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Contentieux de Phrea Vihear : la Thaïlande fourbit ses armes

Le ministère thaïlandais des Affaires étrangères va contester la compétence de la Cour internationale de justice.

Darm Boontham, haut-fonctionnaire du Département des traités et des affaires légales, division du ministère thaïlandais des Affaires étrangères, a exposé, lors d’une audition parlementaire le 16 janvier, la stratégie de la Thaïlande face à la Cour internationale de justice (CIJ) lorsqu’elle celle-ci statuera sur la «demande d’interprétation» de l’arrêt de 1962. En juin 1962, la Cour internationale de justice, basée à La Haye, a attribué la souveraineté sur le temple de Preah Vihear, revendiqué par la Thaïlande et le Cambodge, à ce dernier, mais elle ne s’est pas prononcée sur le périmètre autour du temple. Depuis 2008, des incidents entre les militaires des deux pays se sont multipliés dans ce périmètre. Bangkok et Phnom Penh revendiquent tous deux la souveraineté sur la zone de 4,6 km carrés. En avril 2011, le Cambodge a demandé à la CIJ d’interpréter son arrêt de 1962, en en précisant « la portée et la signification ». La Cour doit rendre son jugement en octobre 2013.

Selon les propos de Darm Boontham devant la Commission parlementaire sur la sécurité d’Etat, rapportés par le Bangkok Post, la Thaïlande va contester la compétence de la CIJ sur la question de l’interprétation de l’arrêt de 1962. D’après Darm, la Cour cherche à interpréter un nouvel aspect (i.e. la souveraineté sur le périmètre de 4,6 km carrés) qui n’était pas compris dans l’arrêt initial. Un autre point de l’argumentation thaïlandaise sera de souligner le fait qu’une clôture avait été érigée par la Thaïlande en 1962 pour isoler le périmètre contesté du temple proprement dit et que le Cambodge n’a pas émis de protestation quant à l’établissement de cette clôture. Ces deux arguments semblent faibles d’un point de vue juridique. Il paraît difficile d’utiliser une mesure coercitive, comme l’établissement d’une clôture gardée par des militaires, pour justifier une revendication territoriale. Darm Boontham a toutefois indiqué que Bangkok acceptera le jugement de la Cour quel qu’il soit.

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Thaïlande

Thaïlande : haro sur les criminels étrangers

Le bureau de l’immigration thaïlandais se donne pour objectif d’éradiquer les malfrats étrangers sur le sol national en 2013.

C’est un exemple parmi d’autres, mais il témoigne de ce que les malfaiteurs étrangers se sentent fort à l’aise pour opérer en Thaïlande. La corruptibilité de la police, la facilité de se fondre dans la masse des touristes et l’existence de réseaux communautaires bien protégés des regards curieux font du royaume un paradis pour les hors-la-loi. Un Américain age de 53 ans a été arrété début janvier après avoir été accusé d’avoir subtilisé l’équivalent de deux millions de bahts (50.000 €) en espèces et en biens dans un hôtel de l’île de Koh Samui, dans le sud du pays. Il avait notamment dévalisé 52 coffres gardés par une agence de voyage à l’intérieur d’un hôtel. A l’occasion de l’annonce de cette arrestation, le général de police Panu Kerdlappol, chef du bureau de l’immigration, l’a déclaré haut et clair : le crime étranger ne passera pas.

Selon le Bangkok Post, dix groupes de nationalités activement impliqués dans des activités criminelles ont été identifiés par le Bureau. Les Sud-Américains, notamment les Mexicains, les Colombiens et les Guatémaltèques affectionnent les vols dans les hôtels. Les Russes dominent le proxénétisme. Les Africains, les Iraniens et les Irakiens sévissent dans le trafic de drogue. Les Européens et les Américains brillent dans le secteur des crimes informatiques. Tous ces groupes seront ciblés dans la campagne de nettoyage du Bureau de l’immigration, qui précise que de nombreux autres bandits utilisent la Thaïlande comme une base de repli.

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Hong Kong Thaïlande Viêtnam

Saisie de cornes de rhinocéros en Thaïlande

La police aéroportuaire de Bangkok a saisi le 6 janvier des cornes de rhinocéros pour une valeur de 450.000 €.

La police de l’aéroport international de Suvarnabhumi, à Bangkok, avait été alertée par un informateur. Sur la base de cet indice, elle a fouillé les bagages de Pham Quang Loc, un Vietnamien âgé de 56 ans qui arrivait d’un pays africain, du Mozambique ou d’Ethiopie selon les sources. Elle y a trouvé quatre cornes de rhinocéros sectionnées en six morceaux. Les officiels de Thaïlande estiment que la cargaison, pesant un peu plus de dix kilos, a une valeur marchande de 450.000 €. Selon la loi thaïlandaise, Pham Quang Loc est passible de quatre ans de prison s’il est condamné pour trafic de parties d’animaux protégés.

