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Politique Thaïlande

Pardon royal pour deux détenus pour crime de lèse-majesté en Thaïlande

Le roi Bhumibol de Thaïlande a accordé un pardon royal à deux personnes détenues pour avoir insulté la famille royale.

Warawut Thanungkorn, un militant Chemise rouge (anti-establishment), avait été condamné à trois ans de prison en 2011 pour avoir insulté la famille royale dans un discours prononcé au plus fort de la crise politique en avril-mai 2010. C’est à la même époque que Suriyan Kokpeuay, un réparateur de chaussures, avait appelé l’hôpital Siriraj de Bangkok, où le roi Bhumibol est hospitalisé depuis 2009, pour déclencher une alerte à la bombe. Il avait été aussi condamné à trois ans de prison pour crime de lèse-majesté en 2011. Un membre du personnel pénitentiaire de la prison de Klong Prem a annoncé le 24 août qu’ils avaient tous deux reçu un pardon royal. Le pardon royal n’est accordé que quand une demande a été faite au préalable par le condamné et que celui-ci a purgé au moins un tiers de sa peine.

Selon certaines organisations de protection des droits de l’Homme en Thaïlande, les prisonniers pour crime de lèse-majesté devraient presque tous recevoir un pardon royal dans les mois à venir – un moyen, selon ces organisations, pour la famille royale de restaurer un peu son image sérieusement écornée par les tensions politiques.

Parallèlement, l’organisation Reporters Sans Frontières, basée à Paris, a dénoncé les mauvais traitements infligés en prison aux détenus pour crime de lèse-majesté. Selon l’organisation, plusieurs exemples montrent que ces détenus sont battus par d’autres prisonniers à la demande des gardiens, ou parfois même de manière spontanée. Une association regroupant les « victimes de l’article 112 », établie en juillet, avait déjà dénoncé ces pratiques. L’article 112 du Code pénal punit les insultes envers le roi, la reine ou le prince héritier d’une peine de prison entre trois et quinze ans.

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Politique Thaïlande

Thaïlande : le chef des Chemises jaunes en procès pour lèse-majesté

Sondhi Limthongkul, le leader des Chemises jaunes ultra-royalistes, comparaît devant la Cour pénale de Thaïlande pour insulte envers la monarchie.

Le procès pour lèse-majesté de Sondhi Limthongkul, le magnat de la presse et leader des Chemises jaunes conservatrices, a débuté le 22 août à Bangkok, devant la Cour pénale de Bangkok. Sondhi est, d’une certaine manière, pris à son propre piège. Depuis 2005, celui qui a créé le groupe de presse Manager s’est fait une spécialité d’accuser ses opposants d’offense envers la famille royale de Thaïlande, laquelle est protégée par l’article 112 du Code pénal qui punit d’une peine entre trois et quinze ans de prison quiconque insulte le roi, la reine ou le prince héritier. Sondhi est accusé d’avoir répété, durant un discours en 2008, des propos insultant envers l’institution royale tenue par Daranee Charnchoengsilapakul, une militante Chemise rouge opposée à l’establishment conservateur, jugés insultants pour la famille royale.

Selon un principe que le père Ubu n’aurait probablement pas désapprouvé, répéter des propos jugés être lèse-majesté est en soi lèse-majesté. Sondhi se retrouve donc devant le tribunal pour avoir cité les propos de Daranee, laquelle a été condamnée à quinze ans de prison pour insulte contre la famille royale. Au premier jour de son procès, Sondhi s’est défendu en affirmant que son objectif « était seulement de dire aux gens qu’il y avait une insulte envers la monarchie et d’encourager la police à agir contre ceux qui ont tenu ces propos ». Sondhi Limthongkul a déjà été condamné à une peine de vingt ans de prison pour fraude financière. Il a été libéré sous caution durant la procédure d’appel.

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Société Thaïlande

Steve Jobs réincarné en un être divin selon une secte de Thaïlande

Le co-fondateur et PDG d’Apple Inc résiderait dans un univers parallèle, non loin du lieu où il travaillait de son vivant.

Si la question de savoir ce qu’était devenu et où se trouvait Steve Jobs, après son décès causé par un cancer du pancréas en octobre 2011 vous turlupine, le mouvement bouddhiste Dhammakaya, une secte thaïlandaise basée dans un temple de la province de Pathum Thani, au nord de Bangkok, a trouvé la réponse. Et elle l’a diffusée sur sa chaîne de télévision cablée et sur son site internet. Selon Phra Thepyanmahamuni, l’abbé du temple, l’ingénieux ingénieur a récolté les fruits d’un riche karma marqué par deux tendances : sa soif de connaissances scientifiques et sa volonté de les transmettre au public et son tempérament colérique. Dès lors, Steve Jobs serait désormais un être divin « moitié-Withayathorn, moitié-Yak » – le Yak est le gardien géant pourvu de crocs que l’on peut voir à la porte de nombreux temples thaïlandais et Withayathorn est une pure invention de l’inspiré abbé.

