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Thaïlande

Tempête de critiques sur le 3G en Thaïlande

Le processus d’attribution des licences téléphoniques 3G aux opérateurs thaïlandais est fustigé pour n’avoir pas suffisamment stimulé la compétition parmi les candidats.

« Ce sont probablement les licences pour téléphones 3G les moins chères du monde ces quinze dernières années », estime Paiboon Amornpinyokeat, un expert des technologies de télécommunication cité par le quotidien thaïlandais Bangkok Post. Il fait allusion à l’attribution des fréquences 3G allouées le 16 octobre aux trois grands opérateurs thaïlandais Advanced Information Services (AIS), True et Dtac par la Commission nationale pour les télécommunications et la diffusion (NBTC) dans le cadre d’un appel d’offres. Ce sont les conditions de cet appel d’offres qui sont l’objet de nombreuses critiques. Neuf licences étaient en jeu. Le prix de départ des licences avait été fixé en dessous de leur valeur réelle. En conséquence, les trois opérateurs ne sont pas entrés en compétition, mais se sont répartis les licences à moindre prix.

Selon Somkiat Tangkitvanich, président de l’Institut thaïlandais de recherche pour le développement (TDRI), un centre de recherches sur l’économie respecté, la perte pour les contribuables se chiffre à 16,3 milliards de bahts (41 millions d’euros). Suriyasai Kasetsila, le leader du groupement politique Green Politics s’est exclamé : « C’est l’appel d’offres le plus ridicule que j’ai vu au monde. Six licences ont été données gratuitement et, pour les trois autres, il y a des offres rivales seulement pour créer l’apparence de la compétition ». Six des licences ont été acquises par les opérateurs au prix de départ de l’appel d’offres et les trois autres à un prix légèrement supérieur au prix de départ. Suriyasai Kasetsila dit envisager un recours devant le tribunal administratif ou la saisine de la Commission nationale anti-corruption. Quant à Somkiat du TDRI, il suggère que la limite maximale fixée à 49 % des parts pour les investisseurs étrangers dans les entreprises de télécommunications devrait être levée pour attirer les entreprises étrangères et stimuler la compétition.

 

 

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Indonésie Politique

Indonésie : le président appuie la lutte contre la corruption

Le chef de l’Etat a ordonné à la police de ne plus intervenir dans une enquête sur l’un de ses dirigeants soupçonné de corruption. Une intervention rare et qui s’accompagne d’un bémol.

Le général de police Djoko Susilo est soupçonné d’avoir perçu une commission illicite de quelque 150.000 € sur des fournitures de matériel à la police nationale. La KPK – Commission (officielle) chargée de l’éradication de la corruption en Indonésie – s’est donc saisie du dossier. La police nationale a aussitôt protesté, disant que l’enquête était de son ressort. Ce type de conflit prend mauvaise tournure depuis que la KPK s’est mise à enquêter sur des généraux de police alors que les deux institutions devraient s’entraider dans leurs recherches (et que des officiers de police sont détachés auprès de la KPK pour l’aider dans ses enquêtes).

Mais, cette fois-ci, les policiers y ont été un peu fort. Ils ont monté un raid sur le QG de la KPK pour tenter d’y arrêter, dans la soirée du 5 octobre, un commissaire de police, Novel Baswedan, détaché auprès de l’Agence et qui passe pour l’un de ses meilleurs enquêteurs. L’objectif : arrêter Novel pour son implication supposée dans des tirs, en 2004, sur des voleurs quand il était détective au service de la police. Novel n’a pas été arrêté car, alertés,  des militants, y compris un vice-ministre, se sont interposés.

L’affaire a fait très mauvais effet et des pressions publiques ont été exercées sur le président Susilo Bambang Yudhoyono pour qu’il intervienne. Ce qu’il a fait le 8 octobre après avoir réuni chez lui le chef de la police nationale et le patron de la KPK. «Les récents développements ne sont pas sains», a-t-il dit, en ajoutant : «j’oppose toute action susceptible d’affaiblir la KPK». Le chef de l’Etat a ordonné à la police de ne plus se mêler de l’enquête confiée à la KPK.