Selon le site vietnamien d’information Tuoi Tre News, un autre Vietnamien a également été arrêté le 6 janvier à l’aéroport Tan Son Nhat de Ho Chi Minh-ville avec six cornes de rhinocéros, pesant un total de 16,5 kilos, dissimulées dans ses bagages. Il arrivait du Mozambique. Ces arrestations interviennent trois jours après une saisie record à Hong Kong, le 3 janvier, lors de laquelle 779 morceaux d’ivoire provenant de défenses d’éléphant et pesant un total de 1.323 kilos, ont été trouvés dans un conteneur transporté par voie maritime en provenance du Kenya. Aucune arrestation n’a encore eu lieu. L’Asie du Sud-Est est un important point de transit des produits exotiques animaliers, particulièrement des défenses d’éléphants et des cornes de rhinocéros, très demandées en Chine. Le Vietnam est également un très gros consommateur de ces produits illégaux.

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Analyse Thaïlande

Chronique de Thaïlande : la peine de mort sur le fil du rasoir

Entre 1935 et 2009, 371 condamnés à mort ont été exécutés en Thaïlande. Les autorités du pays semblent vouloir rejoindre désormais les rangs des pays abolitionnistes.

Si l’on s’en tient au nombre de peines de mort prononcées, la Thaïlande figure encore dans le peloton de tête au sein de l’Asie du Sud-Est, devancée seulement par les leaders incontestés de cette pratique macabre et inhumaine, la Malaisie et Singapour. Une peine de mort est prononcée en moyenne par semaine par des tribunaux thaïlandais, soit environ une cinquantaine par an. L’an dernier, la presque totalité de ces peines ont été prononcées dans les trois provinces du sud du pays – Pattani, Yala et Narathiwat – où une insurrection séparatiste meurtrière a repris vigueur ces huit dernières années. A la date d’octobre 2012, 649 condamnés à mort se trouvaient dans des prisons de Thaïlande, la plupart à Bang Kwang, la prison dite de « sécurité maximum » dans la banlieue nord de Bangkok. A titre de comparaison, 900 condamnés attendent leur exécution dans des geôles de Malaisie. Deux pays de la région ont aboli la peine capitale : le Cambodge depuis la constitution de 1993 et les Philippines. Un troisième, le Timor oriental, ne l’a jamais inscrite dans ses codes de lois après être devenu formellement indépendant en 2002.

Généralement, la population thaïlandaise est plutôt partisane de la « rétribution », comme l’avait montré le fort taux d’approbation de la « guerre contre la drogue » menée par le Premier ministre de l’époque, Thaksin Shinwatra, en 2003. Des suspects étaient abattus sommairement par des commandos de la police, sans autre forme de procès. Malgré cela, le royaume semble évoluer progressivement vers une position moins radicale. Quand le vice-Premier ministre, Chalerm Yoombarung, s’est engagé au début de l’été dernier à faire exécuter les condamnés à mort pour trafic de drogue « dans les quinze jours de leur condamnation », un pardon royal a été décrété pour tous les condamnés à mort dont le processus judiciaire était arrivé à terme à l’occasion de l’anniversaire de la reine Sirikit le 12 août. Chalerm semble avoir compris le message et s’est fait plus discret, du moins sur ce chapitre. Depuis que la peine de mort a été appliquée aux crimes de trafic de drogue dans les années 80, la grande majorité des peines capitales ont été prononcées dans ces cas de figure.

Un site internet mis en place par l’ONG thaïlandaise de protection des droits de l’Homme Union for Civil Liberties (1) fournit de nombreuses informations sur la peine de mort en Thaïlande. La pratique ancienne était de faire abattre le condamné au fusil mitrailleur, mais en 2003, Bangkok a changé la méthode d’exécution pour passer aux injections létales. Selon Danthong Breen, président d’UCL, une équipe thaïlandaise s’est alors rendue aux Etats-Unis pour être initiée à la méthode et, à son retour, quatre condamnés ont été exécutés au titre de la « mise en pratique ». Une fleur de lotus et des bâtons d’encens sont insérés dans les mains du condamné et un bonze (si le condamné est bouddhiste) prononce un sermon juste avant l’exécution.

