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Culture Société Viêtnam

L’année du Dragon : engorgement dans les hôpitaux du Vietnam

En Extrême-Orient, le rêve est d’avoir un fils né sous le signe du Dragon, donc en 2012. Résultat : à Hanoï, les hôpitaux débordent déjà de femmes enceintes.

L’année du Dragon, inaugurée le 23 janvier 2012, ne prend fin que le 9 février 2013 pour laisser place le 10 février, Têt ou Jour de l’an au Vietnam, à l’année du Serpent, soit dans environ quatre mois. Toutefois, rapporte le site VietnamNet , l’Hôpital d’obstétrique de Hanoï est déjà engorgé, avec parfois trois femmes enceintes partageant le même lit, sans parler des lits supplémentaires qui encombrent les couloirs. Les riches – et ceux qui ont des «relations» avec le personnel de l’hôpital – se plaignent de ne pas pouvoir louer une chambre. Le personnel hospitalier est débordé.

Le signe du dragon est considéré comme très favorable aux garçons car il est le symbole de l’empereur, celui de l’idéalisme, de la perfection, de l’inflexibilité. Dans le calendrier chinois, à la fois lunaire et solaire et que les Vietnamiens ont adopté, l’année du Dragon ne se représente que tous les douze ans. Il ne faut donc pas manquer l’occasion d’avoir un fils né sous un bon signe.

La multiplication des accouchements en 2012 a beau être fort prévisible, la pression est devenue énorme à partir d’août. En outre, deux ou trois parents viennent tenir compagnie à la femme enceinte, déroulant leurs nattes, pique-niquant dans les chambres et les couloirs-dortoirs, installant leurs ventilateurs pour rendre l’atmosphère moins étouffante. A l’Hôpital d’obstétrique de Hanoï, les patients et leur parentèle sont d’autant plus à l’étroit que des travaux de rénovation sont en cours. Le nombre de naissances y a été de 29.000 en 2010, de 37.876 en 2011, et y sera d’au moins 40.000 en 2012.

A l’échelon national, le nombre des naissances a été de 516.169 pendant les cinq premiers mois de 2012, soit 61.000 naissances de plus que pendant la même période de 2011. L’année du Dragon devrait avoir un autre effet, négatif celui-là : le rapport mâle/femelle est de plus en plus déséquilibré en faveur des garçons, notamment dans la capitale.

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Analyse Politique Viêtnam

Plénum exceptionnel du PC au Vietnam : surmonter la crise

Le Comité central du PC vietnamien se réunit à Hanoï du 1er au 15 octobre. Un meeting long et secret en pleine crise financière avec, pour thème, comment en sortir.

Il était grand temps que la direction communiste se réunisse. Voilà deux années encore, le Vietnam affichait le profil d’un futur tigre asiatique. Puis la machine s’est déréglée. La croissance (entre 4% et 5%) n’est plus au rendez-vous. Après s’être calmée, l’inflation reprend. Les investissements étrangers diminuent. De grandes entreprises d’Etat (Vinashin, Vinalines, EVN) sont devenues des gouffres alors qu’elles étaient prioritaires dans l’octroi des crédits. On parle d’une dette globale de plus de 30 milliards d’€ du secteur public. En raison d’une corruption éhontée, des têtes ont fini par tomber, dans le secteur public comme dans le privé, jusque dans l’entourage des puissants.

Dans son discours inaugural, le secrétaire général du parti, Nguyen Phu Trong, qui fait un peu figure d’homme-tampon, a déclaré qu’il fallait accorder de l’importance au projet de «la poursuite de l’arrangement, de la rénovation, de l’amélioration de l’efficacité des entreprises publiques». Il a également évoqué la nécessité de s’attaquer à «certains problèmes urgents en matière d’édification du Parti en la période actuelle», selon le site du PC ( www.cpv.org.vn ). Le plénum a été précédé d’une campagne interne de «critique et autocritique» dont les médias ont donné des échos.

Le site du PC indique que le plénum «se concentrera» également sur «les lois sur le foncier», les expulsions faisant régulièrement l’objet de confrontations. Il devrait aussi évoquer «le renouvellement fondamental et intégral de l’éducation et de la formation», un secteur en désarroi. Enfin, le chapitre «édification du parti» semble annoncer un débat animé sur la politique du premier ministre Nguyên Tân Dung, reconduit dans ses fonctions en 2011, non sans difficulté en raison des déboires de certaines entreprises publiques.

