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La victoire d’Obama : l’Asie du Sud-Est plutôt contente

Les gouvernants de la région ne le diront pas trop mais, à de rares exceptions près, ils sont satisfaits de voir Barack Obama demeurer à la Maison blanche.

Ils ne le diront pas trop haut, pour ne pas froisser leurs voisins chinois, lesquels n’éprouvent guère de sympathie pour ce président américain qu’ils accusent de vouloir contenir la Chine, donc au moins de contester la prééminence chinoise en Asie. Mais, au fond d’eux-mêmes, les élites d’Asie du Sud-Est se réjouissent, dans l’ensemble, du «pivot» imposé par Obama en direction de l’Asie-Pacifique tout en souhaitant que cette manifestation de fermeté américaine ne dégénère pas et assure la paix.

Dans l’immédiat, cela voudrait vouloir dire qu’un chef de d’Etat américain participera au sommet de l’Asie de l’Est prévu, du 18 au 20 novembre, à Phnom Penh au Cambodge, siège de l’un des gouvernements peut-être les plus réticents en Asie du Sud-Est à l’égard du réélu. Lors de ce qui pourrait être son premier voyage à l’étranger depuis sa réélection, Obama se retrouvera aux côtés d’un représentant de la nouvelle direction chinoise, qu’il s’agisse de Li Kequiang (premier ministre présumé) ou, plus probablement, de Xi Jinping (chef d’Etat présumé).

Un changement va avoir lieu : Hillary Clinton n’a pas l’intention de demeurer secrétaire d’Etat car elle pourrait briguer la succession d’Obama en 2016 (le deuxième mandat de ce dernier, parrainé par le populaire Bill Clinton, pourrait lui servir de tremplin). Or, pendant les quatre dernières années, Mme Clinton a sillonné le Sud-Est asiatique, se rendant à Jakarta, Nyapyidaw, Bangkok, Hanoi, etc., pour y clamer que l’Amérique est de retour, y assurer l’intérêt de son gouvernement envers un règlement pacifique en mer de Chine du sud, y gérer un engagement à l’égard de la Birmanie (Myanmar) et, enfin,  y poursuivre la normalisation avec un ancien adversaire, le Vietnam.

Les dirigeants chinois ont un a priori favorable à l’égard des Républicains américains puisque l’un d’entre eux, Richard Nixon a été le premier chef d’Etat américain à leur rendre visite en 1972. Mais ils ne savaient trop que penser de Mitt Romney, qui a tenu des propos (de campagne électorale) sévères à leur égard. Ils devront donc s’accommoder d’Obama (sans Mme Clinton, qu’ils ont reçue froidement lors de son dernier passage à Pékin). De toute façon, ils savent, comme leurs homologues d’Asie du Sud-Est, que la marge de manœuvre d’un président américain est limitée en raison du poids pris par le Congrès, lequel demeure apparemment divisé.

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Analyse Société Thaïlande

Chronique de Thaïlande : les ambiguïtés de l’occidentalisation

Sous un vernis d’occidentalisation, la Thaïlande reste fidèle à une approche à la fois opportuniste et insaisissable.

Il y a une vingtaine d’années, à la question d’un journaliste étranger sur « qu’est-ce qu’être thaïlandais ? », une étudiante en licence de sciences politiques de l’université Thammasat répondit : « C’est prendre des choses d’un peu partout et en faire un mélange qui donne, au bout du processus, quelque chose de thaï ». Peut-être sans le savoir, cette étudiante marchait dans les pas d’un illustre prédécesseur, le prince Damrong Rajanuphab, demi-frère du roi Rama V, qui déclarait au début du XXème siècle : « Les Thaïs savent comment choisir. Quand ils voient quelque chose de bon dans la culture d’autres peuples, si cela n’est pas en conflit avec leurs propres intérêts, ils n’hésitent pas à l’emprunter et à l’adapter à leurs propres conditions ».

