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Histoire Politique Viêtnam

Vietnam : la dépollution de l’agent orange commence

Les Etats-Unis ont entrepris le 9 août la dépollution, dans l’enceinte de l’aéroport de Danang, d’une ancienne aire de stockage de l’agent orange.

Hanoï  estime que des avions américains ont déversé «80 millions de litres» du très puissant défoliant à base de dioxine sur la moitié sud du Vietnam de 1961 à 1971. L’agent orange a «détruit l’environnement, fait des millions de victimes parmi la population vietnamienne et a eu des effets terribles sur des millions d’autres Vietnamiens qui souffrent de maux incurables», a affirmé en mai Hoang Tuân Anh, ministre vietnamien de la culture, des sports et du tourisme, dans une lettre de protestation au Comité international olympique contre le parrainage des Jeux de Londres par Dow Chemical Cy, l’un des principaux fabricants, à l’époque, de l’agent orange. Anh a ajouté que «quelques centaines de milliers d’enfants de la quatrième génération sont nés avec de sévères déformations congénitales».

Sur l’ancienne base militaire américaine de Danang, dans la partie où l’agent orange était entreposé, 70.000 mètres cubes de terre contaminée vont être nettoyés en recourant à leur surchauffe au cours des trois prochaines années. Des opérations similaires auront également lieu dans d’autres anciens entrepôts, notamment dans les aéroports de Bien Hoa et de Phu Cat dans le sud.

S’infiltrant dans l’eau et dans le sol, où elle peut stagner pendant des décennies, la dioxine est un produit chimique qui peut provoquer cancers et malformations congénitales. Dans le sud du Vietnam, les défoliants déversés par les Américains ont décimé deux millions d’hectares de forêts et deux cent mille hectares de récoltes. Les Etats-Unis vont consacrer près de 40 millions d’€ à l’opération de dépollution amorcée le 9 août.

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ASEAN Asie Politique

Une zone régionale libre d’armes nucléaires demeure boudée

La zone « libre d’armes nucléaires » voulue dès 1995 par l’Asean demeure boudée par les grandes puissances. Aucun accord ne semble se dégager sur ce point.

Sans attendre l’intégration de la Birmanie et du Laos (1997), ainsi que celle du Cambodge (1999), les Etats membres de l’Association des nations de l’Asie du sud-est (Asean) s’étaient entendus en 1995 sur la création d’une zone « libre d’armes nucléaires » (Seanwfz , pour Southeast Asian Nuclear Weapons Free Zone treaty). Dix-sept ans plus tard, alors que se réunissent à Phnom Penh les journées annuelles de l’Asean et son Forum sur les questions de sécurité, ce traité demeure boudé par les grandes puissances nucléaires.

Ce traité est un engagement des Etats membres à ne pas developper ou acquérir des armes nucléaires, à interdire tout test d’arme nucléaire dans (ou à l’extérieur) de la zone couverte par le traité et qui comprend les territoires, les plateaux continentaux, les zones maritimes économiques exclusives. Les négociations engagées dans la foulée par l’Asean avec ses «partenaires de dialogue», qui seront représentés du 11 au 13 juillet à Phnom Penh, n’ont pas abouti. Les Etats-Unis et la Russie refusent toute limitation à la circulation de leurs armes nucléaires. La Chine fait valoir que la «zone libre d’armes nucléaires» pourrait empiéter sur les eaux chinoises et violer sa souveraineté. La Grande-Bretagne et la France ont des réserves sur la définition elle-même de la zone dénucléarisée.

Aucun espoir de trouver un compromis ne semble pouvoir se dessiner car les réserves exprimées par les puissances nucléaires remettent en cause la substance du traité. Entre-temps, la secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton a annoncé qu’elle profiterait de son passage au Cambodge pour se rendre également pour la première fois au Laos et pour retourner brièvement au Vietnam.

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Asie Thaïlande

Visées américaines sur l’aéroport thaïlandais d’U-Tapao

La demande américaine d’utiliser l’aéroport militaire d’U-Tapao pour deux projets suscite le mécontentement de l’opposition et de l’armée en Thaïlande.