Les deux dernières exécutions ont eu lieu en 2009. Avant son exécution, le condamné est autorisé à passer un unique coup de téléphone mais, comme souvent la personne à l’autre bout est absente, la famille du condamné n’est généralement informée de l’exécution que quand on lui demande de venir prendre le corps.

Le mois dernier, William Schabas, professeur de droit international, a mené une mission d’évaluation de la situation des droits de l’Homme en Thaïlande pour le compte du Bureau du Haut-Commissariat des Nations unies pour les droits de l’Homme. Il s’est vu assurer personnellement par le procureur général qu’il n’y aurait plus d’exécution capitale en Thaïlande. Toutefois, cette disposition ne sera probablement pas inscrite dans une loi. Si les propos du procureur général sont confirmés par les faits, la Thaïlande pourrait faire partie des pays abolitionnistes en 2019, quand il n’y aura plus eu d’exécution durant une période consécutive de dix ans.

(1)   http://www.deathpenaltythailand.blogspot.com/

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Analyse Société Thaïlande

Chronique de Thaïlande : recherche silence désespérement

Quelques Thaïlandais se battent pour préserver des espaces de silence dans cet univers de bruit et de fureur qu’est Bangkok.

C’est un petit groupe d’irréductibles qui organise des réunions en catimini dans de discrets restaurants de Bangkok. Universitaires, artistes, étudiants ou membres de professions libérales, ils y tiennent régulièrement des discussions chuchotées pendant une heure ou deux, avant que chacun disparaisse dans le grand brouhaha de la capitale de la Thaïlande. Cette confrérie n’est pas vouée à un culte obscur ni à une passion coupable. Elle milite, sans relâche, avec obstination, pour le droit au silence dans Bangkok, bruyante mégapole d’une douzaine de millions d’habitants, de sept millions de véhicules et de centaines de milliers de méga-sonos visant à abreuver les citoyens d’informations inutiles, de balades sirupeuses et d’insidieux messages publicitaires. Quiet Bangkok, tel qu’est baptisée cette association, a été fondée il y a une dizaine d’années par Ajarn Breen, un scientifique thaïlandais aux yeux bleus et à la barbe blanche dus à son ascendance celtique, et un petit groupe d’amis. Peu à peu, l’association s’est étoffée, regroupant un réseau informel de compagnons de route de la tranquillité. Ils alimentent un blog (http://quietbangkok.blogspot.com) et organisent parfois des excursions lorsque l’un des membres repère – évènement rare – un endroit silencieux dans la grande ville : un temple bouddhique retiré, un voisinage miraculeusement sauvé des ondes sonores ou un parc que le tsunami de décibels n’a pas encore englouti.

Expert dans le domaine de l’acoustique, Ajarn Breen peut parler des heures durant du désamour entre Bangkok et la quiétude. Dans un de ses récents articles sur le blog, il a mesuré le niveau de décibels dans un restaurant au rez-de-chaussée du Centre des fonctionnaires de Chaeng Watthana. Le verdict est sans appel : 75 décibels, soit 20 décibels de plus que le niveau acceptable pour pouvoir tenir “une conversation décontractée”. Mais, de manière intermittente, le niveau saute à 82 décibels, lorsque les clients du restaurant raclent le sol avec les pieds métalliques de leur chaise. Soit “une augmentation de 400 % du niveau de bruit” (l’échelle des décibels étant exponentielle). Les pertes auditives temporaires ou permanentes commencent à apparaître à partir d’un niveau de 90 décibels.

La relation au bruit semble comporter des éléments culturels. Qui n’est pas impressionné par les efforts que les Japonais font pour maintenir des zones de silence dans un environnement ultramoderne ? En me promenant au centre de Siam Square, le “quartier jeune” de Bangkok, je pense avoir localisé un des endroits les plus exposés aux bruits de la ville : à l’intersection de deux écrans géants vociférant leurs musiques et leur propagande, au milieu des bruits de moteur et du fond sonore du métro aérien et parmi les clameurs de la foule. A l’intérieur du métro aérien, vous n’aurez pas davantage droit à un petit repos pour votre ouïe : des hauts parleurs ont été stratégiquement positionnés sur les quais de manière à vous empêcher d’échapper au bruit où que vous vous placiez ; à l’intérieur des voitures, le relatif silence des débuts est désormais brisé par d’omniprésents écrans de télévision qui déversent spots publicitaires et informations cruciales.