L’abbé de Dhammakaya descend à un degré de précision étonnant, permis sans doute par ses supra-facultés, et indique que l’avatar de Steve Jobs réside dans « un immeuble de six étages, simple et bien conçu, bâti à l’aide de grandes quantités d’argent et de crystal et qui se trouve près de là où il travaillait pendant sa période humaine ». Et, comme vous vous en doutez, le Dieu-Steve est assisté de vingt « serviteurs célestes » grâce aux dons généreux qu’il a versés pour diverses causes de son vivant.

Cette dernière indication livre peut être la clé du message de l’abbé de Dhammakaya, lequel peut se résumer comme suit : si vous admirez Steve Jobs, faites des dons au temple Dhammakaya. Fondé dans les années 1970, le temple se démarque du bouddhisme Theravaddha thaïlandais, basé sur la recherche de la dissolution du Soi dans le Nirvana, et s’inspire de l’école du bouddhisme Mahayana, moins stricte et peuplée d’un panthéon coloré de divinités. Mélangeant religion et capitalisme, Dhammakaya pousse ses nombreux fidèles issus des classes moyennes urbaines de Bangkok à faire des dons pour enrichir leur karma et renaître dans de bonnes conditions.

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Société Thaïlande

Thaïlande : arsenic, demoiselle et vieux aristocrates

Après dix-sept ans de procédure, la Cour suprême a condamné une orpheline à quatre ans et huit mois de prison pour avoir empoisonné son époux membre de la haute aristocratie.

La saga sordide de la mort du prince Thitipan Yugala, un parent éloigné du roi de Thaïlande, s’est close le 17 août avec l’arrêt de la Cour suprême qui a condamné à la prison l’épouse du prince, Mom Louk Plaa ou Bébé poisson, âgée de 42 ans, pour avoir empoisonné son mari en versant de l’insecticide dans sa tasse de café en août 1995. L’affaire avait, un temps, ému une partie de l’opinion thaïlandaise car elle avait permis de lever un coin du voile sur le comportement peu reluisant d’une partie de la haute aristocratie de Thaïlande, un sujet très rarement évoqué dans les médias du royaume.

L’histoire de Bébé poisson ressemble à un conte de fée qui vire au mauvais film de série B. A quatre ans, Bébé poisson avait été abandonnée par ses parents et recueillie dans la famille princière de Bhanubhandh Yugala, vieil aristocrate qui détient le rang de Mom Chao, c’est-à-dire d’un rejeton issu de l’union de deux Altesses Royales. A l’âge de 14 ans, Bébé poisson avait été violée par le fils du prince Bhanubhand Yugala, le prince Thitipan Yugala, puis était devenue son « objet sexuel ». A l’âge de 24 ans, Bébé poisson avait épousé le prince Thitipan, alors âgé de 59 ans. Mais très vite, Bébé poisson s’était consolée auprès d’un vendeur de marrons de son âge. Un an après, le prince Thitipan était retrouvé mort dans sa demeure. Les analyses montrèrent que son corps contenait une forte dose d’insecticide. Deux ans après, Bébé poisson confessa avoir versé de l’insecticide dans le café du prince, mais elle revint ensuite sur cette déclaration.

L’histoire se compliqua encore quand deux maîtresses du prince défunt apparurent pour réclamer leur part de l’héritage. En 2000, l’éditorialiste du Bangkok Post Sanitsuda Ekkachai, écrivit : « comme à l’époque féodale, Louk Plaa a été violée dans son tout jeune âge par son père adoptif et maître, le prince Thitipan. (…). Celui-ci n’a jamais hésité à la présenter comme sa ‘machine sexuelle’ ». Bébé poisson avait été acquittée en 2005 par la Cour d’appel pour manque de preuves. C’est ce verdict qui a été infirmé le 17 août par la Cour suprême. En 2002, elle avait été condamnée en première instance à six ans de prison.

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Analyse Thaïlande

Chronique de Thaïlande : le passé recréé

Un marché traditionnel de la province de Suphanburi connait un boom touristique, voit l’argent affluer et perd une partie de son âme.

