202 tués, des centaines de blessés. Voilà dix ans, le double attentat de Bali a retourné l’opinion publique indonésienne contre le terrorisme.
Le soir du 12 octobre 2002, deux explosions de bombes puissantes dans une boîte nuit et devant un bar attenant de Kuta, à Bali, ont fait d’énormes dégâts. Elles ont tué de nombreux touristes étrangers, dont 88 Australiens, brisé de nombreuses familles, laissé des dizaines de gens handicapés à vie. Mais en Indonésie et, en règle plus générale, dans toute l’Asie, les réactions de dégoût ont été les plus fréquentes. Les musulmans – environ 200 millions de croyants en Indonésie – ont pris leurs distances à l’égard de petits groupes de fanatiques qui prêchent la haine contre les «infidèles» et le «satan américain».
Après Bali, les attentats se sont poursuivis : «Quatre attaques importantes ont ciblé des Occidentaux en Indonésie, causant la mort de 45 personnes», relève le Washington Post. La dernière, menée en 2009 contre deux palaces de Jakarta, le J. W. Marriott et le Riz-Carlton, ont tué 7 personnes. Mais entre-temps, avec des aides américaine et australienne, la lutte anti-terroriste a marqué de nombreux points. Une unité indonésienne anti-terroriste, le Détachement 88, aux méthodes à la fois efficaces et brutales, a éliminé des dizaines de terroristes. La Jemaah Islamiyah (J.I.), groupe terroriste clandestin régional et liée à Al-Qaïdah, a été démantelée. L’émir de la J.I., Abou Kabar Baachir, purge aujourd’hui une peine de quinze ans de prison pour avoir financé l’entrainement de terroristes. La plupart de ceux qui ont participé à l’attentat de Bali ont été arrêtés. Des dizaines de cadres de la J.I., ou des cellules terroristes qu’elle a engendrées, ont été tués.
Le plus probant a sans doute été l’indifférence manifestée par le public indonésien quand trois des responsables de l’attentat de Bali ont été condamnés à mort et exécutés. Si l’islamisation demeure un processus évident en Indonésie, les extrémistes n’en tirent guère profit. Les relations avec l’Australie n’ont jamais été si solides. «Les poseurs de bombes à Bali voulaient semer la haine entre les deux pays et c’est l’opposé qui s’est produit», vient d’estimer dans une chronique (The Age (Melbourne) John Howard, à l’époque premier ministre australien. En 2011, près de 800.000 touristes australiens se sont rendus à Bali, contre 268.000 en 2003 (et 346.000 en 2002). Si le terrorisme n’est pas à bout de souffle, il en sort bien affaibli : selon le Washington Post, ces deux dernières années, une quinzaine d’attaques «ont tué au total onze individus, tous des policiers, et blessés des douzaines de civils». Un bilan, certes, triste mais loin d’être inquiétant.
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