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Analyse Asie Politique Viêtnam

Vietnam : relance de la coopération militaire avec Moscou

Le Vietnam a annoncé que la Russie sera autorisée à créer un «point d’approvisionnement matériel et technique» à Cam Ranh.

Le président du Vietnam, Truong Tan Sang, a également déclaré à la Voix de la Russie que cette décision «devrait aider à promouvoir la coopération militaire» entre les deux pays tout en précisant  que les installations aéroportuaires de la baie de Cam Ranh ne pourraient pas être utilisées à des fins militaires. Il a tenu ces propos en Russie, où il se trouve en visite officielle du 26 au 30 juillet et où il rencontre le président Vladimir Poutine à Sotchi, sur la Mer Noire.

Cam Ranh avait été l’une des grandes bases militaires américaines au Vietnam du Sud entre 1965 et 1973. Fin 1978, peu avant l’intervention militaire du Vietnam au Cambodge, Hanoï avait assuré ses arrières en signant avec l’Union soviétique un traité de coopération et d’amitié de vingt-cinq ans dont l’une des clauses secrètes aurait été l’utilisation de Cam Ranh par l’Union soviétique. Les derniers éléments militaires russes ont, effectivement, évacué Cam Ranh entre 2001 et 2003, soit une douzaine d’années après la dissolution de l’URSS.

La coopération militaire avec la Russie s’est poursuivie ces deux dernières décennies, mais de façon moins régulière. Toutefois, le Vietnam continue d’acheter des armes russes. Entre 2013 et 2018, la Russie doit livrer six sous-marins – un par an – au Vietnam. Il s’agit de submersibles du Projet 636M Kilo, qui seraient équipés de missiles Club-S. La coopération entre les chantiers navals des deux pays se poursuit également. Zvezdotchka – les chantiers navals russes – étudient la possibilité de participer à la reconstruction des chantiers navals de Cam Ranh. En outre, deux corvettes destinées à la marine de guerre vietnamienne ont été récemment mises à l’eau en Russie.

De son côté, la marine russe, qui ne dispose plus que d’une base à l’étranger (Tartous, en Syrie), cherche des points d’appui à l’extérieur du territoire russe, notamment à Cuba, aux Seychelles et au Vietnam. Mais, au moment où la tension monte en Mer de Chine du Sud avec un déploiement d’activités militaires et civiles de Pékin dans cette zone contestée, Hanoi semble avoir l’intention de garder les mains libres sans pour autant se priver de renforcer ses liens militaires, avec Moscou comme avec Washington.

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Société Viêtnam

Vietnam : le marché lucratif des épouses pour Asiatiques

Plus de trois cent mille Vietnamiennes ont épousé des étrangers depuis 1998, pour la plupart chinois, sud-coréens, taïwanais. Un commerce qui rapporte.

La police de la province de Tây Ninh, dans le Vietnam méridional, a rapporté le 19 juillet, selon le quotidien Thanh Nien, l’arrestation d’un ressortissant chinois, Lin Liang Hui, 43 ans, et de neuf  complices vietnamiens alors qu’ils organisaient l’envoi en Chine de trois Vietnamiennes achetées comme épouses par des Chinois. Les complices vietnamiens, selon la police, étaient chargés par Lin de «recruter» les futures épouses. De leur côté, les futurs époux chinois reversaient à Lin entre 3000 et 4000 €. Quarante Vietnamiennes auraient ainsi été vendues par Lin.

Beaucoup de mariages sont arrangés par des agences matrimoniales dont la légalité est douteuse. «Les agences fournissent souvent des informations incorrectes sur la santé des clients, leur apparence, leur emploi, leurs revenus. Les rêves de beaucoup de femmes se brisent lorsqu’elles se retrouvent avec des maris vieux et malades, qui vivent dans des endroits reculés et manifestent des comportements abusifs», rapporte, selon Thanh Nien, Hoang Ba Thinh, directeur à Hanoi du Centre de recherches sur la population, l’environnement et les affaires sociales.