Toutefois, tout en condamnant la tentative d’arrestation de Novel, le président a dit que «le moment n’est pas approprié» et que «l’approche n’est pas correcte». Yuntho Emerson, membre d’une ONG qui suit les affaires de corruption, a déclaré au Straits Times de Singapour : «c’est l’une des déclarations les plus fermes du président, mais il n’a pas été jusqu’à donner l’ordre à la police de mettre un terme à son enquête sur Novel ; aussi, il s’agit d’une bombe à retardement en attendant la prochaine saga».

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Philippines Politique

Philippines : l’éternel retour de Joseph Estrada

L’ancien président, destitué pour corruption, est candidat à la mairie de Manille en mai 2013. Il dispose encore d’un bon lot de partisans.

Un combat de titans, mais de titans un peu fatigués. D’un côté, Estrada, connu sous le petit nom d’Erap («mon pote»), ancien acteur de films de série B dans lesquels il incarnait un flic irréprochable, ancien président des Philippines destitué pour corruption au bout de trois ans, lié à des organisateurs de jeux clandestins, amateur de Château Petrus et de vie nocturne, qui conserve néanmoins assez de supporters parmi les petites gens pour s’être retrouvé en deuxième position derrière Noynoy Aquino lors de l’élection présidentielle de 2010. Estrada aura 76 ans en mai 2013.

De l’autre, Alfredo Lim, surnommé «Dirty Harry» en référence au film de Clint Eastwood (1971), un ancien flic aux méthodes intimidantes, qui appartenait à l’entourage de feu Cory Aquino, la «dame en jaune», présidente de 1986 à 1992 et mère de l’actuel chef de l’Etat. Lorsque Lim était flic, il peignait «des croix sur les portes des dealers de drogue», rapporte le Straits Times. Il est maire de Manille depuis 2007. Il aura 83 ans l’an prochain.

Estrada a officiellement déposé sa candidature le 2 otobre. Il a fait un beau score lors de l’élection présidentielle mais l’élite et les classes moyennes ne l’aiment pas. Il a été condamné pour corruption à la prison à vie mais Gloria Macapagal-Arroyo, qui lui a succédé à la tête de l’Etat, l’a gracié (histoire de ne pas se mettre à dos les partisans d’Estrada). Aujourd’hui, c’est le tour de Mme Arroyo : elle est accusée de corruption et de tricherie électorale. Estrada, pour sa part, tente une fois de plus sa chance.

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Analyse Politique Société Thaïlande

Chronique de Thaïlande : petit manuel de la corruption (II)

De nombreuses techniques de corruption, plus ou moins sophistiquées, gangrènent le secteur public et le monde politique thaïlandais. Avec un impact désastreux sur la société.

Quand on l’accusait de corruption, Chatichai Choonhavan, Premier ministre de Thaïlande de 1988 à 1991, avait coutume de répondre : “Où sont les reçus ?”. Cette répartie effrontée lui a permis de contrer pendant son mandat les critiques montantes contre son gouvernement, lequel avait été surnommé le « buffet cabinet » (ou gouvernement self-service) tant sa réputation de corruption était notoire. Exiger des “reçus” revenait à demander au criminel de se livrer à la police, mais c’était une astuce de langage pour ne pas reconnaître ce qui sautait aux yeux de tous. Sous Chatichai, la possibilité pour le Premier ministre et les ministres de décider de l’octroi d’importants projets d’infrastructures (voies express, télécommunications) sans demander l’avis du Parlement a multiplié les opportunités et fortement augmenté l’étendue de la corruption. Mais les méthodes n’ont guère différé de celles employées par les bureaucrates thaïlandais : le bon vieux pot-de-vin dont le principe de base a été exposé, sous d’autres cieux, par Fernandel dans “Le Schpountz”. Un fonctionnaire octroie un contrat à un entrepreneur en lui demandant de gonfler les prix, à charge pour celui-ci de reverser une quote-part au dit fonctionnaire. D’autres variantes existent : des équipements de qualité inférieure et non conformes aux critères du contrat peuvent être délivrés par le contractant. Ainsi, en Thaïlande, un hôtel de la monnaie construit à grand frais s’est fissuré dès après l’achèvement des travaux, des écoles publiques ont été bâties avec des planches vermoulues et de multiples routes de campagnes sont retournées à l’état sauvage après le passage de quelques dizaines de poids lourds.