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Analyse Asie Histoire Viêtnam

Leon Panetta à Cam Ranh: l’accélération de l’histoire

Dans la foulée de la victoire vietnamienne de 1975, le cours de l’histoire a été fort lent entre Washington et Hanoi. Mais, tout à coup, il semble s’accélérer.

Voilà deux ans encore, qui aurait pu penser qu’un chef du Pentagone, de surcroît ancien patron de la CIA, aurait pu aller admirer, au Vietnam, Cam Ranh et ses installations aéroportuaires en se rendant à bord du USNS Richard E. Byrd, navire ravitailleur américain  ancré dans la baie ? Leon Panetta l’a pourtant fait le 3 juin après avoir annoncé, la veille à Singapour, un renforcement de la présence militaire en Asie et avant de se rendre à Hanoi pour s’y entretenir, le lendemain, avec le premier ministre vietnamien Nguyên Tan Dung.

On en oublierait presque que le président Lyndon Johnson était allé à Cam Ranh avant l’offensive du Têt de 1968 pou y prodiguer ses encouragements au contingent américain. A la tribune figuraient alors les deux faucons de service, le général William Westmoreland et le proconsul américain à Saigon Ellsworth Bunker. On en oublierait également le très lent cheminement après la victoire communiste de 1975. A la suite de l’humiliante défaite américaine, deux diplomates clairvoyants se sont efforcés, en vain, de ménager l’avenir, Nguyen Co Thach et Richard Holbrooke. Un combat frustrant qui n’a pas abouti.

En 1978, alors que la Chine avait déjà grignoté les positions vietnamiennes en mer de Chine du Sud et qu’elle appuyait Pol Pot au Cambodge, le bureau politique du PC vietnamien n’a trouvé qu’une porte de sortie : s’en remettre à son seul point d’appui à l’étranger, une Union soviétique à bout de souffle, pour répondre aux débordements incessants des Khmers rouges. Ce fut le pacte de fin 1978 : le financement soviétique de l’intervention militaire vietnamienne au Cambodge ; et, entre autres dispositions, la concession pour vingt-cinq ans aux Soviétiques de l’ancien complexe aéroportuaire américain de Cam Ranh. Quand, après s’être rendu aux Etats-Unis en janvier 1979, Deng Xiaoping a lancé ses troupes à travers la frontière entre la Chine et le Vietnam, les relations de Hanoi se sont retrouvées non seulement au plus bas avec Pékin mais aussi avec Washington.

La pente à remonter a été lente et ardue. Le président Bill Clinton a dû attendre 1994 pour pouvoir lever l’embargo économique imposé en 1975 au Vietnam et l’année suivante pour établir des relations diplomatiques avec Hanoi. Et il a fallu attendre l’admission du Vietnam au sein de l’OMC, en 2007 seulement, pour que les capitaux américains s’intéressent à ce pays ouvert aux investissements étrangers depuis 1986, soit depuis plus de vingt ans. Sur le plan politique, le mouvement a été encore plus lent. Si Bill Clinton s’est rendu au Vietnam en 2000 et George W. Bush en a fait autant en 2007, un engagement américain ne s’est réalisé qu’en 2010, quand Hillary Clinton, de passage à Hanoi, y a manifesté l’«intérêt» de son gouvernement pour des solutions pacifiques aux contentieux en mer de Chine du Sud. En 2011, les Etats-Unis et le Vietnam ont, finalement, signé un Protocole d’accord militaire limité et peu contraignant.

Désormais, l’Histoire a clairement retrouvé sa logique. Le Vietnam, rappelait l’éminent savant Paul Mus, a été le seul pays à avoir barré, au fil des siècles, la route du Sud aux Chinois. Et c’est bien cet aspect des choses que retient aujourd’hui Washington à un moment où il s’agit de contenir la Chine sans le dire. Dans la foulée de la fin des interventions militaires américaines en Irak et en Afghanistan, de nouveaux équilibres apparaissent  dans une immense zone qui comprend l’Océan indien et le Pacifique. Petit voisin de la puissante et débordante Chine, le Vietnam ne saurait l’ignorer. A Leon Panetta et aux autres stratèges de Washington d’imaginer l’avenir en intégrant le rôle que peut jouer ce Vietnam redevenu un pays charnière dans les rééquilibrages en cours. On n’a sûrement pas fini de reparler de Cam Ranh, mais en songeant à l’avenir, non au passé.

