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Philippines

Philippines : chasse aux inondations à Manille

Le président Aquino a dégagé 629 millions de dollars pour financer la première phase d’un vaste plan de protection de Manille contre les inondations.

La capitale des Philippines est régulièrement inondée. Le 15 septembre, des pluies diluviennes en ont inondé plusieurs quartiers et, sur certaines avenues, seuls les autobus pouvaient circuler. En août, des inondations à Manille et sur l’île de Luçon ont fait près de cent victimes. Un demi-million de gens se sont retrouvés provisoirement sans abri. Voilà trois ans, des inondations provoquées par deux cyclones ont fait environ un millier de morts. Des millions de Philippins avaient alors été affectés et le montant des dégâts s’était élevé, selon la Banque mondiale, «à  4,3 milliards de dollars», rappelle Irin, l’agence du Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU.

Le gouvernement Aquino a donc décidé de prendre le taureau par les cornes et d’amorcer un «plan maître» de lutte contre les inondations de la capitale qui s’étalera jusqu’en 2035. Dans une première phase, il s’agira de construire ou de renforcer des digues, de draguer les canaux embourbés, d’installer des pompes aux endroits les plus sensibles autour de Manille (et d’en faire autant dans les zones  les plus vulnérables de l’archipel).

Irin rapporte que le plan prévoit, par exemple, le nettoyage de deux cents cours d’eau et estuaires de la région de Manille ; la mise en place d’un système d’alerte des quartiers les plus vulnérables ; l’installation de 61.000 instruments de contrôle du niveau des eaux. A long terme, le plan inclut  le relogement de «dizaines de milliers de familles», pour l’essentiel des habitants de bidonvilles.

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Philippines Politique

Gloria Macapagal-Arroyo est libérée sous caution

Internée depuis novembre 2011 dans un hôpital militaire,  l’ancienne présidente des Philippines (2000-2009) a été libérée le 25 juillet sous caution.

Jesus Mupas, juge du tribunal régional de Pasay (banlieue de Manille), a estimé que les preuves d’une «conspiration» étaient faibles et que l’accusation de «sabotage électoral» lors d’élections sénatoriales en 2007 ne pouvait justifier la détention de Mme Arroyo, aujourd’hui âgée de 65 ans. Cette dernière, arrêtée en novembre 2011 à l’aéroport de Manille alors qu’elle tentait de quitter les Philippines était détenue dans un hôpital militaire de la capitale, le Veterans Memorial Medical Center, où elle était soignée. Elle a été libérée moyennant une caution d’un peu moins de 20.000 € après l’audition d’un ancien administrateur de la province de Maguindanao.

Lorsque la nouvelle de la prochaine libération de Mme Arroyo a commencé à circuler, des petits groupes de manifestants de gauche ont convergé vers l’hôpital pour réclamer le maintien en prison de l’ancienne présidente et critiquer le gouvernement de son successeur, l’actuel président Noynoy Aquino, lui reprochant de ne pas avoir réussi à rassembler les preuves de la culpabilité de Mme Arroyo. Des partisans de l’ancienne présidente en ont fait autant et la police anti-émeute a pris position pour prévenir tout incident entre les deux groupes.

La Cour a, toutefois, maintenu l’interdiction de quitter les Philippines qui frappe Mme Arroyo. Le crime de «sabotage électoral» est passible de la prison à vie. L’ancienne présidente était accusée de collusion électorale en 2007 avec un clan de Maguindanao (sur l’île méridionale de Mindanao) qui s’est rendu responsable, en novembre 2009, soit deux années plus tard, du massacre de 58 personnes, dont 34 journalistes.

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Asie Chine Philippines Politique

Sauvetage d’une frégate chinoise échouée près des Philippines

Des bâtiments chinois ont réussi à remettre à l’eau un navire de guerre échoué sur un banc de sable au large des Philippines. Un incident de plus.

Au moins six bâtiments de la flotte de guerre chinoise ont réussi, le 15 juillet, à remettre à l’eau une frégate chinoise qui s’était échouée le 11 juillet sur un banc de sable à 70 km à l’ouest de l’île philippine de Palawan. Le banc en question – Half Moon en anglais, Hasa Hasa en tagalog – fait partie de l’archipel des Spratleys, dont Pékin revendique la propriété, et se trouve dans un secteur situé, selon Manille, dans la zone territoriale exclusive des Philippines. Légèrement endommagée, la frégate a pu reprendre sa route alors que des gardes-côte philippins s’étaient regroupés pour participer, en cas de besoin,  à son renflouement.

Cet incident intervient alors que des échanges entre Pékin et Manille n’ont pas encore permis de régler le face-à-face entre des navires des deux pays en mai à proximité du récif de Scarborough, situé à 700 km plus au nord, au large de la grande île philippine de Luçon. Manille s’est félicité du succès de la libération de la frégate chinoise et n’a pas protesté car les eaux de toute zone territoriale exclusive sont ouvertes à la circulation de navires étrangers.

