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Indonésie

Arts martiaux : la mort en prime

 Des tests d’invulnérabilité dans des clubs d’arts martiaux ont fait quatre victimes en Indonésie.

Le premier test d’invulnérabilité s’est déroulé sans drame : la mort-aux-rats avalée par  trois jeunes gens ne les a pas tués. Le deuxième test a également été subi avec succès : après avoir enfourché leurs engins, des motocyclistes sont passés à plusieurs reprises sur les trois jeunes étendus à même la chaussée. Personne n’a été blessé.

Le troisième test a été un désastre : un véhicule à quatre roues, avec plusieurs passagers à bord, a succédé aux motos. Sarmento (20 ans) est mort sur place. Cruz (21 ans) est décédé pendant son transfert à l’hôpital. Fretes (18 ans) demeure dans un état critique. Les tests se sont déroulés fin février au Terminal pour autobus de Kupang , chef-lieu de province de l’est indonésien. Les trois jeunes étaient des assistants dans un club d’arts martiaux.

Un autre test d’invulnérabilité, à Jakarta cette fois, a fait deux victimes supplémentaires, deux frères âgés respectivement de 24 et 26 ans. Selon le Jakarta Post, pour prouver leur immunité, les deux frères se sont fait asperger d’acide. Ils sont morts sur-le-champ des suites d’atroces brûlures.

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Viêtnam

Vietnam, un héritage culturel français et francophone

Le 20 mars est la journée mondiale de la francophonie. En Asie du Sud-Est, le pays qui demeure le plus marqué par un héritage culturel français est le Vietnam.

Avec son demi-million de francophones, Londres est devenu, pour un jour, la capitale de la francophonie, le samedi 17 mars. Un Paris-sur-Tamise. Mais, pour des journalistes qui viennent de lancer un site d’information francophone sur l’Asie du Sud-Est, comme pour tant d’autres, la francophonie est beaucoup plus qu’une affaire de dimension linguistique. Le Vietnam en offre un bon exemple.

Outre qu’ils ne gardent, en général, que les bons souvenirs, les Vietnamiens affichent une aptitude très aigüe à distinguer le bon grain de l’ivraie. Ils ont rejeté l’occupation française. Toutefois, même les nationalistes les plus ombrageux ont accepté, dès le début du XXème siècle, la romanisation de leur écriture et plusieurs autres influences françaises, à commencer par la littérature.

Le chu nôm pratiqué au XIXème siècle – une apposition de caractères locaux et chinois – serait demeuré longtemps une langue de mandarins, peu accessible à la masse. Le quôc ngu, écriture romanisée initiée au XVIIème siècle par le jésuite Alexandre de Rhodes, s’est rapidement imposé non seulement parce que le pouvoir colonial le souhaitait mais parce que les nationalistes vietnamiens de tous bords ont compris son fabuleux apport politique : une écriture à la portée de tous, l’alphabétisation devenue possible.

Les écrivains et artistes contemporains attribuent un élan « novateur » aux Vietnamiens qui, voilà plus d’un siècle, ont compris l’importance de la romanisation de l’écriture. L’apôtre du quôc ngu, Nguyên Van Vinh, a eu beau mourir relativement jeune (1882-1936),  ses traductions de la littérature française sont encore réimprimées de nos jours. Voilà un siècle que les Vietnamiens se sont familiarisés, dans leur propre langue, avec La Fontaine, Perrault, Molière… La littérature française, disent des écrivains comme Bao Ninh ou Nguyên Viêt Ha, est aujourd’hui l’une des inspirations du nouveau roman vietnamien.

Il en va de même dans d’autres domaines : l’architecture et les arts, avec les écoles des Beaux Arts de Hanoi et de Saigon ; l’histoire, avec l’introduction à la Révolution française et à la pensée des philosophes du XVIIIème siècle ; le vêtement avec l’ao dai (tunique moulée pour les femmes, d’origine franco-vietnamienne) ; la gastronomie, le style de vie…

Ces liens durables créent des affinités. Même les visiteurs francophones qui découvrent aujourd’hui le Vietnam seulement par curiosité – et où peu de gens parlent encore la langue de Molière – éprouvent une impression de familiarité.

