Les survivants du typhon dans l’est de Mindanao sont trop nombreux pour être tous rapidement secourus. Ils ont tout perdu, ils ont faim.
La décision de Noynoy Aquino, le président des Philippines, de déclarer un «état de catastrophe naturelle» est compréhensible. Sur la côte de la province de Davao oriental, dévastée par le puissant typhon Bopha le 4 décembre, un couvre-feu a été imposé et les policiers gardent les entrepôts de stockage pour empêcher le pillage des secours envoyés sur place.
Les gens ont faim. Ils mendient sur le bord des routes, tendent la main quand un véhicule passe, s’agglutinent derrière des barbelés à l’atterrissage d’un hélicoptère ou quand un cargo s’approche de la côte pour une opération de transbordement de sacs de farine ou de riz. Six jours après le passage du typhon, les survivants continuent de se plaindre : les rations alimentaires sont insuffisantes, l’eau potable manque, l’arrivée des secours est trop lente, la coordination de l’aide est mauvaise. Les provisions d’urgence, censées être pré-positionnées dans les zones de désastre potentiel, sont inadéquates.
Selon le Philippine Daily Inquirer, Manille estime que le nombre des sans-abri s’élève à près de 400.000. L’immense majorité se trouve dans les deux provinces de Mindanao les plus meurtries : la Vallée de Compostella et Davao oriental. Entre-temps, le décompte des victimes augmente et le gouvernement redoute qu’il franchisse la barre du millier. Les autorités locales ont déjà recensés 617 morts dans les deux provinces sinistrées ainsi que 45 autres ailleurs. Elles évoquent également le chiffre de 900 disparus, qui comprendrait 300 pêcheurs partis en haute mer et dont on reste sans nouvelles.
Enfin, la peur d’un retour du typhon s’est évanouie car, après avoir fait demi-tour en mer de Chine du Sud le 8 décembre, il a perdu de son intensité à l’approche de la côte de Luçon et s’est transformé en tempête tropicale.