Le Vietnam semble aujourd’hui désorienté. Il dispose pourtant de gros avantages : population jeune, taux important d’alphabétisation, ressources naturelles. Mais, surtout après son admission au sein de l’OMC en 2007, il a éprouvé du mal à digérer un gros flot d’investissements étrangers. Le laxisme financier de ses dirigeants et quelques mauvaises habitudes ont également contribué au dérapage. «Trop et trop tôt», juge un cadre du PC. Durcir son attitude à l’égard des critiques en les sanctionnant vertement – ce qui parait le cas en ce moment – ne résoudra ni les problèmes du PC ni ceux d’un pays qu’il continue à vouloir gouverner seul.

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Culture Histoire Viêtnam

Vietnam: la chanteuse aux pieds nus peut se produire à nouveau

Après 37 ans d’absence, Khanh Ly, la plus connue des interprètes de Trinh Công Son, est autorisée à se produire sur scène au Vietnam. Une page se rouvre.

Les deux noms sont indissociables. Trinh Công Son a été l’auteur-compositeur pacifiste de la deuxième guerre du Vietnam, l’américaine. Khanh Ly a été sa première interprète et la plus émouvante. Elle chantait pieds nus dans un petit cabaret plein de fumée et de mélancolie rue Tu Do, pour Liberté (ancienne rue Catinat, future rue Dong Khoi, pour Insurrection générale). Son vivait entre la maison familiale à Saigon et sa ville natale de Hué.

Les chansons pacifistes de Son, interprétées par Khanh Ly, étaient interdites d’antenne à Saigon comme à Hanoi. De quoi casser le moral des combattants, estimaient les gouvernants des deux bords. Mais elles circulaient à des millions d’exemplaires au nord comme au sud du dix-septième parallèle, ligne de démarcation entre les deux zones. Les guitares des soldats, dans les deux camps, les suivaient au «front». Les Vietnamiens ont la poésie musicale dans le sang.

En 1975, Khanh Ly s’est enfuie aux Etats-Unis. Elle y a poursuivi sa carrière de chanteuse. Trinh Công Son a été en «rééducation» non loin de Hué en attendant l’autorisation de rejoindre son domicile à Saigon. Il s’est remis à écrire, à chanter, et il s’est essayé à la peinture. Et puis, le temps a fait son œuvre, la guerre s’est éloignée, Son s’est éteint en 2001, laissant derrière lui plus de trois cents chansons/poèmes qui ont renouvelé la chanson au Vietnam. Quant à Khanh Ly, elle a refait sa vie aux Etats-Unis. Mais si les Vietnamiens du Vietnam la connaissent moins que Son, ils en repèrent souvent la voix.

A Hanoï, le ministère vietnamien de la Culture, des Sports et du Tourisme a accordé, selon le site Tuoi Tre, une licence à Khanh Ly, aujourd’hui âgée de 67 ans, l’autorisant à donner des représentations d’ici à la fin de l’année. Coïncidence ? 2012 marque les cinquante ans de  carrière de Khanh Ly alors que 2011 a été l’occasion de nombreuses manifestations lors du dixième anniversaire de la mort de Trinh Công Son. Une page qui se rouvre, riche en beauté. Et en nostalgie.

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Politique Viêtnam

La règle du PC pour un mariage au Vietnam: pas plus de 50 plats

Crise financière et procès pour corruption ne font pas l’affaire des futurs mariés communistes : pas plus de 300 invités à un banquet d’un maximum de 50 plats.

Au Vietnam, la tradition veut qu’un mariage se célèbre, en famille seulement, au domicile des parents du futur marié, devant l’autel des ancêtres, et que cette cérémonie soit suivie par un banquet, à l’extérieur, offert aux amis et connaissances. Ces dernières décennies, la pénurie avait introduit une habitude qui perdure : les invités déposent à l’entrée une enveloppe de billets de banque, avec enregistrement des «donateurs», afin d’aider les familles du nouveau couple à couvrir les frais de la fête.

Avec le boom économique, chez les riches et les puissants, certains de ces banquets ont pris ces derniers temps des proportions extravagantes dans des restaurants d’hôtels cinq étoiles : plusieurs centaines d’invités, de somptueux festins, des orchestres de première qualité et même, dans le cas des puissants, des enveloppes trop gonflées pour ne pas être celles de courtisans. Un mariage peut également offrir l’occasion, chez les m’as-tu-vu, d’étaler leur fortune, leur succès.

