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Les jeunes de Singapour et l’après-Lee Kuan Yew

Selon deux militants politiques, le système mis en place depuis les années 60 par le fondateur de la cité-Etat Lee Kuan Yew est de plus en plus remis en cause.

«Singapour est comme la lune. Elle est belle, mais elle tourne sur son axe en présentant toujours la même face à la Terre, laissant sa face cachée invisible». C’est sur cette métaphore que deux militants politiques singapouriens ont entamé leur présentation, le 29 mai, au Club des correspondants étrangers de Thaïlande sur le «prélude à l’ère post-Lee Kuan Yew». Tan Wah Piow, ancien président des étudiants de l’université de Singapour, a fui sa terre natale en 1976, après avoir été arrêté à cause de son activisme politique. Exilé depuis en Grande-Bretagne, il a été accusé en 1987 d’une «conspiration marxiste» contre la cité-Etat. Teo Soh Lung a été arrêtée cette année-là et a passé trois ans en prison sans avoir été jugée.

Cette dernière, avocate à la retraite, estime que «Lee Kuan Yew (Premier ministre de 1959 à 1990) n’a plus l’aura d’autorité absolue dont il bénéficiait par le passé» et que «l’élément de peur commence à s’éroder». «La jeune génération semble sans peur. Elle n’a pas connu les campagnes d’arrestations massives des années 60, 70 et 80. C’est un défi à relever pour le Parti de l’action populaire (PAP, au pouvoir depuis l’indépendance en 1959), et il faut voir s’il réagira en utilisant ou non la Loi de sécurité intérieure qui permet une détention illimitée sans jugement», ajoute-t-elle. Pour Tan Wah Piow, qui vient de publier un livre sur son parcours de militant intitulé Smokescreens and Mirrors, la question centrale est de savoir si les dirigeants parmi lesquels l’actuel Premier ministre Lee Hsien Loong, fils de Lee Kuan Yew, «sont capables de transformer la structure politique pour permettre une vraie compétition entre différents partis». Il dit en douter car, selon lui, «la culture politique de ces dirigeants est d’octroyer (à la population) des bénéfices économiques et non des droits politiques» et conclut que cela sera probablement insuffisant pour la jeune génération.

Smokescreens and Mirrors : Tracing the Marxist Conspiracy, Tan Wah Piow, éditions Function 8 Limited, Singapour, 2012

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Singapour compte sur l’année du Dragon pour doper la natalité

Singapour espère qu’en 2012, le signe très favorable du Dragon, celui des empereurs, enrayera au moins momentanément la chute constante des naissances.

« Passionné, volontaire, courageux … », telles sont les qualités des enfants nés sous le signe du Dragon qui est, dans l’astrologie chinoise, particulièrement « auspicieux ». Le Premier ministre singapourien Lee Hsien Loong a exprimé le vœu d’une relance de la natalité, selon Eglises d’Asie (revue des Missions étrangères de Paris). Les plus récentes années du Dragon (1988, 2000) avaient été l’occasion d’une croissance de 10% des naissances dans la cité-État.

Mais un tel bond en 2012 promet d’être sans lendemain. Le taux de fécondité, selon Eglises d’Asie, est passé de 1,6 en 2000 à 1,2 en 2011 (le seuil de renouvellement des générations est de 2,1 enfants par femme en âge de procréer). Singapour compte 5,2 millions d’habitants, dont 1,4 million d’étrangers. Les Chinois représentent les trois quarts des 3,8 millions de Singapouriens et le taux de fécondité de cette communauté est le plus faible (1,02 pour les Chinoises contre 1,65 pour les Malaises et 1,13 pour les Indiennes). Depuis 1984, le gouvernement, qui a versé un moment dans l’eugénisme, a multiplié les incitations à la fécondité. Sans succès.