Un récent séjour à Rangoon et à Mandalay fait toutefois apprécier un trait sonore de Bangkok : la quasi-absence de coups de klaxon. Paradoxalement, les Bangkokiens qui semblent se repaître dans le bruit et la fureur se montrent d’une patience exemplaire au volant. Piètre consolation. Car, comme le note Ajarn Breen sur le blog de Quiet Bangkok, le drame est que les enfants thaïlandais grandissent dans cet environnement assourdissant et, au fur et à mesure que leur ouïe est détruite, requièrent des stimulations sonores de plus en plus fortes. Le divorce entre Bangkok et le silence semble sur le point d’être consommé.

Max Constant

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Politique Thaïlande

Thaïlande : de fausses rumeurs coûtent cher à l’agent de change

Un agent de change thaïlandais a été condamné à quatre ans de prison pour avoir propagé des rumeurs concernant la famille royale sur la Toile.

Un tribunal de Bangkok a condamné le 25 décembre Katha Pajariyapong, agent de change de la firme thaïlandaise KT ZMICO, à quatre ans de prison pour avoir propagé en 2009, par internet, des rumeurs sur la santé de membres de la famille royale de Thaïlande. Ses messages avaient provoqué une chute de la bourse de Bangkok de plus de 8 %. Selon le Bangkok Post, les messages incriminés concernaient la princesse Sirindhorn, seconde fille du roi Bhumibol Adulyadej.

D’autres sources indiquent toutefois qu’il s’agissait plutôt de la propagation de rumeurs sur l’état de santé du monarque lui-même. Les questions touchant à la famille royale sont très sensibles en Thaïlande. Le contenu de propos ou de messages controversés sur cette question ne peut être dévoilé publiquement même devant le tribunal, car le fait d’exposer ou de répéter celui-ci peut lui même faire l’objet de poursuites judiciaires.

Katha Pajariyapong a été condamné au titre de la loi sur les crimes informatiques. Cette loi controversée et dénoncée par les organisations de protection de la liberté d’opinion punit ceux qui propagent des “fausses informations” via internet, lesquelles “nuisent à la sécurité nationale”. Il existe aussi une loi sur les crimes de lèse majesté, régulièrement appliquée, et qui punit de trois à quinze ans de prison toutes critiques du roi, de la reine ou du prince héritier. La Thaïlande est régulièrement critiquée par des ONG et des intellectuels pour la sévérité et l’application fréquente de ces lois.

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Analyse Thaïlande

Chronique de Thaïlande : retour sur avril-mai 2010

La mise en cause d’Abhisit Vejjajiva et de Suthep Thaugsuban dans les évènements de 2010 s’inscrit dans le cadre d’un jeu politique opportuniste.

Dans l’histoire récente de la Thaïlande, l’oubli des fautes a souvent prévalu. Les autocrates de l’après-seconde guerre mondiale ont, pour la plupart, coulé une retraite paisible. Les officiers qui ont donné l’ordre d’attaquer les manifestants en 1973, 1976 et 1992 ont dû, pour suprême sanction, abandonner leurs fonctions officielles s’ils en détenaient, sinon se contenter de se faire discret, tout en continuant de siéger au sein des conseils d’administration des plus grandes entreprises du pays. La prise de responsabilité, la reconnaissance des fautes et le bon déroulement du processus judiciaire ont habituellement été du côté des perdants.

La mise en cause d’Abhisit Vejjajiva et de Suthep Thaugsuban, respectivement Premier ministre et vice-Premier ministre au moment de la répression meurtrière des manifestations des Chemises rouges en avril-mai 2010, peut apparaître comme un progrès. Ces deux anciens gouvernants, qui n’en sont pour l’instant qu’au stade de l’interrogatoire, doivent, deux ans après les faits, faire face aux conséquences des décisions qu’ils ont prises alors qu’ils dirigeaient le pays dans une période critique. Dans une récente interview, Abhisit s’est expliqué de manière assez expéditive sur les raisons qui l’avaient poussé à faire intervenir l’armée : “avec des dizaines de milliers de manifestants bloquant le centre de Bangkok, j’aurais bien aimé voir comment vous vous y seriez pris !”. Une réponse quelque peu de mauvaise foi : tout le monde n’a pas choisi de diriger le pays. Mais force est de reconnaître que, du point de vue des gouvernants, une fois les Chemises rouges incrustées dans le centre commercial de la capitale (et vu le manque de capacité de la police anti-émeutes), le recours à la force militaire était la seule voie ouverte pour dégager le centre-ville. Et les militaires thaïlandais étant ce qu’ils sont…