De nombreux exemples historiques illustrent ce pragmatisme : de la centralisation bureaucratique sous le roi Rama V (règne 1868-1910) aux techniques d’accumulation du capital après la seconde guerre mondiale que les régimes militaires thaïlandais ont adoptées sans complexes quand d’autres pays de la région se barricadaient derrière des idéologies communistes ou neutralistes. Et la Thaïlande actuelle, comme le Siam d’autrefois, n’a pas exclusivement puisé dans les idées, normes et pratiques de l’Occident. Georges Coedès a exposé comment les élites des pays d’Asie du Sud-Est ont adopté et adapté la culture politique hindouiste à une époque où celle-ci jouait le rôle de modèle dans cette partie de la planète. Le bouddhisme Theravada, un des piliers de la culture thaïlandaise, est, lui, venu par Ceylan. Bien plus tard, sous le roi Rama III (règne 1824-1851), le goût chinois s’est répandu à la cour du Siam au moment où le commerce des jonques reprenait vigueur et les produits de luxe chinois inondaient les marchés de Bangkok.

Les cultures de tous les pays résultent, bien évidemment, d’une combinaison d’influences venues d’ailleurs, mais rares sont les pays, comme la Thaïlande, qui semblent apparemment offrir si peu de résistances aux incursions. Les missionnaires chrétiens venus au Siam au XVIIème siècle s’étaient mêmes montés la tête : « Nous pensons pouvoir convertir facilement le roi d’Ayutthaya », assuraient-ils à leurs supérieurs à Paris et à Rome. Résultat : la proportion de chrétiens en Thaïlande est parmi la plus faible d’Asie du Sud-Est. Mais il reste le meilleur de cette influence religieuse venue de l’Ouest : les écoles où continuent, des siècles après, d’être formée l’élite du pays. Prendre, mais ne pas se laisser dénaturer, c’est peut-être là la force de ce peuple dont certains historiens aiment à clamer le caractère unique.

Il est toutefois courant de lire, dans les vingt dernières années, des auteurs thaïlandais qui déplorent l’occidentalisation, laquelle aurait commencé à détruire une « culture thaïlandaise » empreinte d’harmonie, de respect de l’autre et d’équilibre avec la nature. Cette vision simpliste s’appuie sur des mythes entretenus par une version officielle de l’histoire véhiculée par le système scolaire. L’occidentalisation a commencé en partie de par la volonté des élites aristocratiques autour du roi Rama V, désireuses de projeter une image de « pays civilisé ». Et non pas forcément, comme il est souvent dit, parce que le Siam risquait d’être absorbé par les puissances coloniales, mais parce que les élites siamoises souhaitaient accroître leur prestige dans l’arène internationale en projetant une image de modernité et tenaient à se placer sur le même plan que les colonisateurs. Si besoin est, par imitation des Occidentaux en adoptant le « style victorien ». Lorsqu’il arriva à Java en 1896, le roi Rama V (ou Chulalongkorn) nota dans son carnet de voyage : « J’étais entouré par la foule. Mais ils s’écartèrent au fur et à mesure que j’avançais. C’est un avantage pour moi de porter un costume occidental parce que les locaux craignent les Européens ».

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Vietnam : Hôi An parmi les dix premières villes d’Asie

La vieille ville de Hôi An, sur la côte du Vietnam central, est classée huitième parmi les dix villes les plus intéressantes d’Asie.

Ce classement lui a été donné, selon le site de Tuoi Tre, par les lecteurs d’une revue américaine réputée, Condé Nast Traveler ( condenasttraveler.com/vote ). Les autres destinations urbaines parmi les dix premières sont Bangkok, Hong Kong, Kyoto, Singapour, Chiang Mai (dans le nord de la Thaïlande), UbudBali, Indonésie), Tokyo, Shanghai et Louang Prabang (Laos). La vieille ville de Hôi An, au Vietnam, a été inscrite au Patrimoine mondial de l’Unesco en 1999. Les critères de sélection fixés par Condé Nast Traveler  sont «l’ambiance, l’hospitalité, l’hébergement, la restauration, la culture et shoping», selon Tuoi Tre.

Situé à trente km au sud de la rade de Danang, le porte de Hôi An a été très actif à partir du XV° siècle et jusqu’à son ensablement au milieu XIX° siècle. Il a perdu tout intérêt stratégique à l’époque et c’est pour cette raison qu’il est demeuré à l’écart des guerres du XX° siècle. La vieille ville, appelée Faifo par les Français, a donc été préservée.