Le comité du PC à Hanoï a décidé de mettre un terme à ces excès, selon le site de Tuoi Tre. Chez les communistes, les banquets de mariage ne devront pas réunir plus de 300 convives et n’afficher pas plus de 50 plats. L’objectif : «entretenir le style de vie civilisé lors des mariages en ville». Le nouveau règlement, en date du 28 septembre, stipule que les membres du PC «doivent se comporter de façon exemplaire et doivent organiser des réceptions de mariage dans un esprit de solennité, de façon saine et économe». Une exception : si deux familles veulent jumeler deux unions, elles peuvent organiser un banquet commun de 600 convives.  Mais la multiplication des réceptions sur plusieurs jours est interdite, au même titre que de les tenir dans un palace ou un restaurant de grand luxe. Une question : les convives passeront-ils leur temps à se compter entre eux et à compter le nombre des plats ?

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Politique Viêtnam

Vietnam : nouvelles accusations contre un banquier emprisonné

Deux accusations supplémentaires ont été prononcées par le ministère de la Sécurité publique contre Nguyên Duc Kiên, un banquier millionnaire arrêté le 20 août.

Kiên, l’un des fondateurs de l’Asia Commercial Bank (ACB), avait été accusé en août d’opérations illégales lorsque trois autres sociétés, dont il a été également le fondateur, ont été accusées de commerce illicite. Cette fois-ci, le ministère de la Sécurité l’accuse d’avoir «intentionnellement violé les règlements concernant la gestion économique, avec de sérieuses conséquences », et d’avoir «triché dans l’appropriation des biens de personnes tierces», selon le site de Tuoi Tre.

La police a également annoncé l’arrestation du directeur et du chef comptable d’ACB, l’une des principales banques commerciales du Vietnam, pour complicité avec Kiên. Le 24 août, un ancien directeur d’ACB, Ly Xuân Hai, avait déjà été arrêté. Plusieurs dirigeants d’entreprises publiques ont été, de leur côté, placés sous les verrous en 2012 pour corruption et détournements de fonds.

Agé de 48 ans, Kiên dispose d’une somptueuse résidence à Hanoï et de limousines de luxe, dont une Rolls Royce et une Bentley. Avant son arrestation, il passait pour l’une des vingt premières fortunes du Vietnam. Il passait aussi pour avoir des entrées en haut lieu, notamment auprès du premier ministre. Ce passionné de football vient d’être démis de ses fonctions de vice-président de l’Association professionnelle de football. Il était également président du Club de football de Hanoï.

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Société Tourisme Viêtnam

Vietnam : des tuk tuk pour Hanoï. Une bonne idée ? Voire…

L’Association du transport de Hanoï propose l’acquisition de tuk tuk pour décongestionner la capitale. Une solution qui offre avantages et inconvénients.

Le tuk tuk à 3 ou 4 roues est fréquent en Inde ou en Thaïlande. A Bangkok, ville plate au même titre que Phnom Penh ou Hanoï, cet engin peu puissant mais très maniable est fréquemment utilisé pour promener le touriste étranger, y compris sur les grandes avenues. Selon Tuoi Tre, l’idée de Bui Danh Lien, président de l’Association de transport de Hanoï, est de l’introduire dans la capitale du Vietnam pour une autre raison : assurer les liaisons entre les communes ou les quartiers afin de transporter les passagers, par exemple, jusqu’aux arrêts d’autobus, sans les laisser circuler sur les grandes avenues ou les autoroutes interurbaines.

Le tuk tuk est conçu pour transporter 3 ou 4 passagers (il en transporte parfois le double quand le règlement n’est pas appliqué). Il a souvent remplacé le cyclo-pousse et le taxi-moto (le client est sur le siège arrière), xe-ôm (pour ‘moto-embrasser’) au Vietnam, moto-dob (pour ‘double’) au Cambodge. A Hanoï, les derniers cyclo-pousses sont ceux de voyagistes ou d’hôtels de luxe utilisés pour trimbaler les clients (et sont la cause d’embouteillages dans la vieille ville car ils se déplacent par groupes de 10 ou 20, lentement et à la queue-leu-leu, interrompant la circulation).

Ouvert à tous vents, et même avec la protection d’une capote contre la pluie, le tuk tuk offre l’inconvénient de récupérer les fumées des tuyaux d’échappement et d’être peu praticable par mauvais temps (les coups de crachin, à Hanoï peuvent durer quelques jours en hiver ; en été, la chaleur y est intense). Peut-il débarrasser les rues de la capitale vietnamienne d’au moins une petite partie de ses motos ? Dans le Vieux Quartier, celui des 36 rues, hautement touristique, le débarquement de tuk tuk pourrait avoir l’effet contraire : les rues sont très étroites et seules les motocyclettes parviennent à se déplacer facilement entre les nuées de piétons.