Il y a une quinzaine d’années, il était très agréable de prendre un café traditionnel sur une des tables rondes de marbre de l’échoppe chinoise au bord du fleuve Ta Chin, dans le chef-lieu de district de Sam Chuk, dans la province centrale thaïlandaise de Suphanburi. Cette famille sino-thaïlandaise tient le café depuis plusieurs générations. L’un des oncles torréfie le café lui-même dans un grand fourneau placé sur un ponton flottant sur la Ta Chin. Du café, on pouvait voir un grand pont en bois qui enjambait le fleuve et une charmante grande bâtisse de plain-pied, aussi en bois, qui servait de siège au chef-lieu de district. L’air embaumait des odeurs mentholées de médecine traditionnelle et des vapeurs piquantes de piment rissolé. Il y a environ douze ans, un chef de district a décidé que le pont et la bâtisse de bois étaient désuets, les a fait détruire et a érigé à la place des ouvrages en béton et ciment, devant lesquels il a fait placer une statue en fonte du roi Rama V (règne 1868-1910).

Ces cinq dernières années, je suis retourné très rarement au café chinois. L’une des raisons est que là où l’on voyait autrefois quelques habitués, il y a maintenant une noria serrée de familles, grand-mères et enfants à la traîne, qui occupent l’ensemble des tables. C’est un peu avant cela que les autorités locales ont eu l’idée brillante de mener une campagne marketing sur le thème : le marché séculaire de Sam Chuk (talaat loi pi). La sauce a très vite pris. Le marché traditionnel en bois, jusqu’alors livré aux toiles d’araignées, a été nettoyé. Un musée glorifiant un chef de district chinois, venu des rangs du Kuo Min Tang, a été ouvert. L’Unesco a décerné au district un prix en 2008. Et des foules de touristes sont arrivées de Bangkok et des autres provinces. On y croise même régulièrement des Occidentaux.

Les autorités de Sam Chuk – c’est-à-dire les leaders du district et le comité des commerçants du marché – ont compris que le passé siamois, avec ses chanteurs surannés, sa quiétude pseudo-rurale et sa vaste gamme culinaire, pouvait séduire et rassurer les Thaïlandais des villes, en quête d’un divertissement nostalgique le temps d’un week-end. Et donc pouvait être commercialisé. Mais, une partie de ce passé ayant déjà été détruit car jugé dépassé et non rentable, il fallait le récréer ou du moins créer quelque chose qui puisse être vu par des gens venus de l’extérieur comme étant « le passé authentique de Sam Chuk ». Les ruelles, jusqu’alors couvertes de bitume, ont été pavées de beaux carreaux de carrelage. Une maquette de Sam Chuk a été installée au rez- de-chaussée du musée (on peut y voir l’ancien pont en bois). Un grand portail en bois, portant en thaï et en chinois l’inscription «marché séculaire de Sam Chuk», a été érigé à l’entrée du marché. C’est le lieu favori des visiteurs qui se font prendre en photo.

D’autres innovations plus douteuses sont apparues. Là où se trouvaient le magasin pour les pêcheurs, le marchand de vélos, la vieille échoppe du photographe où trônaient d’antiques appareil Kodak se sont installés des centaines d’étals tenus par des gens des alentours, lesquels vendent des jouets en plastique Made in China, des t-shirts « marché séculaire » et des recréations d’objets artisanaux en bois ou en fer forgé. Un nouveau « Sam Chuk ancien » est inventé pour répondre à la demande des touristes amenés par des flottes d’autocar.

Les bénéfices de cette explosion sont importants. Des milliers d’emplois sont créés. Les paysans qui trimaient dans leur rizière loin du marché ont investi dans ces étals de bibelots qui rapportent des profits hebdomadaires. L’argent coule à flots et les politiciens du district s’offrent de nouvelles limousines. Sam Chuk fait pâlir d’envie les districts aux alentours qui n’ont pas eu la même ingéniosité pour exploiter leur image. Quelque chose, toutefois, est perdu dans l’opération. Une certaine authenticité, bien sûr, mais aussi un naturel et une simplicité, qui ont laissé place à une plus grande agressivité commerciale. La Thaïlande n’est pas la seule à récréer son passé pour satisfaire les touristes. Luang Prabang, Siem Reap, Venise et Tolède sont passés par là. Faut-il s’en plaindre ? Ou peut-être, comme le disait un personnage de Marguerite Yourcenar, faut-il ne pas déplorer ce qui n’est plus, mais se réjouir de ce qui a été ?

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Société Thaïlande

Une prison de Thaïlande au centre d’un vaste trafic de drogue

L’agence gouvernementale thaïlandaise de lutte contre le blanchiment d’argent (Amlo) a révélé que cinq détenus d’une prison située dans le sud du royaume contrôlaient un important trafic de drogue.