Il faudra attendre Thaksin Shinawatra, Premier ministre entre 2001 et 2006, pour arriver à des techniques plus sophistiquées. Déjà richissime lors de son accession au pouvoir, Thaksin a négligé les “pourcentages” et les dessous de table. C’est en profitant de sa position à la tête du pays pour influencer la politique économique du gouvernement qu’il parvint à favoriser son conglomérat de télécommunications Shin Corp. Aux petites combines, il a préféré la corruption stratégique. Par exemple, le niveau maximum autorisé de prise de participation des entreprises étrangères dans les entreprises de télécommunication passa soudainement au début de 2006 de 25 à 49 % quelques semaines avant la vente de Shin Corp à la firme singapourienne Temasek.

Dans leur étude sur la corruption, les économistes Pasuk Phongpaichit et Sungsidh Piriyarangsan (1) constatent que le département gouvernemental perçu comme le plus corrompu par les Thaïlandais est celui de la police. Force est de reconnaître que là où les politiciens font parfois preuve d’improvisation, les policiers ont progressivement mis en place un système solidement structuré de ponction directe sur les citoyens et de redistribution à l’ensemble des personnels du département. “A beaucoup d’égards, la police opère comme une entreprise de maximisation du profit”, notent les deux économistes.

Les officiers de police doivent acheter leur position au sein de la hiérarchie selon une grille précise de tarifs (un million de bahts pour un général, dix millions de bahts pour un poste de directeur-adjoint de la police…). Ces positions permettent, de fait, de pouvoir contrôler les flux de l’argent perçus directement – et illégalement – par les policiers de base sur les citoyens : des quelques billets glissés par un automobiliste dans la main d’un agent pour éviter une amende en bonne et due forme aux substantielles primes de protection remises aux commissariats locaux par les marchands d’or, les propriétaires de casinos clandestins et les tenanciers de massages sexuels, en passant par les dessous-de-table payés par des suspects arrêtés pour éviter de passer devant le tribunal. Des centaines de millions de bahts transitent ainsi tous les mois par le département de la police et remontent au sommet de la hiérarchie. Une fois qu’une partie des officiers supérieurs se sont servis, l’argent est redistribué à travers le département chacun recevant une portion proportionnée à son rang. Une partie de l’argent sert aussi à l’organisation de cérémonies dans les commissariats, à la réparation des locaux, à l’équipement des unités, voire à des oeuvres de charité – car le budget de la police est totalement inadéquat et les salaires très bas.

Certains observateurs tendent à adopter une vision bénigne de cette corruption : elle renforcerait la cohésion du corps policier et ne ferait que compenser l’insuffisance de leur budget. C’est là fermer les yeux devant l’impact désastreux de ces conduites sur la société : la corruption légitimise le crime, favorise l’inégalité et, tout simplement, freine le développement politique, économique et social du pays.

 Max Constant

(1) Corruption and Democracy in Thailand, Pasuk Phonpaichit et Sungsidh Piriyarangsan, The Political Economy Centre, Université de Chulalongkorn, 1994

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Analyse Société Thaïlande

Chronique de Thaïlande : petit manuel de la corruption (I)

Présente à tous les niveaux du pays, la corruption est considérée comme bénigne par beaucoup. Mais les exposés dans la presse font quelquefois mouche.

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Société Thaïlande

Thaïlande : case prison pour le roi des massages

L’ex-patron d’une chaîne de massages coquins est condamné à cinq ans de prison pour la destruction de « beer bars » en 2003.

Chuvit Kamovisit, qui a lontemps dirigé une chaîne de massages érotiques à Bangkok avant de se lancer dans la politique au début des années 2000, va-t-il encore trouver le moyen de rebondir ? Le coup est cette fois-ci rude pour celui qui aimait à poser avec un énorme marteau sur l’épaule sur ses affiches électorales : la cour d’appel l’a condamné à cinq ans de prison, pour avoir organisé en 2003 la destruction de plus d’une centaine de bars situé au coin de la rue 10 de Sukhumvit Road, dans le centre de Bangkok, non loin du célèbre quartier chaud Nana Plaza. Ce terrain appartenait à Chuvit et on peut désormais y trouver, loin du fracas des assauts et des querelles, le bucolique Parc Chuvit. Le politicien, qui occupe un siège parlementaire en tant que leader du parti Rak Thailand (Amour de la Thaïlande), s’est immédiatement pourvu en cassation. Grâce à son immunité parlementaire, il est laissé en liberté jusqu’à la fin de la session parlementaire. Deux de ses complices, des officiers de l’armée de terre, ont aussi été condamnés à cinq ans de prison.