Jean-Claude Pomonti

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Indonésie Société

Terrorisme : cinq suspects tués à Bali

L’unité anti-terroriste indonésienne a lancé deux raids contre des suspects à Bali. Cinq hommes ont été tués et des armes récupérées.

Cinq individus soupçonnés de terrorisme ont été abattus à Bali, dans la nuit du 18 au 19 mars, au cours de deux raids menés par le Détachement-88, l’unité anti-terroriste de la police indonésienne. Des tirs d’armes automatiques ont été entendus pendant plusieurs minutes à Denpasar, le chef-lieu de Bali (deux tués), et dans un bungalow d’hôtel (trois morts) à Sanur, une localité populaire parmi les touristes étrangers.

La police a affirmé que les deux raids étaient liés, que les suspects ont riposté ou essayé de s’échapper, et que des armes ont été retrouvées sur place. L’un des morts a été identifié comme appartenant à un réseau terroriste. Les individus abattus se préparaient à attaquer des banques pour financer de nouveaux attentats, a indiqué la police en n’écartant pas la possibilité d’attentats lors de grandes parades organisées à la veille du Nyepi, Nouvel an balinais ou « jour du silence ».  En octobre 2012, l’Indonésie commémorera le dixième anniversaire de l’attentat de Bali qui avait fait 202 morts, dont 88 touristes australiens. Formé avec des aides australienne et américaine à la suite de cet attentat, le Détachement 88 a la réputation de recourir à des méthodes expéditives.

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Economie Philippines

Le retour des investisseurs japonais aux Philippines

Les capitaux étrangers reviennent aux Philippines, en particulier ceux des Japonais. Ce signe est encourageant dans un pays encore bien fragile.

Le président  Benigno Aquino III, dit Noynoy, élu en 2010, est content: les investisseurs japonais sont de retour en dépit des graves déboires de leur pays, notamment le désastre provoqué, voilà exactement un an, par un tremblement de terre et un tsunami. En 2011, les investissements japonais aux Philippines ont augmenté de 30,6 % par rapport à l’année précédente, et le record de 1996 a été battu. Le Japon est ainsi redevenu le premier investisseur dans l’archipel (30,2%) devant les Etats-Unis (27,5%) et les Pays-Bas (11,1%).

«Je crois que le Japon va continuer d’être l’un des principaux investisseurs chez nous», a déclaré Noynoy Aquino au Philippine Daily Inquirer (édition du 18 mars). Le président de l’influent Makati Business Club a confirmé que les investisseurs japonais misaient sur ce qu’ils qualifient de ‘VIP’ (pour Vietnam, Philippines, Indonésie).

L’économie philippine est moins dépendante de ses exportations que d’autres dans la région (en revanche, les virements des Philippins travaillant à l’étranger représentent 10% du PIB). Elle a bien résisté aux effets de la crise financière mondiale de 2008-2009. Son taux de croissance a été de 7,6% en 2010 (relance des exportations et de la consommation intérieure, ainsi que dépenses électorales. Il est retombé à 3,7% en 2011.

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Analyse Asie

Quand la Chine s’enrhume…

La lutte pour le renouvellement de la direction du PC chinois en 2013 bat déjà son plein. L’Asie du Sud-Est n’a rien à y gagner.

Le Premier ministre chinois Wen Jiaobao est un habitué des appels pressants aux réformes. Mais pourquoi, le 13 mars, alors qu’il se trouve à un an de la retraite et que son influence au sein du PC est jugée limitée, est-il allé jusqu’à mettre en garde contre un retour aux «erreurs» de la Révolution culturelle ? La réponse ne s’est pas fait attendre. Elle est venue dès le lendemain avec l’annonce du limogeage de Bo Xilai, le patron communiste de Chongqing. Au sein du PC, la crise est donc ouverte à un an du renouvellement de sa direction.