Très prospère pendant plus de quatre siècles, Hôi An a été un port sur les routes maritimes de la soie. La vieille ville est encore truffée de très belles demeures en bois de jaquier et de grands comptoirs réaménagés. 844 bâtiments y ont été répertoriés d’intérêt historique. Les maisons sont souvent colorées en jaune, avec des volets de couleur turquoise. Quatre styles se retrouvent : chinois, japonais, vietnamien, français. A l’époque de sa prospérité commerciale, la ville abritait de fortes communautés marchandes de Chinois et de Japonais. Hôi An compte aujourd’hui 120.000 habitants et sa renaissance est exclusivement liée à un fort développement du tourisme.

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Politique Thaïlande

Remaniement ministériel en Thaïlande : seuls les Shinawatra

Une réorganisation du gouvernement de Yingluck Shinawatra confirme le poids dominant de la famille Shinawatra.

Le roi Bhumibol Adulyadej de Thaïlande a approuvé le 28 octobre la nouvelle liste des ministres présentée par la cheffe du gouvernement Yingluck Shinawatra. Pour la première fois depuis mai dernier, date de la fin de leur interdiction d’activités politiques prononcée par la Cour constitutionnelle en 2007, plusieurs lieutenants de l’ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra font leur entrée dans le gouvernement dirigé par sa sœur cadette. Ainsi Pongthep Thepkanchana, fidèle d’entre les fidèles, devient vice-Premier ministre et ministre de l’Education et Pongsak Raktapongpaisal ministre de l’énergie. L’influence de la sœur de Thaksin, Yaowapha Wongsawat (dont le mari, Somchai Wongsawat avait été Premier ministre en 2008), se fait aussi sentir au travers de l’arrivée de Boonsong Teriyapirom au ministère du Commerce et de Woravat Au-apinyakul à celui des Sciences.

La cheffe du gouvernement Yingluck n’en a pas moins obtenu gain de cause à plusieurs égards. Ainsi, elle a maintenu à son poste le ministre des Finances Kittirat na Ranong, fortement critiqué pour ses « mensonges pieux » sur l’économie et a fait remplacer Withaya Buranasiri, généralement considéré comme un ministre compétent, par Pradit Sintawanarong au portefeuille de la santé. Elle a connu Pradit, gros entrepreneur immobilier, lorsqu’elle dirigeait SC Assets, la branche immobilière du conglomérat Shin Corp.

L’un des autres faits saillants de ce remaniement est l’absence de l’un des principaux leaders des Chemises rouges Jatuporn Phromphan. Un autre leader du mouvement, Nattawut Saikuar, jusqu’alors vice-ministre de l’Agriculture devient vice-ministre du Commerce. Le remaniement devrait provoquer des réactions négatives de la part de la frange la plus radicale des Chemises rouges.

 

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Analyse Thaïlande

Chronique de Thaïlande : Colin-Maillard à Bangkok

En Thaïlande, les informations sensibles sont escamotées de la vue du public, mais certains pans de la société font pression pour une plus grande transparence.

Dans toutes les sociétés, les tenants du pouvoir, les agences étatiques et les corporations d’affaires publiques ou privées recherchent, à un degré plus ou moins élevé, l’opacité sur leurs activités, tout particulièrement quand celles-ci sont  répréhensibles. Le public n’a pas à savoir, il n’est pas assez instruit pour cela. Ce serait même dangereux pour lui et pour la stabilité nationale. Les informations importantes ne sont partagées que par des petits groupes, ceux-là mêmes auxquels on peut « faire confiance », en haut de la pyramide. Car, c’est un refrain bien connu en sciences politiques : l’information c’est le pouvoir, et trop d’information à destination du public nuit au pouvoir. Le problème avec le manque de transparence, quand il est érigé en règle dans un pays, est que, lorsque l’information filtre, la surprise et la déception sont à la mesure de l’ignorance qui avait prévalu jusque-là.

De récents évènements en Chine l’illustrent : la chute de Bo Xilai, le parrain de Chongquing, après des décennies d’ascension politique jusqu’au sommet de l’Etat communiste, ou encore la révélation, par le  New York Times, de l’étendue de la fortune de la famille du Premier ministre chinois Wen Jiabao – une fortune accumulée depuis qu’il est devenu vice-Premier ministre en 1998. Il n’est guère étonnant que ni les autorités chinoises ni la famille de Wen Jiabao n’aient voulu commenté ces informations et que, depuis cette publication, le site du New York Times ait été bloqué en Chine, de même que tous les comptes twitter citant le nom de Wen Jiabao et des membres de sa famille.