Au même moment, en dépit des protestations de Pékin qui affirme sa souveraineté sur 80% des eaux de la mer de Chine du Sud, Manille a annoncé l’ouverture à l’exploration étrangère (gaz et pétrole) d’un nouveau lot situé à 55 km de la côte de Palawan. Le Vietnam en a fait autant, récemment, du côté ouest de l’archipel des Spratleys. L’exploration et l’exploitation des hydrocarbures dont la mer de Chine du Sud est censée regorger risque de devenir le principal sujet de tensions entre les Chinois et les autres Etats riverains, parmi lesquels figurent également la Malaisie et Brunei.

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Philippines Politique Société

Philippines : après la corruption, le contrôle de naissances

L’église catholique philippine menace le président d’excommunication. Mais les bénéfices de la croissance seront perdus sans contrôle des naissances.

Les Philippines comptaient 28 millions d’habitants en 1960. Elles ont franchi le cap des 80 millions en 2003 et atteindront dans quelques années les cent millions. La Thaïlande – une quarantaine de millions d’habitants dans les années 60 – n’en abrite que 65 millions aujourd’hui à la suite d’une efficace campagne de contrôle des naissances. Le Vietnam (près de 90 millions d’habitants de nos jours) est parvenu lui aussi à contrôler les naissances et, selon les projections, entrera même dans une phase de vieillissement en 2017 avec 10% de plus de 60 ans (alors que la moitié de sa population avait 25 ans et moins en 1975).

Depuis quinze ans, à Manille, la Conférence des évêques bloque un projet de loi sur les droits de reproduction qui introduit l’accès universel pour les femmes au contrôle des naissances. 85% des Philippins sont chrétiens, dans leur immense majorité des catholiques dont la moitié vont à la messe chaque semaine. La puissante hiérarchie catholique avait surveillé de très près le président Fidel Ramos (1992-1998), de confession protestante. Elle se méfie aujourd’hui du président Noynoy Aquino, certes catholique mais qui s’est prononcé pour le contrôle des naissances dans sa campagne électorale en 2010.

Noynoy relance son projet, placé un temps dans un placard, en projetant des crédits alloués aux services publics de santé sous forme de crédits à des «fournitures» liées à la planification familiale et destinées à être distribuées à travers l’archipel. Les temps lui sont favorables : l’économie redémarre ; la corruption marque le pas ; les grands projets de développement sont votés. En outre, plus du tiers des Philippines pratiquent déjà la contraception (pilule, stérilet, préservatif, dont l’Eglise condamne la distribution). La lutte s’annonce ardue et de longue haleine.

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Culture Thaïlande

Provocation? Gaffe ? Lady Gaga n’en manque pas une

La tournée de la star en Asie du sud-est se poursuit en faisant des vagues. A Bangkok, elle suscite une nouvelle polémique.

A la suite de son séjour à Manille, sitôt arrivée à Bangkok à bord de son jet privé, le 23 mai, Lady Gaga a déclaré sur Twitter qu’elle allait profiter de son escale en Thaïlande pour acheter une «fausse Rolex». Ensuite, elle est allée voir un spectacle de transsexuels dans un cabaret. Elle a été assez emballée par la revue pour se rendre dans les coulisses, après le spectacle, pour féliciter les acteurs, selon le Bangkok Post.

Le public thaïlandais ne s’attendait sûrement pas à une attitude pareille. Le message sur Twitter a été qualifié «d’insultant et de mauvais pour l’image du pays», poursuit le Bangkok Post. Les Thaïlandais «ont tendance à être mécontents quand les étrangers mettent en relief le milieu minable de la pègre», a-t-il ajouté. Des propos indignés se sont répandus sur la Toile.

Mais Lady Gaga ne donne pas l’impression de s’en émouvoir. Elle est dénoncée par les chrétiens conservateurs en Corée du Sud et aux Philippines. Elle est  rejetée par les islamistes en Indonésie où son concert, le 3 juin, à Jakarta, est plutôt incertain, en dépit des cinquante mille billets vendus. Mais, pour l’instant, elle compte sur ses dizaines de milliers de «petits monstres» thaïlandais – plus quelques autres venus exprès des pays voisins – pour lui faire un triomphe dans la soirée du 25 mai.

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Asie Philippines Politique

Mer de Chine du Sud: le triomphe des poissons

Dans la dispute entre Pékin et Manille en mer de Chine du Sud, aux alentours du récif de Scarborough, les grands vainqueurs sont les poissons. Voilà pourquoi.

