Les échanges verbaux acerbes entre le Premier ministre du Cambodge et l’ancien chef du gouvernement de Thaïlande tendent les relations bilatérales.
Les deux hommes ne se sont jamais appréciés, peut-être simplement parce qu’ils sont trop différents : Abhisit Vejjajiva, l’enfant des beaux quartiers de Londres, propre sur lui, mais qui se révèle aussi politicien rusé et tenace, et Hun Sen, l’ex-enfant de pagode, chef de guerre endimanché qui se complaît dans sa propre éloquence. L’un converse allègrement avec le président des Etats-Unis Barack Obama, l’autre pas. Lors d’une nouvelle passe d’armes verbale fin janvier, Hun Sen a mis au défi Abhisit Vejjajiva d’appuyer par des preuves ses propos alléguant que l’ancien Premier ministre thaïlandais Thaksin Shinawatra avait négocié secrètement des avantages économiques pour lui-même dans le cadre de la future exploitation de la zone riche en hydrocarbures à la limite des eaux territoriales entre le Cambodge et la Thaïlande.
Selon le quotidien thaïlandais The Nation, Abhisit a immédiatement rétorqué qu’il possédait un faisceau de preuves, citant notamment des télégrammes diplomatiques révélés par Wikileaks, ainsi que les propres propos de Thaksin et de Hun Sen. Avec un rien de perfidie, l’ex-Premier ministre thaïlandais Abhisit a ajouté, à propos de l’attitude changeante de Hun Sen à son égard – courtois lorsqu’il est en face de lui, désagréable sinon -, que le public «était bien conscient de quel type de personne était Hun Sen». Le gouvernement thaïlandais, alors dirigé par Abhisit Vejjajiva, avait annulé en novembre 2009 un mémorandum bilatéral sur la zone maritime revendiquée par les deux pays.
Le 24 janvier dernier, l’actuelle cheffe du gouvernement de Thaïlande, Yingluck Shinawatra, sœur cadette de Thaksin, est intervenue pour la première fois afin d’essayer de calmer la polémique. Selon le quotidien Bangkok Post, elle a demandé à Abhisit d’arrêter de répondre du tac au tac aux déclarations de Hun Sen, afin de ne pas compromettre les relations entre les deux pays. Beaucoup d’observateurs s’inquiètent de même des conséquences de cette guerre verbale. Le Nation a estimé, dans un éditorial publié le 25 janvier, que si le Cambodge continuait à miser uniquement sur Thaksin, les liens bilatéraux risquaient une déstabilisation permanente, mais a également reproché à l’opposition thaïlandaise de se complaire dans un jeu stérile de distribution des blâmes.
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