Les autorités de Thaïlande et certains acteurs économiques dominants pensent aussi que la transparence est nuisible. Mais là où il y a une différence avec un Etat à tendance totalitaire comme la Chine est que le gouvernement thaïlandais ne peut guère contrôler les réactions de la société civile et des médias, principaux relais du public. Ni contrer la déception et la colère ressenties lorsque le rideau d’opacité est levé. Le scandale immédiatement après l’attribution à la mi-octobre de fréquences pour les téléphones portables 3G aux trois principaux opérateurs téléphoniques du pays en est un exemple : la collusion entre les opérateurs et le régulateur – la Commission nationale des télécommunications et de la diffusion – pour accorder ces licences au rabais était par trop flagrante. D’autres cas récents sont plus mitigés. L’enquête pour malversation financière contre un journaliste vedette de la Chaîne 3, Sorayuth Suthassanachinda, a été peu commentée dans la presse et le Matichon Hebdo a même donné l’impression qu’il n’était pas correct d’y procéder. Seuls certains journalistes et plusieurs associations professionnelles de journalistes ont pris le dossier à bras le corps, promettant de faire la lumière sur les agissements de Sorayuth, pourfendeur quotidien des injustices sur le petit écran. Celui-ci, roi de la transparence soudainement plongé en eaux troubles, se tient coi, réagissant agressivement aux questions inquisitrices et se dissimulant derrière le secret de l’instruction.

En Thaïlande, le contrôle des médias par les pouvoirs en place ou leurs mandataires permet de limiter les reportages trop hardis sur des sujets sensibles. Le gouvernement contrôle trois chaînes hertziennes de télévision, les militaires deux. La dernière, une chaîne publique, se montre prudente sur les thèmes les plus explosifs. La consigne de ne « pas faire de vagues » reste répandue, y compris dans une bonne partie de la presse écrite. Il y a trop de tabous à respecter, trop de vérités délicates, trop de dossiers sensibles. Dans la foulée de l’adoption de la « constitution démocratique » de 1997, une loi sur l’information avait tenté de protéger le droit du public de savoir en lui permettant de réclamer légalement la publication de certains documents. Mais comme l’a dit lors d’un récent séminaire l’universitaire Rangsan Thanapornphan, cité par le quotidien Bangkok Post, «l’information est un outil puissant de la bureaucratie politique thaïlandaise. Dès lors le secret est le principe clé de cette loi et non pas le droit de savoir». Ainsi, la loi ne permet pas de réclamer la publication de documents concernant le Parlement, l’appareil judiciaire ou même des documents concernant le secteur privé mais qui pourraient, selon les autorités, « affecter l’intérêt public ». Les combats actuellement menés par des groupes de la société civile et des journalistes consciencieux sur de nombreux fronts permettront de voir si, comme le chantait Jacques Dutronc, cigare aux lèvres, dans les années 60, «Colin-Maillard et Tartampion sont (toujours) les rois de l’information».

 

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Social Thaïlande Tourisme

Thaïlande: deux étrangers retrouvés morts dans un hôtel

Deux touristes, un Canadien et un Australien, ont été retrouvés sans vie dans une chambre d’hôtel. La police penche pour la thèse de l’overdose.

Selon le quotidien thaïlandais Bangkok Post, une femme de ménage a retrouvé le 26 octobre les corps sans vie du Canadien Angus Eric Campbell, 27 ans, et de l’Australien Stephen Casamel, 31 ans, dans une même chambre de l’hôtel Park Plaza, donnant sur l’avenue Sukhumvit, près du carrefour Asoke à Bangkok. La police touristique a indiqué que les deux touristes étaient morts « entre 12 et 24 heures» avant qu’ils soient découverts, et qu’une «poudre blanche» et des ustensiles pour consommer de la drogue avaient été retrouvés près des corps. Selon un policier, «lors de l’autopsie initiale, le docteur a dit qu’ils étaient morts d’une overdose de drogue». On ignore le lieu exact d’origine d’Angus Eric Campbell au Canada. Stephen Casamel était originaire de New South Wales en Australie.

En juin dernier, deux jeunes femmes originaires de Québec, les sœurs Bélanger, avaient été retrouvées mortes dans une chambre d’un hôtel de l’île de Koh Phi Phi, leur corps couverts de vomissements et portant des marques d’éruptions cutanées. La cause exacte du décès n’a pas encore été déterminée. En août, un jeune Français et un Britannique sont morts dans l’incendie d’une discothèque de l’île de Phuket, la grande île du sud de la Thaïlande.