Pour éviter de relancer la tension en mer de Chine du Sud, le président des Philippines Benigno Aquino a convaincu, le 18 mai, un groupe d’une vingtaine de pêcheurs de renoncer à se rendre à Scarborough, le récif qui fait l’objet d’un contentieux entre Manille et Pékin. Du coup, les poissons qui fréquentent ces eaux – ils sont, parait-il, fort nombreux – vont avoir la paix.

En effet, selon le Wall Street Journal, Pékin a annoncé une interdiction de la pêche du 16 mai au 1er août dans la zone qui comprend Scarborough, afin d’éviter qu’une pêche trop intensive dépeuple les eaux. Ce n’est pas la première fois que la Chine prend ce type de mesure temporaire. Tout en ne reconnaissant pas les décisions de Pékin concernant des eaux qui se trouvent dans la zone économique exclusive des Philippines, Manille a décidé d’en faire autant. Le président Aquino a pris cette initiative afin de reconstituer les stocks de poissons.

Ces mesures parallèles reflètent sans doute une volonté de désescalade dans un conflit qui aurait pu prendre mauvaise tournure, même si le fond du problème, la souveraineté sur ces eaux, n’est pas abordé. Les filets ont été retirés. Manille et Pékin jouent les verts. Toutefois, pour les poissons, le répit sera de quelle durée ?

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Asie Philippines Politique

Face aux Philippines, la main chinoise est trop forte

Dans la dispute qui oppose Pékin à Manille en mer de Chine du Sud, les Philippines disposent de très peu d’atouts, militaires comme économiques. Une main faible.

La Chine est devenue le troisième partenaire commercial des Philippines, avec des échanges d’un montant de 23 milliards d’€ en 2011. Manille et Pékin ont décidé de doubler ce montant d’ici à 2016, ce qui fera de la Chine le premier marché pour les produits philippins. C’est un atout auquel Pékin peut faire appel en cas de désaccord sur les frontières maritimes entre les deux pays.

Selon le Manila Bulletin, 150 conteneurs de bananes importées des Philippines sont en train de pourrir sur les quais de ports chinois à la suite d’inspections poussées qui ont fait état de la présence d’«insectes». Parallèlement, l’Administration chinoise du tourisme a déconseillé de se rendre aux Philippines et trois compagnies aériennes chinoises ont réduit leurs vols en raison d’un manque de passagers.

Ces mesures soulignent à quel point les Philippines sont dépendantes économiquement de la Chine, au moment où Manille négocie avec Pékin des projets de contrats chinois d’un montant de 6 milliards d’€. En recourant à des bateaux de pêche, formés aux missions en eaux disputées et protégés par des bateaux armés placés à courte distance, Pékin n’a pas besoin de faire intervenir sa marine de guerre (ce qui risquerait de provoquer une réaction américaine).

Le seul navire de guerre philippin présent à proximité du récif de Scarborough, où un face-à-face se poursuivait depuis le 10 avril, s’est donc retiré. «Je pense qu’on en restera là pour le moment», a déclaré Scott Harold, expert de la Rand Corporation, au Christian Science Monitor. En ajoutant : «Pékin a indéniablement le dessus dans le contrôle du récil de Scarborough. Les Chinois n’ont rien à gagner en recourant à la force. Les Philippines, de leur côté, sont si faibles militairement qu’elles vont être très prudentes».

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Philippines Politique

L’enquête le dit : le premier juge des Philippines ? Un ripoux

De 2002 à 2011, membre de la Cour suprême des Philippines, avec un salaire alors inférieur à 800 €, Renato Corona a mis de côté plus de 20 millions d’€…

Deux jours après l’élection de son successeur à la présidence des Philippines et un mois avant la fin formelle de son mandat en 2010, Gloria Macapagal-Arroyo avait nommé Renato Corona président de la Cour suprême, avec l’espoir qu’il pourrait la protéger contre un procès annoncé pour corruption. La manœuvre a été vaine : Arroyo est poursuivie en justice et la Chambre des représentants a voté l’impeachment de Corona le 12 décembre 2011, donc sa traduction devant le Sénat transformé en tribunal.

Les résultats de l’enquête, présentés le 15 mai devant les sénateurs-juges à Manille, sont éloquents : Corona avait un dollar dans un compte bancaire en 2003. Il est titulaire en 2012 de 82 comptes bancaires en devises étrangères. Ses rentrées se sont élevées à plus de vingt millions d’€ et le total de l’«argent frais» dont il dispose aujourd’hui est évalué à près de la moitié de cette somme.

Si Corona, qui a auparavant nié les accusations, est jugé coupable d’avoir abusé de ses fonctions pour s’enrichir – et, de surcroît, d’avoir prononcé des verdicts injustes – il sera limogé. Son témoignage devant le Sénat, s’il a lieu, n’y changera pas grand-chose. Pour l’élu de 2010, le président en exercice Benigno Aquino, il s’agit d’un point marqué dans la lutte contre la corruption.