Au cours d’une enquête récente, le quotidien Tuoi Tre a découvert une «multitude» de services chinois sur la Toile, avec références à des agences à Hochiminh-Ville dont les adresses sont inexistantes. Certains clients chinois commandent des épouses vietnamiennes sur photo. Le journal chinois Global Times a affirmé en mai qu’une agence matrimoniale au Yunnan proposait, sur la Toile, une épouse vietnamienne, âgée de 18 à 25 ans,  pour un montant situé dans une fourchette de 4000 à un peu plus de 5000 €.

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Analyse Chine Philippines Politique Viêtnam

Mer de Chine du Sud : nouveaux bruits de bottes chinoises

L’escalade se poursuit en Mer de Chine du Sud. Pékin a annoncé l’installation formelle d’une garnison aux Paracels et  aux Spratleys.

La toute puissante Commission militaire centrale a «autorisé» l’Armée populaire de libération chinoise à installer une garnison en Mer de Chine du Sud. Son commandement dépendra de la province de Guangzhou et sera situé dans la «ville de Sansha», une unité administrative formée en juin et dont le siège se trouve sur la principale île des Paracels, occupée en 1974 par l’armée chinoise (qui en avait alors chassé une petite garnison sud-vietnamienne)  et qui est dotée d’une piste aérienne réaménagée.

La poussée chinoise en Mer de Chine méridionale se poursuit rapidement. La grande île de Haïnan, au nord, est dotée d’une base de sous-marins et d’un aéroport militaire. Les flotilles de pêche chinoises sont sous la protection de leurs propres bâtiments armés. La marine de guerre chinoise chasse les bateaux de pêche du Vietnam et des Philippines. Pékin exerce de fortes pressions sur les sociétés pétrolières occidentales pour freiner l’exploration (gaz et pétrole)  dans les zones économiques exclusives des autres Etats riverains. Les troupes chinoises qui seront stationnées dans les archipels des Paracels et des Spratleys seront «responsables de la gestion de la mobilisation, des réserves militaires et des opérations militaires» nécessaires à a protection de la «ville de Sansha».

En 1988, dans la partie méridionale de l’archipel des Spratleys, soit à mille km au sud de l’île de Haïnan, Pékin avait établi de force une station d’observation marine et les affrontements entre les marines chinoise et vietnamienne avaient alors fait 64 morts chez les Vietnamiens. Cette fois-ci, dans le même secteur, Pékin a dépêché le 14 juillet trente chalutiers sous la protection d’un bâtiment armé de trois mille tonnes de l’administration chinoise des pêches.

La Chine poursuit la mise en place d’un dispositif de contrôle de la Mer de Chine du Sud dont elle revendique plus de 80% des eaux. Un poids croissant est accordé aux militaires chinois, au nationalisme pariculièrement agressif. Les risques d’incidents ne sont donc plus à écarter car il s’agit, de la part de la Chine, d’une poussée délibérée. Ces trois derniers week-ends, le Vietnam a toléré de petits rassemblements anti-chinois à Hanoi. La Mer de Chine du Sud est en passe de devenir la zone la plus sensible en Asie.

Jean-Claude Pomonti

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Société Viêtnam

Vietnam: philtres d’amour et de désamour

Une combinaison de deux procédés devait ramener le père-époux dans le droit chemin. Et surtout, redonner vie éternelle à une tendresse disparue.

Son époux rentrait tard le soir, fatigué, de mauvaise humeur. Ingénieur, il avait passé quelques années sur un chantier à Son La, dans le nord du Vietnam. Une fois le projet terminé, il avait regagné son domicile et sa famille à Hanoï. Mais, depuis son retour, les querelles étaient incessantes. Lê Thi Huong avait alors soupçonné son mari de la tromper. Des inspections discrètes de son téléphone portable et les rapports d’un détective privé avaient confirmé ses inquiétudes.