 

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Société Thaïlande

A Bangkok, à vélo, on dépasse les autos

L’administration municipale de Bangkok lance le 28 octobre un projet de stations de location de bicyclettes dans la capitale thaïlandaise.

Ils sont verts, élégants et écologiques. Ce sont les nouveaux vélos de Bangkok, dont une centaine vont être mis, le 28 octobre, à disposition des citadins dans deux stations de location de la capitale, l’une devant le complexe commercial Chamjuree Square, à la station de métro souterrain Sam Yan, et l’autre près du nœud du métro aérien à Siam. Calqué sur le système parisien Velib, le projet thaïlandais permettra aux Bangkokois as du guidon de pouvoir, après avoir payé un abonnement annuel de 300 bahts, louer un vélo dans l’une des stations pour un tarif très bas, à charge de le restituer ensuite à n’importe quelle autre station. Les premières quinze minutes seront gratuites, puis le tarif sera progressif : 10 bahts pour 45 minutes, 20 bahts pour trois heures et 100 bahts pour la journée. D’ici à quatre mois, l’administration métropolitaine de la capitale compte avoir installé 50 stations avec un total de 330 bicyclettes, moyen astucieux pour déjouer les embouteillages célèbres de la mégapole.

L’obstacle majeur constitue l’absence de pistes cyclables qui rend les trajets en vélo particulièrement dangereux dans une ville sillonnée par près de 7 millions de voitures. Les rares pistes cyclables sont, le plus souvent, dessinées sur les trottoirs et les cyclistes doivent jouer des coudes avec les piétons et les colporteurs pour se frayer un chemin. Quelques centaines de bicyclettes vont-elles permettre de faire une différence ? Misons sur l’avenir, car, comme chacun sait, Bangkok ne s’est pas faite en un jour.

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Politique Thaïlande

La Thaïlande promeut le dialecte malais du Sud

Bangkok va soutenir des médias audio-visuels en langue malaise de Pattani et poursuivre un programme scolaire pilote axé sur la promotion du dialecte.

L’Etat thaïlandais a toujours eu une politique, au mieux timide, au pire hostile, vis-à-vis de la langue malaise en cours à Pattani et de son écriture, le jawi, basée sur l’alphabet arabe avec quelques lettres des alphabets persan et urdu. Ce dialecte malais est parlé par les Malais musulmans qui constituent 90 % de la population des trois provinces méridionales de Pattani, Yala et Narathiwat. En 2006, la proposition de la Commission nationale de réconciliation, mise en place par le Premier ministre de l’époque Thaksin Shinawatra en 2004 pour trouver une solution pacifique au conflit du sud à majorité musulmane, avait suggéré de faire du malais de Pattani une «seconde langue de travail» à côté du thaï. Mais même cette suggestion de portée limitée avait été rejetée immédiatement par le président du Conseil privé du roi, Prem Tinsulanonda.

Aussi, les quelques pas faits par l’Institut Royal de Thaïlande, le très officiel établissement qui fixe les canons de la langue thaïe, pour promouvoir le malais de Pattani sont significatifs. Confirmant cette orientation, Niwattumrong Boonsongpaisan, un ministre auprès du Premier ministre, a indiqué le 16 octobre, selon le quotidien singapourien The Straits Times, que des programmes d’information sur des radios et des télévisions en langue malaise seraient renforcés avec le soutien du gouvernement. Jusqu’à présent, il existe quelques programmes en malais, gérés par des journalistes et des intellectuels du Sud, sur des radios locales avec un soutien très limité du gouvernement.

Parallèlement, un programme pilote consistant à enseigner le malais de Pattani en utilisant l’alphabet thaï, mis en place dans 15 écoles du Sud par l’université de Mahidol, va être étendu à plusieurs dizaines d’écoles. Toujours selon The Straits Times, une évaluation de ce programme a montré que, dans le Sud, les écoliers de ces établissements affichaient des  performances scolaires nettement supérieures à ceux étudiant dans des écoles où seul le thaï est enseigné. Très peu de Malais musulmans de la jeune génération savent lire et écrire le jawi, utilisé principalement dans le cadre de l’instruction religieuse.