmane qui, ces dernières années, avait empoisonné les sommets de l’Association ou les réunions que l’Asean organise régulièrement sur les questions de sécurité régionale avec ses «partenaires de dialogue», parmi lesquels figurent les grands de la planète.

Une forte capacité d’adaptation

Ainsi va l’organisation la plus ancienne de l’Asie, puisqu’elle a été formée en 1967, en pleine intervention militaire américaine au Vietnam, par les régimes anti-communistes d’Asie du sud-est – Indonésie, Malaisie, Philippines, Singapour et Thaïlande  – que le petit sultanat de Brunei a rejoint dès la proclamation de son indépendance en 1984. Un club de diplomates joueurs de golf. Il s’agissait surtout, à l’époque, d’empêcher que les tensions internes au groupe ne dégénèrent (une guerre avait été évitée de justesse en 1963, quand l’Indonésie avait menacé d’attaquer la Malaisie, tout juste indépendante).

L’Asean a montré une grande faculté d’adaptation. Elle s’est ouverte aux régimes communistes après la fin de la Guerre froide, intégrant le Vietnam en 1995, le Laos et la Birmanie (Myanmar) en 1997, et le Cambodge en 1999. Parallèlement, elle a commencé à mettre en place une zone de libre échange tout en négociant des accords de même type avec ses voisins, y compris la Chine. Aujourd’hui, elle se trouve dans la dernière ligne droite et propose de réaliser un marché unique en 2015, soit dans trois ans seulement.

Une dernière étape pleine d’embûches

L’Asie du sud-est bénéficie d’une expansion solide (dans une fourchette prévue de 5,6% à 6,3% en 2012, contre 4,5% en 2011) et l’économie de l’Asean serait la neuvième de la planète si elle était intégrée. Ce n’est pas le cas et l’ultime étape vers la réalisation d’un marché unique se heurte à de grosses difficultés. La gestion de l’Asean se retrouve dans les mains d’Etats aux capacités limitées et dont la priorité est non de créer un marché unique mais de combler leur retard sur les autres membres : Cambodge en 2012, Brunei en 2013, Birmanie en 2014, Laos en 2016. Avec une direction moins motivée et sans le pouvoir d’imposer, le plus difficile reste donc à faire dans les domaines des investissements, de l’ouverture du commerce et des services, des transports, des douanes…

Un autre handicap de l’Asie du sud-est, malgré son dynamisme, est de demeurer à la périphérie des centres de décision. Offrir une plate-forme en vue de faciliter des échanges – ce qui est le cas, depuis 1994, dans le cadre du Forum de l’Asean sur les questions de sécurité – ne signifie pas un transfert de pouvoir. Enfin, l’Asean n’a même pas franchi le pas d’une ébauche de pacte militaire, ce qui fait l’affaire de ses voisins, notamment de la Chine, laquelle joue sur l’absence d’une ligne commune des Etats de l’Asean, notamment dans le contentieux sur la Mer de Chine du Sud. Et devrait pouvoir continuer de le faire.

Jean-Claude Pomonti

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Indonésie

Des enseignants qui ne valent pas la moyenne

L’enseignement, en Indonésie, est un secteur en retard. Des tests de connaissances auxquels ont été soumis les enseignants le confirment.

Triste constat: des tests de compétence auxquels ont été soumis 98,3% des 285 884 enseignants indonésiens ont montré que leur note était de 4,2 sur 10, soit inférieure à la moyenne, a récemment rapporté le Jakarta Globe. «Le score moyen est médiocre. Toutefois, d’une certaine façon, je suis satisfait de la pléthore de mauvais résultats car cela prouve que ces derniers sont fiables. Si la moyenne avait été plus élevée, j’aurais eu des doutes », a réagi Muhammad Nuh, ministre indonésien de l’Éducation et de la culture.

L’éducation nationale, estime le quotidien anglophone de Jakarta, est « depuis longtemps la cible de critiques » : fabrication de «CV hors de propos» ; corruption ; tricheries très répandues lors des examens ; infrastructures insuffisantes. Cette fois, c’est le personnel qui n’est pas à la hauteur. La formation des enseignants va se renforcer, a annoncé Mohammad Nuh, notamment lors de stages prévus en mai et en juin.

Les meilleurs enseignants – ou les moins mauvais – sont à Yogyakarta, la ville universitaire. Viennent ensuite : Jakarta, Java Est, Java Central. En dernière position se trouvent les Moluques.

Fin décembre 2011, le président Susilo Bambang Yudhoyono avait jugé que l’instruction publique avait «fait de nombreux progrès mais qu’il restait encore bien des améliorations à réaliser.»

