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Le Cambodge et son détenu français sous les projecteurs

Une grande conférence régionale va se tenir à Phnom Penh avec Hillary Clinton, ses homologues chinois, russe, japonais. Que faire de Patrick Devillers ?

La conférence des ministres des affaires étrangères de l’Asean, dont le Cambodge assure la présidence annuelle, a lieu les 9 et 10 juillet. Le Forum régional sur les questions de sécurité, où sont représentés l’UE ainsi que près d’une trentaine d’Etats, y compris la Corée du Nord, se réunit le 11 juillet, avec un programme substantiel : le nucléaire nord-coréen ; les contentieux maritimes en mer de Chine du Sud ; la démocratie ; les droits de l’homme ; les réactions à l’influence croissante de la Chine et le contrepoids américain. Ces questions feront également l’objet de multiples échanges bilatéraux les 12 et 13 juillet.

La détention de Patrick Devillers, l’architecte français, par les services d’immigration cambodgiens jusqu’au terme de l’enquête le concernant, est gênante pour un gouvernement qui a reconnu que rien ne lui est reproché au Cambodge, où il s’est installé il y a une demi-douzaine d’années et où il vivait tranquillement avec sa compagne locale et leurs deux enfants. Il peut être détenu sans motif, selon la loi, pendant 60 jours, soit jusqu’au 13 août.

Mais garder en prison à Phnom Penh l’ancien compagnon de route du couple chinois aujourd’hui pestiféré, Bo Xilai et son épouse, est du plus mauvais effet pour le Cambodge au moment où il est censé présider des négociations cruciales pour la région. Le mieux – et le plus juste, faute de preuves – serait donc de le relâcher sans attendre, quitte à faire de la peine aux Chinois. En prend-on le chemin ? Le chef de la diplomatie cambodgienne a dit qu’il ne serait pas extradé pour le moment. Le ministre cambodgien de l’information a mentionné, de son côté, la possibilité d’une participation d’un juge chinois à l’enquête sur le détenu dans le cadre d’Interpol. Mais il n’a pas été encore question de sa libération.

Ces déclarations donnent même l’impression de manœuvres dilatoires qui seraient une façon de tenter de rattraper ce qui aurait été un vrai pataquès. Chinois et Cambodgiens se seraient pris les pieds dans le tapis moins d’un mois avant le débarquement de ministres et des journalistes qui les accompagnent. Le 13 juin, jour où le premier ministre Hun Sen recevait He Guoquiang, membre du politburo du PC Chinois, Devillers a été arrêté. A la demande des Chinois, a dit la police cambodgienne, lesquels auraient réclamé l’extradition. Pékin, une fois l’arrestation publique, a choisi de démentir toute interférence. Le Cambodge pourrait quand même être contraint de tenter de faire le dos rond jusqu’à la présentation, par son allié chinois, de «preuves» d’une culpabilité de Devillers.