Après en avoir déniché la publicité sur la Toile, Huong s’était donc rendue dans une épicerie de la capitale pour y acheter un philtre d’amour, l’équivalent de 35€. Elle versa aussitôt la potion dans la tasse de son mari, grand consommateur de café. Ensuite, suivant les instructions du vendeur de la potion, elle fit revenir dans une casserole les sous-vêtements sales de son époux chaque jour, pendant une semaine.

Devant l’absence d’effets de la formule, rapporte le site VietnamNet, Huong rappela le vendeur, sans succès. En changeant de téléphone, elle l’eût aussitôt au bout du fil. L’homme lui répondit d’une voix lasse, à propos de la potion : «je n’en sais rien, j’ai seulement entendu dire qu’elle était efficace et c’est pourquoi je la vends». Il faut croire que les clients, aisés, continuent d’affluer.

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Société Viêtnam

Vietnam : les fleuves victimes de la pollution industrielle

En un quart de siècle de forte expansion économique, le niveau de vie a quadruplé au Vietnam. L’envers de la médaille : une forte pollution industrielle.

«Si la pollution de l’environnement se poursuit au rythme actuel, nous ne pourrons pas prévoir ce qu’il adviendra du développement socio-économique du pays», a résumé Bui Thi An, qui représente Hanoi à l’Assemblée nationale du Vietnam. Plusieurs de ses collègues ont également estimé que des dizaines de millions de Vietnamiens vivent aujourd’hui dans des environnements pollués. Une grande partie de la faute en incombe aux parcs industriels qui, selon le site VietnamNet, produisent des «rivières de la honte».

Sur les 283 Parcs industriels du pays, 35% n’ont pas de système de traitement des eaux usagées et beaucoup d’autres disposent de systèmes peu performants. Par exemple, les autorités viennent de découvrir que trois parcs industriels aux alentours du port de Danang, dans le centre, et un autre dans la province septentrionale de Phu Tho ont endommagé l’environnement pendant des années.

«Nous allons continuer de poursuivre les inspections et les parcs industriels qui ne se doteront pas de systèmes adéquats de traitement des eaux usagées perdront leur autorisation de fonctionner», a déclaré à la mi-juin Nguyên Minh Quang, ministre des Ressources naturelles et de l’Environnement. Environ 70% des trois millions de mètres cubes d’eaux usagées produites quotidiennement sont déversées dans la nature. Fleuves, cours d’eau et canaux sont de plus en plus victimes d’une pollution industrielle qui coûte au Vietnam, selon la Banque mondiale, 5,5% de son PIB.

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Asie Viêtnam

Vietnam : la croissance économique malgré tout

Dans le classement des économies dont l’expansion est la plus rapide, le Vietnam est en 22ème position, selon le site américain Business Insider. Une bonne place.

Selon les données de la Banque mondiale du premier semestre 2012, utilisées par Business Insider pour dresser la liste des meilleurs taux de croissance, celui du Vietnam sera de 5,7% en 2012, de 6,3% en 2013 et de 6,5% en 2014. L’expansion du pays est pratiquement continue depuis l’application de réformes décidées en 1986 lors du VI° Congrès du PC. Les exportations – textile, pétrole, riz, électronique, machines – sont la principale locomotive de l’expansion.

Le Vietnam n’est pas le seul pays d’Asie du sud-est à manifester sa vitalité : dans la liste des taux de croissance les plus élevés de la planète, le Laos occupe la 4ème place, le Cambodge la 18ème et l’Indonésie la 21ème. En raison de la relance de ses exportations de pétrole, qui représentent 90% des recettes de l’Etat, et d’un important effort de reconstruction, l’Iraq se retrouve en tête de liste.