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Indonésie

Des minijupes jugées pornographiques

En Indonésie, le ministre chargé de l’application de la loi contre la pornographie est sans doute maladroit. Mais il est le reflet des aspirations de la présidence. 

Suryadharma Ali, ministre indonésien des affaires religieuses, insiste: toute jupe «qui ne recouvre pas les genoux sera jugée pornographique», a-t-il déclaré, selon le Jakarta Post du 28 mars, deux semaines après avoir été chargé par le président Susilo Bambang Yudhoyono (SBY) de la gestion d’un nouveau Comité d’application de la loi contre la pornographie votée en 2008. La mini-jupe fera donc partie des critères de pornographie. Le président du Parlement, Marzuki Alie, approuve. «Vous savez comment sont les hommes !», a-t-il dit selon le Sydney Morning Herald.

Suryadharma veut que les standards qui seront décidés pour le vêtement soient imposés à tout l’archipel, donc à quelque trois cents ethnies, y compris les Papous aux étuis péniens. Il lui arrive de déraper : il a traité en janvier les shiites d’ «hérétiques». Mais il est surtout le reflet du conservatisme religieux sensible dans l’entourage de SBY.

Commentaires de lecteurs : «un retour à l’âge de pierre» ; «bienvenue en Arabie saoudite». L’immense majorité des Indonésiens pratiquent un islam modéré. En février, la Commission pour la suppression de la corruption s’est interrogée sur le sort des intérêts – qui se comptent en millions d’euros – sur les dépôts des pèlerins à la Mecque faits auprès du ministère des affaires religieuses, lequel passe pour le plus riche en raison de la gestion de ces dépôts et de dons aux pauvres.

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Indonésie

Une guêpe monstrueuse à Sulawesi

Une entomologiste américaine a découvert une guêpe d’une envergure impressionnante. Rien à voir avec le frelon d’Asie qui se répand dans le sud de la France.

L’insecte a été découvert dans le sud de Sulawesi (Célèbes, Indonésie) par Lynn Kimsey, entomologiste de l’université de Californie. Le mâle dépasse les cinq centimètres quand il déploie ses gigantesques mâchoires, lesquelles lui servent notamment à enserrer le thorax de la femelle, deux fois plus petite, pendant l’accouplement.

Repéré pour la première fois en 2009, l’insecte a été surnommé la «guêpe guerrière». Lynn Kimsey a déclaré au Daily Mail (Londres) qu’elle comptait la baptiser «Garuda» en référence à l’oiseau mythique, symbole de l’Indonésie, moitié homme, moitié aigle, de large envergure, à la grande bravoure et à la rapidité exceptionnelle.

Les mâles protègent l’entrée du nid et l’accouplement intervient à chaque retour d’une femelle. Lynn Kimsey a découvert plus de trois cents nouvelles espèces d’insectes au cours d’une riche carrière. Ses terrains actuels de recherche sont les monts Mekongga (sud de Sulawesi) et les dunes Aldodones (sud de la Californie).

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Indonésie

Manifestations contre la hausse des prix en Indonésie

Un bras de fer s’est amorcé en Indonésie entre le gouvernement et un mouvement populaire contre une hausse du prix de l’essence annoncée pour le 1er avril.

Des manifestations contre la hausse des prix des carburants ont pris une tournure violente, lundi 26 mars, notamment dans la grande ville de Medan (Sumatra-Nord), dont l’aéroport a dû fermer pendant cinq heures et où des actes de vandalisme ont été commis. Des incidents ont également eu lieu à Makassar,  ville militante de Sulawesi-Sud, et à Bandoung (Java-Ouest) ainsi que dans deux villes de Java-Central (Solo et Yogyakarta), selon le Jakarta Post.

Afin de pouvoir réduire à terme d’énormes subventions, le gouvernement a annoncé qu’il comptait notamment relever de 33% le prix de l’essence (le portant à un demi-euro le litre). Cette mesure, prévue pour le 1er avril, doit être débattue par le Parlement le 29 mars. Les leaders des étudiants et les syndicats ouvriers espèrent faire pression pour forcer le gouvernement à renoncer à une hausse des prix des carburants qui se répercuterait dans beaucoup d’autres domaines (industrie, transports, alimentaire).

Suharto, en mai 1998, avait dû se retirer à la suite des manifestations contre la cherté de la vie. Quand elle était présidente, Megawati Sukarnoputri, avait renoncé à cette hausse. Plus courageux, le président Susilo Bambang Yudhoyono avait maintenu cette hausse pendant son premier mandat. Mais, cette fois-ci, sa majorité parlementaire semble sur la réserve. Le bras de fer se poursuit.