Problèmes de financement, changements de personnel, santé déficiente des accusés… le procès des leaders Khmers rouges pourrait connaître une fin prématurée.
L’idée d’un «grand procès» qui permettrait à la fois de rendre la justice et de faire la lumière sur la période khmère rouge s’est évanouie dans bien des esprits. Changements incessants d’avocats, de procureurs et de juges, vieillissement des trois ex-leaders khmers rouges en train d’être jugés (l’ex-numéro deux du régime Nuon Chea a 86 ans, l’ancien chef de la diplomatie Ieng Sary également et l’ex-chef d’Etat Khieu Samphan 81 ans), lassitude des pays donateurs, ingérences du gouvernement du Cambodge: la crise qui menaçait depuis longtemps se fait de plus en plus précise, à tel point que nombreux sont les observateurs estimant que la procédure n’ira pas plus loin que le procès actuellement en cours. Le «cas numéro deux» qui concerne les trois anciens leaders cités plus haut a été scindé par les juges en une série de mini-procès dont le premier, en cours, porte sur l’évacuation forcée de Phnom Penh ordonnée par les Khmers rouges le 17 avril 1975. Si le procès s’en tient à cet événement, cela signifie que les innombrables exécutions, séances de tortures et autres crimes commis au cours ou immédiatement après l’évacuation ne seront jamais jugés.
L’hospitalisation durant cinq jours d’Ieng Sary en mai pour cause de bronchite a souligné l’état de santé déclinant des accusés, parmi lesquels Khieu Samphan paraît être le plus vaillant. L’administration du tribunal est aussi frappée par une pénurie de fonds, due aux réticences de plus en plus fortes des pays donateurs à financer un procès dont la crédibilité semble sujette à caution à cause des nombreuses ingérences du gouvernement cambodgien. Il manque 22 millions de dollars (17,6 millions d’euros) pour l’année 2012. Le 21 juin, le procès sur l’évacuation de Phnom Penh, qui en était à sa 78ème journée, a été ajourné pour un mois. Un seul accusé a été jugé jusqu’à présent, l’ancien chef du centre de torture S-21 Kang Khek Ieu alias Duch, condamné en février dernier à la prison à perpétuité.
En savoir plus sur Info Asie
Subscribe to get the latest posts sent to your email.