Le scandale de la vente des sous-marins français en Malaisie s’épaissit et touche, par ricochet, l’Allemagne.
Le gouvernement de Malaisie a convoqué l’ambassadeur d’Allemagne à Kuala Lumpur après avoir appris que celle-ci avait financé en 2010 un projet de l’organisation malaisienne de protection des droits de l’Homme, Suaram. Selon un communiqué du ministère malaisien des Affaires étrangères, « l’action de l’ambassade d’Allemagne (…) peut être considérée comme une ingérence dans les affaires intérieures d’un Etat souverain ». Cette étrange intervention du gouvernement malaisien s’éclaire si l’on rappelle que Suaram a déposé l’an dernier une plainte devant la justice française pour corruption contre le premier ministre Najib Razak dans l’affaire de l’achat de deux sous-marins français Scorpène en 2002. Lors de cette affaire d’une grande complexité, 114 millions d’euros ont été versés par la Direction des Chantiers Navals (DCN) à des sociétés intermédiaires dirigées par Abdul Razak Baginda, un conseiller proche de Najib, lequel était à l’époque ministre de la Défense.
Ajoutant une touche de roman noir à cette saga, l’amante d’Abdul Razak Baginda, l’interprète mongole Altantuya Shaariibuu, avait été horriblement assassinée par deux policiers employés par les services du ministère de la Défense en 2006 après qu’elle eut réclamé sa part de la commission. Depuis le dépôt de la plainte, les comptes de Suaram sont passés au crible par plusieurs agences gouvernementales, lesquelles l’ont même accusée de blanchiment d’argent. La publication par le site Asia Sentinel de nombreux documents saisis par la justice française semble avoir poussé le gouvernement malaisien à lancer cette campagne à l’encontre de Suaram.
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