Selon une enquête de l’Amlo, cinq détenus de la prison de Nakhon Sri Thammarat, dans la péninsule méridionale de la Thaïlande, ont organisé un vaste trafic de drogue s’élevant à 350 millions de bahts (9,2 millions d’euros) avec la complicité de membres du personnel pénitencier. Le quotidien Bangkok Post a précisé dans un article publié le 16 août que ces détenus possédaient cinq comptes bancaires et qu’ils faisaient des virements à des centaines d’autres comptes dont certains étaient détenus, via des mandataires, par des fonctionnaires. Le colonel Sihanart Prayoonrat, secrétaire-général de l’agence anti-blanchiment, a estimé que cette opération n’était que l’un des nombreux trafics de drogue organisés à partir de cette prison. « Le montant total du trafic pourrait atteindre un milliard de bahts (26 millions d’euros) », a-t-il assuré.

L’enquête est en cours et devrait aboutir rapidement à des inculpations. L’agence anti-blanchiment effectue aussi des contrôles dans les prisons de Bang Kwang et de Klong Prem, à Bangkok, ainsi que dans celles de Rayong, de Khao Bin et de Klong Phai, où elle suspecte l’existence de trafics similaires.

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Sports Thaïlande

Une athlète thaïlandaise accusée de lèse-olympisme

Une plainte pour violation du règlement olympique a été déposée contre l’haltérophile thaïlandaise Pimsiri Sirikaew.

Lorsqu’elle a reçu sa médaille d’argent d’haltérophilie dans la catégorie des 58 kilos le 30 juillet dernier, l’athlète thaïlandaise Pimsiri Sirikaew s’est conformée à une longue tradition chez les médaillés olympiques du royaume : brandir un portrait du roi Bhumibol Adulyadej de Thaïlande lors de la cérémonie de remise des médailles. Habituellement, ces démonstrations de ferveur sont tolérées, mais cette fois-ci, une plainte a été déposée contre la sportive, selon le site spécialisé sur l’Asie du Sud-Est New Mandala. Selon la plainte, le fait de montrer une photo du roi de Thaïlande au public dans l’enceinte olympique pourrait enfreindre l’article 50 de la charte olympique, lequel dispose qu’aucune démonstration de propagande politique, religieuse ou raciale n’est permise dans les sites olympiques.

Le boxeur Somluck Kamsing avait été le premier à brandir un portrait du roi juste après avoir remporté une médaille d’or aux Jeux olympiques d’Atlanta en 1996 – la première médaille d’or thaïlandaise. Par la suite, ce geste avait été reproduit par presque tous les médaillés thaïlandais. Selon Pavin Chachavalpongpun, auteur de l’article sur New Mandala, seuls les sportifs thaïlandais et nord-coréens montrent des photos de leur chef d’Etat lors des événements sportifs. Aux Jeux olympiques de Mexico en 1968, deux athlètes afro-américains, Tommie Smith et John Carlos, avaient levé le poing sur le podium après avoir reçu leur médaille pour la première et la troisième place du 200 mètres dans un geste de protestation contre le racisme aux Etats-Unis. Les deux athlètes furent expulsés des Jeux sur décision du président du Comité international olympique, lequel avait jugé que leur geste était une prise de position politique.

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Thaïlande

En Thaïlande, gare au Uzi

Un sénateur thaïlandais a accidentellement tué son secrétaire quand une décharge est partie de son pistolet-mitrailleur fabriqué en  Israël.

L’accident s’est déroulé le dimanche 12 août dans une station de vacances de la province de Phrae, dans le nord de la Thaïlande, lors d’un repas familial à l’occasion de la fête des mères. Selon le quotidien Bangkok Post, le sénateur Boonsong Kowawisarat a mortellement blessé son secrétaire et cousin Chanakorn Detkard, âgé de 46 ans, quand il a fait feu sur lui par erreur. Blessé d’une balle au ventre, Chanakorn est décédé lors de son transfert à l’hôpital. Selon la police, Boonsong, âgé de 56 ans et sénateur de la province de Mae Hong Son, va être inculpé d’homicide involontaire et risque une peine maximale de 10 ans de prison.

D’autres compte-rendus de l’accident dans la presse ou par les médias audiovisuels créent toutefois une certaine confusion sur les circonstances exactes du drame. Selon le site internet de la télévision NationChannel, la décharge est partie quand le sénateur a retiré l’Uzi de son sac pour le poser sur la table. Selon la version du quotidien Matichon, le sénateur avait déjà posé le fusil d’assaut sur la table et c’est quand il a voulu, preuve de son savoir-vivre, ranger l’Uzi à la demande des autres convives que le coup est parti. La version de la mère de l’accusé est que l’arme avait été amenée et déposée sur la table par le secrétaire – la future victime. Le sénateur a voulu ranger l’Uzi et pan ! Enfin, selon le quotidien The Nation du 14 août, ce n’est pas le secrétaire du sénateur qui a été tué, mais la femme de ce dernier. Bref, la vérité est en marche, mais elle n’est pas encore arrivée.