Jean-Claude Pomonti

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Asie Inde Politique Viêtnam

Renforcement de la marine de guerre américaine en Asie

Leon Panetta a annoncé un renforcement de la marine de guerre américaine en Asie-Pacifique. Face à la Chine, les Etats-Unis poursuivent leur engagement.

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Viêtnam

Au Vietnam, le km de route est l’un des plus chers au monde

La construction routière revient nettement plus cher au Vietnam que chez ses voisins. La raison : la corruption.

Construire une autoroute au Vietnam coûte 1,5 ou 2 fois plus cher qu’en Malaisie, en Indonésie ou en Thaïlande, rapporte le site VietnamNet. Cela revient même plus cher qu’aux Etats-Unis. «Le résultat : le Vietnam éprouve du mal à attirer des investisseurs dans les projets routiers ; les investisseurs doivent attendre longtemps pour recouvrer leur investissement ; ces coûts élevés sont un lourd fardeau pour l’Etat», ajoute-t-il. Le ministère des transports n’a jamais fourni de statistiques concernant les dépenses engagées.

VietnamNet cite le cas de l’axe routier Lang-Hoa Lac au cœur de l’aménagement du Grand Hanoi. Lancé en mars 2005 et évalué à l’époque à 5.379 milliards de dôngs (1€ = 28.000 dôngs), ce projet devait être terminé dans un délai de 30 mois. En octobre 2007, le ministère des transports a décidé d’introduire quelques modifications et a réévalué le coût à 7.520 milliards de dôngs. Le prix du km d’autouroute est donc passé de 179 milliards à 250 milliards de dôngs. Pourtant, le coût du travail n’est pas élevé, les ouvriers sont qualifiés et les matériaux ne manquent pas

L’économiste Bui Kiênh Thanh, selon VietnamNet, fait valoir que les entrepreneurs doivent «offrir des enveloppes» aux investisseurs qui représentent au moins 10% de la valeur du projet. Une fois les contrats obtenus, les entrepreneurs s’arrangent pour gonfler leurs bénéfices, qui peuvent représenter 30% de la valeur du projet. La qualité des projets s’en ressent et il arrive que les nids de poule apparaissent dès la mise en service des routes.

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Analyse Asie Brunei Malaisie Philippines Politique Viêtnam

En mer de Chine du Sud, un face-à-face et ses limites

Le ton monte entre Pékin et Manille. Le face-à-face naval à Scarborough peut encore dégénérer. Toutefois, le contraire est plus plausible.

Pékin a réagi vivement aux petites manifestations anti-chinoises organisées, le 11 mai, par des Philippins à Manille et dans d’autres villes, y compris à l’extérieur des Philippines. La Chine a accusé le gouvernement philippin d’avoir «encouragé» le mouvement, ce que ce dernier a démenti. Pékin a pris des mesures de rétorsion : contrôle plus stricts de produits philippins importés et quarantaine pour les fruits ; contingentement des touristes chinois se rendant aux Philippines.

Entre-temps, à proximité du récif de Scarborough revendiqué par les deux pays, le face-à-face entre bateaux armés se poursuit depuis plus d’un mois. Chacun campe sur ses positions, mais sans annoncer de renforts, lesquels pourraient être dépêchés sur place, il est vrai, très rapidement. Ce qui n’est pas le cas pour l’instant. La marine philippine ne fait pas le poids face à la chinoise.

Certes, des dérapages sont toujours possibles quand deux adversaires se placent, au moins en partie, sur un pied de guerre. Et, sur le fond, la Chine dénonce ce que le quotidien de l’armée populaire qualifie de «changement de cap stratégique, de la part des Etats-Unis, vers l’Est», une allusion, en particulier, à l’installation progressive de 2.500 fusiliers-marins américains dans le nord de l’Australie. Depuis 2010, ajoute le journal, l’«intervention» des Etats-Unis «dans le débat sur la mer de Chine du Sud a offert aux Philippines un espace pour manœuvrer et a, dans une certaine mesure, renforcé leur main à notre égard, les encourageant à suivre une voie risquée».