Il faudrait aussi rappeler que les hommes et les femmes qui dirigeaient le principal mouvement des Chemises rouges (l’Union pour la Défense de la Démocratie, ou UDD) avaient procédé à la mobilisation de leurs troupes au début de 2010, deux semaines après la confiscation par la justice d’un milliard et demi d’euros de la fortune de l’ex-Premier ministre Thaksin Shinawatra, dans le cadre d’une stratégie avouée de provocation. Lors d’une conférence de presse au Club des correspondants de Thaïlande, Jaran Dittapichai avait indiqué que l’UDD “rassemblerait un million de Chemises rouges dans les rues et que celles-ci n’en bougeraient plus pour provoquer une réaction du gouvernement”. Un chantage à la force, en quelque sorte. L’attitude du parti pro-Thaksin Peua Thai, lequel a fortement bénéficié du soutien des Chemises rouges pour conquérir le pouvoir en juillet 2011, n’a pas laissé d’être ambiguë après sa victoire. Aussi bien les dirigeants du Peua Thai que ceux des Chemises rouges n’hésitent pas à manipuler les militants de base, souvent des ruraux des provinces ou des migrants travaillant dans les villes, quand cela leur profite. Et parfois, ils ne semblent guère se soucier des déboires des familles des victimes.

Un autre élément pousse à mettre en perspective la mise en cause formelle d’Abhisit et de Suthep : l’acharnement suspect du Département des enquêtes spéciales (DSI) dirigé par Tharit Pengdit, lequel siégait aux côtés des deux anciens gouvernants au sein de l’organisme chargé du “rétablissement de l’ordre” en 2010. Qualifier d’opportunisme le retournement de veste de Tharit, presque immédiatement après le scrutin de juillet 2011, relève de l’euphémisme. La conclusion à en tirer est que les poursuites judiciaires et les invocations morales au nom de la justice découlent de logiques mesquinement politiciennes. Ce qui était vrai lors du procès pour abus de pouvoir de Thaksin en 2008 l’est autant pour les ennuis judiciaires d’Abhisit et de Suthep en 2012.

Enfin, et c’est sans doute le défi principal à relever pour le royaume, les militaires, acteurs directs de la répression de 2010, ne sont pas inquiétés, s’abritant derrière le décret d’urgence mis en vigueur à l’époque et leur accordant une quasi-impunité, mais aussi derrière ce qu’il faut bien appeler la lâcheté des politiciens. Il est facile de lancer l’hallali sur Abhisit et Suthep. Il serait plus utile pour l’avenir d’un pays qui se dit démocratique de mettre à l’index les hommes en uniforme, lesquels continuent à croire qu’ils ont le droit et le devoir de renverser un gouvernement élu et d’utiliser la force contre des civils.

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Singapour, Jakarta, Bangkok, les plus chères pour les expats

Surprise : si Singapour est toujours en tête, Hochiminh-Ville et Hanoi se retrouvent en queue parmi les dix villes de la région les plus chères pour les expats.

En 2012, en Asie du sud-est, après Singapour, la ville la plus chère pour les expatriés est Jakarta, en dépit de la baisse récente de la roupiah indonésienne. Puis, dans l’ordre de cherté, viennent : Bangkok, Kuala Lumpur, Surabaya (le grand port de Java-est, Indonésie), Manille, Chiang Mai (nord de la Thaïlande), Johor Bahru (Malaisie), Hanoï. La ville la moins chère des dix est encore Hochiminh-Ville (ex-Saigon, Vietnam).

Tous les ans, se fondant sur les statistiques de septembre, ECA International, société de consultants, établit un index du coût de la vie pour les expatriés. Cette année, rapporté par le Jakarta Globe, cet index porte sur 425 villes situées dans 193 pays. Sur le plan mondial, Singapour demeure à la 31ème place des villes les plus chères (elle est, en 2012, dépassée pour la première fois par Pékin, 22ème, et par Shanghai, 26ème). Pour donner un élément de comparaison, Paris est classée 42ème et Rio de Janeiro 64ème.

Toujours sur le plan mondial, Jakarta (123ème) se situe donc loin derrière Singapour et les autres villes du Sud-Est asiatique occupent les rangs suivants : Bangkok (162ème), Kuala Lumpur (179ème), Surabaya (182ème), Manille (187ème), Chiang Mai (189ème), Johor Bahru (195ème), Hanoï (204ème) et Hochiminh-Ville (217ème). Seul l’ancien Saigon se situe donc dans la deuxième moitié du tableau. Tokyo demeure la ville la plus chère au monde.

Le classement de 2012 fait ressortir que les sept villes australiennes mentionnées figurent parmi les trente villes les plus chères de la planète : Sydney (16ème), Canberra (18ème), Adelaïde (21ème), Melbourne (24ème), Perth (25ème), Darwin (27ème) et Brisbane (28ème). Le coût de la vie pour les expatriés y est donc plus élevé qu’à Singapour.