La figure charismatique de l’opposition birmane a réservé sa première visite à l’étranger depuis 24 ans à ses concitoyens immigrés en Thaïlande.
Ils étaient des milliers à l’attendre depuis tôt dans la matinée : des femmes aux joues poudrées de tanaka brandissant des portraits de la Dame de Rangoon et de son père, le héros de l’indépendance birmane Aung San, des hommes en sarong une rose à la main, tous hurlant «Daw Suu» (Madame Suu) et chantant. Compressés dans une ruelle de Mahachai, une ville au bord du golfe de Thaïlande où sont implantées de nombreuses usines qui emploient des dizaines de milliers de Birmans, ils voulaient tous apercevoir leur héroïne, celle dont ils entendent parler depuis un quart de siècle mais qu’ils n’ont jamais vue. «Tout le monde l’aime ici. Elle est un peu comme notre mère. Nous sommes très contents qu’elle ait pu sortir du pays», indique, frémissante d’émotion, Zarchi Htike, une interprète qui travaille dans une usine de la ville.
Quand le cortège transportant Aung San Suu Kyi arrive, l’ambiance devient chaotique. Des cameramen tombent de leur perchoir, poussés par la pression de la foule. Les policiers thaïlandais sont débordés. Aung San Suu Kyi, vêtue d’un chemisier à fleurs et d’un foulard blanc apparaît au balcon de l’immeuble d’un compartiment chinois. «Je vois tellement de Birmans que j’ai l’impression d’être en Birmanie», dit-elle dans un micro. Quelques-uns dans la foule ne peuvent retenir leurs larmes. Pour ces ouvriers birmans, souvent considérés comme des citoyens de seconde classe en Thaïlande, la décision d’Aung San Suu Kyi de leur rendre visite en priorité leur procure joie et fierté.
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