Autre bonne nouvelle pour Hanoi : le taux de l’inflation a baissé pendant un dixième mois consécutif et a atteint en juin 6,9%, soit son taux le plus bas depuis décembre 2009, selon le quotidien Thanh Nien. Le taux d’inflation devrait être de 7% à 8% et celui de la croissance de 6% en 2012, a déclaré le 15 juin le vice-premier ministre Nguyên Xuân Phuc. Le FMI a toutefois recommandé que la priorité aille à la lutte contre l’inflation, quitte à s’accommoder d’une croissance «quelque peu ralentie».

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Histoire Politique Société Viêtnam

Renaissance du scoutisme au Vietnam

Une centaine de membres du scoutisme vietnamien ont soumis une demande officielle de reconnaissance du mouvement, à ce jour ni reconnu ni interdit.

Adressée à l’Assemblée nationale, au gouvernement et au PC du Vietnam, cette requête fait valoir que «la pratique scoute» devrait être reconnue «en tant qu’authentique méthode d’éducation de la jeunesse», annonce le 20 juin Eglises d’Asie, site des Missions étrangères de Paris. La veille, Dang Van Viet, qui dirige le scoutisme vietnamien, a déclaré à Radio Free Asia qu’«aucun texte officiel n’a signifié l’interdiction ou la dissolution du mouvement scout» et que «l’esprit de monopole qui a sévi ces dernières décennies (..) a fait son temps».

Apparu dans les années 1930 au Vietnam, le scoutisme s’est d’abord développé à Hanoi et à Saigon. Un premier rassemblement a eu lieu à Dalat en 1935. Une Fédération indochinoise des associations du scoutisme a été créée en 1937. Le scoutisme a connu son apogée pendant la Seconde guerre mondiale, sous le gouvernorat vichyste de l’amiral Decoux, ce qui n’a pas empêché des membres du mouvement de rejoindre le Vietminh en 1945. Par la suite, les activités des scouts ont beaucoup souffert des guerres.

Aujourd’hui, le scoutisme est inexistant dans le nord du pays et dans une bonne partie du centre. Il a poursuivi quelques activités dans le sud après 1975, mais de façon sporadique. Sa renaissance est liée en grande partie au renforcement de la communauté catholique, qui représente environ 6% d’une population proche de 90 millions d’habitants.

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Asie Politique Viêtnam

Terres rares: un centre de recherches Vietnam-Japon

L’ouverture d’un Centre de recherches et de transfert de technologie souligne le renforcement de la collaboration avec Tokyo dans le domaine des «terres rares».

Le Vietnam a pris en charge la construction du Centre, inauguré à Hanoi le 16 juin, et le Japon son équipement. Les recherches porteront, selon le quotidien Thanh Nien, sur le processus d’utilisation des «terres rares» dans l’industrie de haute technologie. «Le Centre contribuera à la mise en place d’une industrie des terres rares à la fois durable, efficace sur le plan économique, protégeant l’environnement et génératrice de revenus pour les communes qui disposent de minerais», a déclaré Trân Viêt Thanh, vice-ministre vietnamien de la Science et de la Technologie.

Fin octobre 2011, le premier ministre vietnamien Nguyên Tan Dung et son homologue japonais Yoshihiko Noda avaient passé un accord sur l’extraction et l’exploitation de terres rares dont le Vietnam détient les cinquièmes réserves mondiales. Cette coopération s’est précisée avec un protocole d’accord, signé le 17 mai 2012, sur l’exploitation conjointe de la mine vietnamienne de Dong Pao, dans le nord de la province de Lai Châu, près de la frontière chinoise, où se trouveraient plus de cinq millions de tonnes d’oxyde de terres rares. Il s’agirait de traiter dix mille tonnes de minerai par an.

La Chine, qui détient encore un quasi-monopole de la production de terres rares, a limité, au moins momentanément, ses exportations à la suite d’un incident naval avec le Japon. Ce dernier a donc entrepris de diversifier ses sources de terres rares, métaux indispensables en haute technologie (des missiles aux téléphones portables). La multiplication des accords avec Hanoi dans ce domaine répond à cette préoccupation.