Charismatique et autoritaire, Bo Xilai, 62 ans, fils d’un héros de 1949,  est qualifié de néo-maoïste en raison de son opposition à un capitalisme qu’il juge maffieux et débridé. Il est populaire auprès de la trentaine de millions d’administrés de Chongqing. Mais, au sein de la direction chinoise, il l’est beaucoup moins. Elle lui préfère Wang Yang, 56 ans, patron à Guangdong dans le sud, un homme de dialogue, qui fait beaucoup moins peur.

Ces manœuvres sont l’illustration de la lutte intense pour les postes à prendre lors du prochain Congrès du PC, en 2013, qui verra l’accession au pouvoir d’une nouvelle génération de dirigeants. Mais elles sont aussi le reflet d’une querelle d’écoles au sein d’un PC qui conserve le monopole du pouvoir : d’un côté, les nostalgiques d’un pouvoir plus centralisé, aux méthodes plus brutales, comme Bo Xilai ; de l’autre, les héritiers des Quatre modernisations, dans la ligne de la direction sortante.

La bataille continue

Bo Xilai vient de perdre une manche, parce que son ancien adjoint Wang Lijun, affolé à l’idée d’être éliminé pour corruption par son ancien patron, s’est réfugié pendant une nuit en février au Consulat américain de Chongqing (les services de sécurité chinois l’ont escorté dans la foulée à Pékin où il est emprisonné). Mais il ne s’agit, semble-t-il, que d’une première manche. La bataille n’est pas terminée.

A défaut de provoquer une implosion du PC, ces querelles devraient au moins affaiblir la direction de la Chine. Elles n’auront, toutefois, qu’une influence limitée sur une politique étrangère dominée par la poursuite d’une montée en puissance. Le raidissement sensible depuis l’élection de Barack Obama devrait même en être encouragé. Pékin a annoncé, le 4 mars, que son budget de la défense bénéficierait d’une augmentation de 11,2%, conformément à la pratique observée depuis une dizaine d’années (Obama avait indiqué en novembre, que les coupes dans les crédits militaires américains n’affecteraient pas la région Asie-Pacifique).

Pressions croissantes

La priorité de Pékin est la protection de ses zones côtières de production et de ses voies de ravitaillement par mer, à commencer par le contrôle, en Asie du sud-est, des eaux de la Mer de Chine du Sud (la Mer de l’Est, disent les Vietnamiens). Le Vietnam a encore protesté, le 16 mars, contre une violation de ses eaux territoriales par les Chinois : ces derniers ont ouvert l’exploration pétrolière, au sud de l’île chinoise de Hainan,  dans les eaux des Paracels,  un archipel dont l’armée chinoise a chassé la garnison vietnamienne en 1974 et qui se situe à la hauteur du port de Da-Nang (Vietnam central).

Les Chinois font pression sur le gouvernement birman pour qu’il revienne sur l’abandon, en 2011, de la construction d’un barrage chinois sur l’Irrawaddy. La pénétration chinoise, à la périphérie méridionale de son territoire, est sensible jusqu’au Sri-Lanka, dans l’Océan indien. Quels que soient les résultats de la lutte politique engagée à Pékin, les voisins de la Chine n’ont aucune raison de s’en réjouir, ne serait-ce que parce que aucun dirigeant ne veut être accusé de faiblesse en politique étrangère. Et que, en cas de besoin, la diplomatie est un bon moyen pour reléguer au second plan des tensions internes.

Jean-Claude Pomonti

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Indonésie Tourisme

Garuda, l’indonésienne, vole vers l’Est

Reflet de la crise en Europe, Garuda, compagnie nationale aérienne indonésienne, réoriente son expansion vers le marché Asie-Pacifique, le plus prometteur.

La compagnie nationale d’Indonésie a annoncé supprimer quatre vols hebdomadaires sur sept Jakarta-Amsterdam et renoncer à son projet d’ouverture, en 2013, de lignes aériennes reliant la capitale indonésienne à Paris, Francfort, Londres et Rome. La raison : le déclin du nombre des passagers liés à la récession en Europe. «Nous n’allons pas ajouter des vols ou ouvrir de nouvelles lignes aussi longtemps que la zone euro demeurera en crise»,  a déclaré, le 24 janvier, Pudjobroto, l’un des dirigeants de Garuda, selon le Jakarta Globe.

