Bangkok va soutenir des médias audio-visuels en langue malaise de Pattani et poursuivre un programme scolaire pilote axé sur la promotion du dialecte.
L’Etat thaïlandais a toujours eu une politique, au mieux timide, au pire hostile, vis-à-vis de la langue malaise en cours à Pattani et de son écriture, le jawi, basée sur l’alphabet arabe avec quelques lettres des alphabets persan et urdu. Ce dialecte malais est parlé par les Malais musulmans qui constituent 90 % de la population des trois provinces méridionales de Pattani, Yala et Narathiwat. En 2006, la proposition de la Commission nationale de réconciliation, mise en place par le Premier ministre de l’époque Thaksin Shinawatra en 2004 pour trouver une solution pacifique au conflit du sud à majorité musulmane, avait suggéré de faire du malais de Pattani une «seconde langue de travail» à côté du thaï. Mais même cette suggestion de portée limitée avait été rejetée immédiatement par le président du Conseil privé du roi, Prem Tinsulanonda.
Aussi, les quelques pas faits par l’Institut Royal de Thaïlande, le très officiel établissement qui fixe les canons de la langue thaïe, pour promouvoir le malais de Pattani sont significatifs. Confirmant cette orientation, Niwattumrong Boonsongpaisan, un ministre auprès du Premier ministre, a indiqué le 16 octobre, selon le quotidien singapourien The Straits Times, que des programmes d’information sur des radios et des télévisions en langue malaise seraient renforcés avec le soutien du gouvernement. Jusqu’à présent, il existe quelques programmes en malais, gérés par des journalistes et des intellectuels du Sud, sur des radios locales avec un soutien très limité du gouvernement.
Parallèlement, un programme pilote consistant à enseigner le malais de Pattani en utilisant l’alphabet thaï, mis en place dans 15 écoles du Sud par l’université de Mahidol, va être étendu à plusieurs dizaines d’écoles. Toujours selon The Straits Times, une évaluation de ce programme a montré que, dans le Sud, les écoliers de ces établissements affichaient des performances scolaires nettement supérieures à ceux étudiant dans des écoles où seul le thaï est enseigné. Très peu de Malais musulmans de la jeune génération savent lire et écrire le jawi, utilisé principalement dans le cadre de l’instruction religieuse.
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