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Sondage : l’image d’une Indonésie tolérante est mise à mal

Un récent sondage du LSI, institut respecté, souligne que la cohabitation religieuse est de plus en plus mal vécue, surtout par des gens instruits mais pauvres.

Le Jakarta Globe estime que l’intolérance, en Indonésie, croît à un «rythme alarmant». «L’enquête montre que les gens qui sont intolérants et tendent à fermer les yeux sur la violence sont généralement des gens instruits aux revenus faibles», a déclaré, le 23 octobre, Ardian Sopa, chercheur au LSI, un institut de sondage. Le sondage, début octobre, a porté sur 1.200 personnes dans les 33 provinces du vaste archipel.

67,8% des individus qui ont quitté l’école au plus tard à la fin du secondaire «ne sont pas à l’aise» quand leurs voisins suivent une religion ou ont des orientations sexuelles différentes.

61,2% n’aiment pas la présence de shiites dans leur voisinage et 63,1% celle des ahmadis. Parmi les sondés instruits (niveau du baccalauréat ou supérieur), les proportions sont différentes: 32,2% qui n’aiment pas la présence de voisins de croyance différente (38,8% pour les shiites, 36,9% pour les ahmadis). L’immense majorité de plus de deux cent millions de musulmans indonésiens (sur une population évaluée à environ 240 millions de gens) sont des sunnites.

Le rejet de la présence d’homosexuels dans le voisinage marque également une différence: 65,1% des moins instruits n’en veulent pas contre 34,9% des plus instruits. Il y a une différence également en fonction du niveau de revenus avec, pour barre, les 160 € par mois. Les gens aux petits revenus rejettent leurs voisins au bagage différent – plus de la moitié en ce qui concerne les shiites, 61,2% les ahmadis, 59,1% les homosexuels – beaucoup plus volontiers que les gens plus aisés (42,2%, 38,8% et 40,9%).

«L’intolérance à l’égard de gens à l’appartenance sociale différente augmente. Le sondage montre également que la tolérance du public à l’égard de la violence est croissante», estime un expert des cultures, Jose Rizal Manua, lequel a également déclaré au Jakarta Globe que cette intolérance croissante était liée à la complicité des autorités, qui se laissent parfois acheter, avec la majorité sunnite. Des sondages antérieurs du LSI ont montré que le nombre des gens qui approuvent la violence pour des raisons religieuses est passé de 13,9% en 2005 à 30,2% en 2010.

Toutefois, la sociologue Wardah Hafidz a émis des réserves sur la portée de ces sondages. Elle a estimé qu’il ne fallait pas procéder à des généralisations hâtives et que de nombreuses régions d’Indonésie affichaient un haut degré de tolérance.

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Lady Gaga et l’Indonésie: la polémique enfle

L’artiste au style peu conventionnel doit se produire dans un grand stade de Jakarta le 3 juin. Une milice islamiste lui reproche le «culte de Satan».

Plus de 30.000 billets – au prix de 35€ à près de 180€, ce qui est très cher en Indonésie – ont déjà été vendus pour le concert du 3 juin. Mais le FPI, ou Front pour la défense de l’islam, l’accuse de faire «la promotion du culte de Satan.» « Si vous voulez le chaos à Jakarta, maintenez le concert», menace Rizieq Shihab, patron du FPI, milice notamment connue pour avoir saccagé, voilà une dizaine d’années, les bars de la capitale.

Rizieq a fait de la prison. Mais il dispose de quelques appuis, notamment parmi des officiers à la retraite. En général, la police laisse le FPI prendre la loi entre ses mains : l’interdiction, par exemple, de réunions de chrétiens. Quant au gouvernement, la plupart du temps, il ne dit rien. Les miliciens du FPI, en robe blanche, sont de plus en plus impopulaires. Mais, jusqu’ici, dans un pays qui compte près de 90% de musulmans,  modérés dans leur immense majorité, le FPI bénéficie paradoxalement d’une quasi-impunité.

Que va-t-il se passer ? Les islamistes décrètent que les concerts de Lady Gaga sont «haram». Ils lui reprochent «son soutien aux homosexuels, aux lesbiennes, aux transsexuels». Comment vont réagir les «petits monstres», les fans de Lady Gaga, très nombreux en Indonésie ? Pour l’instant, ils «ronchonnent», rapporte le Jakarta Post. Le FPI s’est engagé, de son côté, à ne pas laisser sortir de l’aéroport l’artiste, qui vient d’entamer à Séoul une tournée de six mois. L’étape de Jakarta demeure néanmoins au programme.