En tout cas, le ministère des Transports, selon Thanh Nien, est hostile à cette initiative. Il fait valoir qu’un type de tuk tuk, intitulé xe-lam, a circulé voilà quelques années mais qu’il s’est révélé inadapté. Le ministère préfère investir dans les transports en commun urbains, tels l’autobus, le tramway ou le métro.

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Société Viêtnam

Vietnam : des instructions pour se suicider sur la Toile

Des Vietnamiens ont récemment découvert sur la Toile, à la portée d’adolescents, des sites qui décrivent différentes façons de se suicider. Un véritable choc.

«Manuel pour se suicider», «Guide pour la mort», «Enseignement gratuit en ligne de la manière de se suicider», telles sont les propositions avancées par des sites en langue vietnamienne, rapporte le site d’information VietnamNet en se gardant de les mentionner. Ces sites décrivent les méthodes pour  se donner la mort : en mettant le feu à de l’essence, en recourant à un choc électrique dans une baignoire… Après avoir aligné leurs instructions, de soi-disant «experts» avertissent leurs lecteurs qu’il ne faut pas suivre les exemples donnés.

Au Vietnam, sur des réseaux sociaux, des appels désespérés d’adolescents sont enregistrés. «Je suis totalement déprimé car je suis soupçonné d’être un chapardeur dans ma classe. Donnez-moi un conseil», écrit un élève de onzième (l’équivalent d’une première française). «Aidez-moi ! Je suis désespéré, je ne sais plus quoi faire», écrit un autre. «J’ai une famille, ce que l’on qualifie d’habitude de foyer, mais c’est un enfer pour moi. Car c’est seulement en enfer que chaque individu n’agit que pour lui-même et que les gens se haïssent. Mes parents se balancent des insultes tous les jours. Je hais réellement cette vie», écrit un troisième.

Récemment, dans la province de Ha Tinh, un élève de onzième (première) s’est immolé par le feu parce que l’aveu de son amour a été rejeté par sa belle. A Hanoï, des gens sont intervenus à temps pour empêcher une écolière de se jeter dans le Fleuve rouge à partir du pont Long Biên (l’ex-Paul Doumer). Dans une société imprégnée de romantisme, les adolescents sont particulièrement sensibles : un amour déçu, une insulte, une dispute suffisent à les déprimer. Des «experts», sur ces sites, vont jusqu’à leur suggérer une «mort romantique» : «dormir dans une pièce fermée avec un million de roses». Ecœurant.

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Société Viêtnam

Vietnam : un manque critique d’instituteurs pour la rentrée

Le recrutement dans l’enseignement primaire et les jardins d’enfants se heurte à de sérieux obstacles au Vietnam. Le travail est dur et les salaires médiocres.

En vue de l’année scolaire 2012-2013, Hochiminh-Ville, la mégapole méridionale du Vietnam, a besoin de recruter 1000 instituteurs supplémentaires ainsi que 751 personnels en charge des jardins d’enfants. Selon le site VietnamNet, pour y parvenir, la municipalité a reporté la date de dépôt des candidatures et autorisé le recrutement d’enseignants ne disposant que d’un permis de résidence temporaire. Mais le nombre des candidats est insuffisant : 440  pour les crèches et 525 pour le primaire.

Dans le quartier de Tan Phu, où le déficit d’enseignants est déjà chronique, 130 candidats seulement se sont présentés alors que 291 postes sont à remplir. Dans les écoles normales, la majorité des étudiants sont des migrants qui ne disposent même pas de permis temporaire de résidence. En outre, la rotation du personnel enseignant est très forte en raison du bas niveau des salaires et des contraintes du métier.

La situation est également critique dans le delta du Mékong, où les jardins d’enfants ont besoin de recruter 2300 personnels d’encadrement. La seule province d’An Giang a un déficit de 410 enseignants dans le primaire (y compris les crèches). En outre, danns les universités, le nombre des étudiants en pédagogie baisse régulièrement.

Un recent rapport de l’Institut de recherches de l’éducation et de la science souligne que plus de 50% des enseignants regrettent d’avoir choisi leur métier, dont 41% des instituteurs. Les raisons : leurs revenus sont trop maigres pour élever leurs propres enfants et ils doivent trouver d’autres ressources. Plus de la moitié des enseignants ont exprimé leur lassitude. Le nombre d’heures de travail est souvent supérieur de 50% à ce qui est stipulé (40 heures par semaine).

A Hanoi, les jardins d’enfants de l’enseignement public  peuvent compter de 50 à 70 enfants. Mais de nombreux parents n’ont pas les moyens d’envoyer leurs enfants dans les crèches privées. Les classes sont surchargées. «Les enseignants sont épuisés et les enfants s’ennuient», écrit VietnamNet.