Le tribunal pénal de première instance avec acquitté Chuvit et ses acolytes (sauf un) en 2006. Depuis son entrée en politique, Chuvit s’est fait une spécialité de dénoncer la corruption au sein des forces de police. Il a notamment filmé récemment l’intérieur d’une série de casinos clandestins avant de distribuer ces vidéos à la presse au grand embarras des chefs locaux de la police.

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Politique Société Viêtnam

Vietnam : le crime d’une faute professionnelle de journaliste

En prouvant la corruption d’un agent de police, un journaliste s’est retrouvé accusé lui-même de corruption. Verdict : 4 ans de prison (et 5 ans pour le policier).

L’affaire remonte à juin 2011 à Hochiminh-Ville. Hoang Khuong, aujourd’hui âgé de 37 ans, réputé et primé pour la pugnacité de ses reportages sur la corruption des flics au Vietnam, a appris qu’un agent de la circulation, Huynh Minh Duc, s’est laissé soudoyer (plus de cent €) par un ami de Khuong, Tôn That Hoa, pour rendre un camion semi-remorque pris en faute.

Quand un autre ami du journaliste, Trân Minh Hoa, voit sa moto confisquée à la suite d’une violation du code de la route par Duc, Khuong décide de prouver la corruption du policier : Hoa, qui connaît Duc, accepte de jouer une deuxième fois les intermédiaires et remet à Duc la somme demandée (l’équivalent, cette fois, de plus de 500 €) pour récupérer la moto.

La suite : un article de Hoang Khuong, le 10 juillet, dans le quotidien de langue vietnamienne Tuoi Tre, pour lequel il travaille, repris par le site anglophone tuoitrenews.vn. Le résultat : les acteurs de ce scénario et leurs complices vont finir par se retrouver au trou en attendant de passer devant le juge au cours du procès qui a eu lieu les 6 et 7 septembre à Hochiminh-Ville.

Khuong a été sanctionné sur-le-champ par la direction de Tuoi Tre pour faute professionnelle. Toutefois, le procureur l’a accusé de corruption, un «crime», pour avoir tenté et réussi à faire refiler un pot-de-vin à un policier (et Hoa, un chef d’entreprise, a été accusé de complicité). Le procureur a réclamé de 6 à 7 ans de prison contre le journaliste. Verdict : 4 ans de prison pour le journaliste ; 2 ans pour son complice Hoa ; 5 ans pour le policier Duc ; 5 ans pour le propriétaire de la moto ; 4 ans pour un beau-frère de Khuong, jugé également complice. En ce qui concerne Khuong, la faute professionnelle, donc non criminelle, n’a pas été retenue.

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Politique Viêtnam

Vietnam: l’ancien PDG de Vinalines arrêté et extradé

En fuite depuis la mi-mai et l’objet d’un mandat d’arrêt international pour détournement de fonds, Duong Chi Dung a été retrouvé à l’étranger et extradé.

L’ancien patron de Vinalines, entreprise publique de transport maritime, a été repéré «dans un pays de l’Asean», a rapporté le quotidien Thanh Nien, après une cavale de près de quatre mois.  Il a été trouvé «dans un pays voisin» du Vietnam, donc soit le Cambodge soit le Laos, et aussitôt extradé avec l’aide d’Interpol.

Agé de 55 ans, Dung a dirigé Vinalines de 2005 jusqu’au début de 2012, quand il a été nommé directeur de l’administration maritime. Il faisait l’objet d’un mandat d’arrêt pour corruption lancé le 18 mai, au même titre que deux autres dirigeants de la compagnie, Mai Van Phuc, ancien directeur général, et Tran Huu Chieu, ancien directeur général adjoint, tous deux placés sous les verrous. Dung s’était enfui.

Une enquête officielle avait été lancée à la suite de la découverte d’irrégularités et de fraudes commises de 2007 à 2010, y compris à l’occasion de l’achat de bâtiments d’occasion. En juin, un rapport du gouvernement  a estimé que Vinalines était dans une situation financière «très difficile», ayant accumulé près de deux milliards d’€ de dettes. Avec Vinashin (chantiers navals) et EVN (électricité), Vinalines est l’une des entreprises publiques dont des dirigeants ont été arrêtés pour corruption.