Réserves dans les deux camps

Toutefois, s’il est exact qu’une alliance existe entre les Etats-Unis et les Philippines et que des centaines de soldats américains sont en quasi-permanence sur le territoire philippin depuis le début du siècle, Washingon est demeuré en retrait dans la dispute de Scarborough, se contentant d’exiger le non recours à la force pour la régler. Les Philippins se feraient quelques illusions en estimant qu’ils pourraient bénéficier de l’appui solide des Etats-Unis et de la société internationale dans cette affaire. Même l’Asean, dont Manille est l’un des membres fondateurs, est paralysée par des divisions dans le contentieux territorial qui oppose, en mer de Chine du Sud, la Chine à quatre de ses membres (outre les Philippines, Brunei, la Malaisie et, surtout, le Vietnam).

De leur côté, les Chinois n’ont pas davantage envie d’une confrontation. Le PC chinois est en pleine campagne pour le renouvellement de sa direction en 2013, une campagne très dure si l’on s’en tient à l’affaire Bo Xilai. La Chine est également confrontée à un effritement de son modèle de croissance rapide. Même si une opération de diversion peut être la bienvenue, Pékin souhaite éviter un conflit en mer de Chine du Sud tout en faisant comprendre aux Philippins, sans ménagement, qu’ils doivent revoir leur copie avant de monter au créneau.

Enfin et surtout, les deux principales puissances de l’Asie-Pacifique ont beau être méfiantes l’une vis-à-vis de l’autre, elles cherchent néanmoins une entente sur certaines règles de jeu. Faits sans précédents depuis 1971, c’est-à-dire depuis l’établissement de premiers contacts directs lors du voyage clandestin de Henry Kissinger en Chine, deux ressortissants chinois ont été remis, en 2012, aux autorités chinoises après s’être réfugiés dans des légations diplomatiques américaines. Certes, les deux cas sont bien différents et le sort de Chen Guangcheng, le dissident aveugle, n’est pas encore résolu. Mais que Pékin et Washington puissent aujourd’hui parvenir à gérer de telles crises laisse au moins entendre qu’il en faudrait plus pour déboucher sur un divorce. Et les contentieux en mer de Chine du Sud, si graves soient-ils à long terme, n’en seront pas, pour le moment, l’objet.

Jean-Claude Pomonti

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Indonésie Société

L’odeur de la kretek

Le lobby anti-tabac américain est furieux : l’Organisation mondiale du commerce a dénoncé l’interdiction d’importer la kretek, fameuse cigarette de l’Indonésie.

Dégoût des uns, régal des autres, l’odeur du clou de girofle qui crépite en se consumant est le symbole, la mémoire de l’Indonésie. N’importe où, cette odeur signifie la présence d’un amateur de kretek, cigarette inventée en 1880 par un javanais asthmatique et qu’il avait truffée de clous de girofle dont le contenu en eugénol soulageait ses douleurs de poitrine. Les fabriques de kretek emploient aujourd’hui 180.000 personnes et cette cigarette est consommée par 90%  des fumeurs indonésiens, y compris ceux qui ont émigré aux Etats-Unis.

Quand, en 2009, les Etats-Unis ont décidé de bannir les cigarettes parfumées – à la cannelle, à la fraise, à la cerise, censées séduire un public jeune –, la kretek n’a pas échappé au couperet. Mais les Indonésiens ont réagi en intervenant auprès de l’OMC, qui a fini par trancher, le 4 avril, en déboutant Washington. La raison : la cigarette mentholée, produite par d’influents fabricants américains, n’est pas interdite aux Etats-Unis. Que faire? Il est vrai que les amateurs de kretek aux Etats-Unis sont surtout des Indonésiens.

Comme les Indonésiens sont encore de gros fumeurs, le clou de girofle conserve un avenir. Originaire de Ternate aux Moluques, l’ancien «archipel aux épices»  le giroflier s’est répandu jusqu’à Madagascar, aux Comores et à Zanzibar. Mais l’Indonésie représente plus des deux tiers de la production mondiale de clous de girofle.