En revanche, Garuda va ouvrir, le 27 avril, une nouvelle ligne (cinq vols hebdomadaires) entre Denpasar (Bali) et Haneda (Tokyo), pour remplacer la ligne actuelle Denpasar-Nagoya. Ses vols entre Jakarta et Taipeh deviendront quotidiens le 19 mai. Un vol hebdomadaire supplémentaire sera introduit sur la ligne JakartaKuala Lumpur. Garuda va également multiplier les vols intérieurs (Jakarta-Pekanbaru, Jakarta-Batam, Bandung-Surabaya). Comme le tourisme, le trafic aérien se porte bien en Indonésie (une augmentation de 15% des passagers sur les lignes intérieures), mais Garuda doit impérativement rentabiliser ses lignes (une chute de 15% de ses actions à la bourse de Jakarta en 2012).

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Indonésie

Mini-jupes, ministres et crise : scandale en Indonésie

Trois ministres indonésiens, des golfeurs, posent en compagnie de leurs caddies en mini-jupes. Un cliché publié au moment où le prix de l’essence fait un bond.

Alors que des étudiants manifestaient devant une université contre la hausse annoncée du prix de l’essence (33%, en avril), un quotidien de Jakarta, le Rakyat Merdeka, a publié à la une la photo de trois membres du gouvernement posant en compagnie de leurs caddies en mini-jupes sur un terrain de golf de la capitale. En Indonésie, les uns se serrent la ceinture, les autres mènent la belle vie : succès garanti.

Les étudiants lanceurs de pierres ont été dispersés à l’aide de grenades lacrymogènes. Deux d’entre eux ont été interpellés (de même que six autres, devant le Parlement, pour y avoir détruit un portrait du chef de l’Etat). Quant aux joueurs de golf (le ministre du Travail, celui de l’Énergie et un vice-ministre), ils ont été jugés «indécents» par un porte-parole d’un président dont la popularité est nettement en baisse.

«Alors que nous discutons de l’augmentation du prix des carburants, les ministres auraient dû exprimer avec davantage de sensibilité à l’égard du public», a déclaré, le 14 mars, le vice-président du Parlement, Pramono Abung. Les manifestations contre la hausse à venir des prix des carburants sont désormais quotidiennes en Indonésie. Les ministres golfeurs ne contribueront sûrement pas à réduire la contestation.

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Indonésie Tourisme

Un nouvel aéroport pour Jakarta… en 2015

L’aéroport international de Jakarta doit tripler sa capacité d’accueil et être réorganisé. Il s’agit de rattraper ceux de Singapour, Bangkok et Kuala Lumpur.

Conçu en 1985 par Aéroports de Paris pour accueillir 22 millions de passagers par an, l’aéroport international Soekarno-Hatta de Jakarta en a «traité» 51 millions en 2011, ce qui en fait le douzième de la planète et le quatrième d’Asie (derrière Pékin, Tokyo-Haneda et Hong Kong). La nécessité d’une extension et d’une restauration a donc sonné.

Les travaux vont commencer cette année. L’objectif : porter la capacité à 62 millions de passagers en 2015 et le réorganiser pour en faire un aéroport de classe mondiale. Les complaintes s’accumulent, «de la saleté des toilettes à l’agressivité des chauffeurs de taxis sans licences», rapporte le Jakarta Globe. «Aux heures de pointe, l’aéroport déborde de voyageurs contraints à attendre plus d’une demi heure pour récupérer leurs bagages».

Les passagers doivent également s’accommoder de longues queues à l’immigration et des embouteillages sur l’autoroute qui permet de rejoindre le centre de Jakarta, situé à une vingtaine de kilomètres. «Mieux vaut tard que jamais», estime le quotidien anglophone en annonçant que le gouvernement d’Indonésie compte également consacrer, dans les dix ans à venir, 40 milliards de dollars à l’aménagement de 100 nouveaux ports.