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Indonésie : Les grands partis demeurent très favorisés

La Commission électorale (KPU) doit confirmer que dix partis seulement pourront participer aux élections générales et à la présidentielle de 2014. Pour le moment.

En Indonésie, pour pouvoir présenter des candidats aux élections, un parti politiques doivent prouver qu’il a au moins mille adhérents dans chacun ou chacune des 560 districts (régences) ou municipalités du vaste archipel. L’idée, au départ, est d’écarter les formations locales qui seraient le reflet des quelque trois cents ethnies du pays, morcelant la vie politique. Le résultat : sur les 34 formations qui voulaient présenter des candidats, dix seulement seront retenues, sauf imprévu.

Le seul nouveau parti autorisé à présenter des candidats est le NasDem, ou Parti national démocratique. La scène demeure donc dominée par trois grandes formations : le Parti démocrate du président Susilo Bambang Yudhoyono (SBY) ; le PDI-P (Parti démocratique indonésien-lutte, de Megawati Sukarnoputri) ; et le Golkar (l’ancien parti de feu Suharto). Parmi les six autres formations figurent trois partis musulmans.

Comme SBY ne peut pas se présenter à un troisième mandat en 2014, qu’il n’a pas de successeur désigné et que son Parti démocrate est affaibli par des scandales de corruption, les élections générales pourraient favoriser deux vieux chevaux, le PDI-P nationaliste, héritier de Sukarno, et le Golkar, héritier de Suharto. A condition que le Golkar cesse d’être miné par la désunion et trouve un candidat acceptable.

La scène politique indonésienne demeure d’autant plus un oligopole de grands partis que tout candidat à l’élection présidentielle doit être présenté par un parti ou une coalition de partis qui a recueilli 25% des voix aux élections législatives, ou a obtenu 20% des sièges au Parlement. Toutefois, cette règle pourrait changer avec la retraite annoncée, le 31 mars 2013, de Maffud M. D., l’actuel président de la Cour constitutionnelle, qui a résisté avec fermeté, depuis 2009, à des campagnes de la société civile en faveur d’un assouplissement de ce règlement. Ces campagnes vont reprendre dès le 31 mars, selon le Jakarta Globe, ce qui favorisera peut-être un élargissement du nombre des candidats représentatif d’une «démocratie plus mure».

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Indonésie : la dynastie Sukarno toujours en vie

Le dégel est bien avancé entre l’actuel président et les descendants du père de l’indépendance. La famille de Sukarno entend continuer de jouer un rôle politique.

Le Parti démocrate, fondé par l’actuel président Susilo Bambang Yudhoyono (SBY), appuie l’entrée au gouvernement de Puan Maharani, petite fille de Sukarno (1901-1970), premier président de l’Indonésie. Le parti estime qu’elle «dispose des qualités nécessaires» à l’exercice des fonctions de ministre, a déclaré le 28 décembre Nurhayati Ali Assegaf, président du groupe parlementaire des Démocrates à l’Assemblée. Il s’agit de remplacer le ministre de la Jeunesse et des Sports, Andi Mallarangeng, un favori de SBY qui a dû démissionner de ses fonctions pour faire face à des accusations de corruption.

Ainsi donc, la «dynastie Sukarno» se porte moins mal qu’on ne le pense. Comme ses deux frères ne s’intéressant pas à la politique, du moins pour l’instant, Puan est l’héritière de Megawati Sukarnoputri, fille aînée du père de l’indépendance et présidente de 2001 à 2004. Agée de 40 ans, elle n’est pas une novice : élue à la chambre basse (DPR), elle y préside depuis janvier 2012 le groupe parlementaire du PDI-P (Parti démocratique indonésien-lutte), la formation présidée par Megawati. Le père de Puan, Taufiq Kiemas, troisième mari de Megawati, a été élu (avec l’aide de SBY) président de l’Assemblée consultative du peuple (MPR), qui rassemble députés et représentants des régions.

Mais les ambitions de Puan se sont longtemps heurtées à la rancune de sa mère à l’égard de SBY, son ancien super-ministre de la sécurité. SBY, général à la retraite et qui a fait sa carrière sous Suharto, a fait l’affront de se présenter contre Megawati en 2004 lors de la première élection présidentielle au suffrage universel. Et il l’a écrasée au deuxième tour (60%). Ce scénario s’est reproduit en 2009, lorsque SBY a glané son deuxième et dernier mandat présidentiel.

Depuis des années, Taufiq a tenté d’amorcer une réconciliation mais Megawati n’a salué SBY qu’à deux reprises. Elle n’a pas refusé une invitation à un banquet présidentiel en 2011, lors de la visite de Barack Obama. En novembre 2012, elle s’est rendue une deuxième fois à la présidence pour participer à la cérémonie d’attribution à son père de la dignité de «héros national». Le 26 décembre, enfin, Taufiq a été remettre à SBY un exemplaire de sa biographie. Il s’est fait accompagner par sa fille et la rencontre a ouvert le débat sur une éventuelle participation au gouvernement de Puan.

Puan affiche des ambitions présidentielles. Elle ne s’en cache plus depuis octobre 2011 mais  subordonne ses propres choix aux décisions de Megawati. Si celle-ci décide de se représenter en 2014, donc à l’âge de 67 ans, Puan fera campagne pour elle. Quant à Megawati, elle hésite. D’un côté, elle a subi deux graves revers électoraux face à SBY et le PDI-P a perdu une sérieuse partie de son audience. D’une autre, le Parti démocrate risque de demeurer dans l’histoire le parti d’une présidence : sa direction est discréditée par des scandales de corruption et SBY n’a pas réussi à organiser sa succession.

Une multitude de scénarios peuvent donc se dérouler d’ici à 2014. Mais, même sur le recul, le PDI-P «sukarniste» demeure une formation dont il faut tenir compte.  Il a un atout : avec Puan Maharani,  la succession de Megawati semble assurée.

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Indonésie : Megawati Sukarnoputri n’oublie pas…

L’Indonésie a attribué le titre de «héros nationaux» aux fondateurs de la République en 1945, Sukarno et Mohammad Hatta. L’atmosphère a été glaciale. Explication.

Sukarno, père de l’indépendance de l’Indonésie, est mort en 1970, à l’âge de 69 ans, coupé de sa famille, isolé dans son palais de Bogor, où il avait été assigné à résidence par Suharto, celui qui l’a limogé en 1966 et a assuré sa succession. La réhabilitation de Sukarno a dû attendre la fin du règne de Suharto (1998). Mais la sanction officielle de cette réhabilitation n’est intervenue que le 8 novembre 2012, au cours d’une cérémonie à la présidence, à Jakarta, présidée par le chef de l’Etat, Susilo Bambang Yudhoyono, en présence de Megawati Sukarnoputri, fille aînée du fondateur et d’autres membres de la famille. La parentèle de Hatta (1902-1980), bras droit de Sukarno, était également présente. Sukarno et Hatta ont été élevés à la dignité de «héros nationaux».

L’atmosphère a été plutôt fraîche entre le président et Megawati, qui l’a précédé à la tête de l’Etat (2001-2004). Non pas parce que Yudhoyono est un officier à la retraite qui a fait toute sa carrière dans l’ombre ou aux côtés de Suharto. Non pas parce qu’il a emporté deux scrutins présidentiels, en 2005 et 2009, en infligeant une humiliante défaite à Megawati (il a emporté le deuxième tour, devant elle, chaque fois avec 60% des suffrages). Mais parce que Megawati s’est estimée trahie quand Yudyoyono, son super-ministre de l’intérieur et très proche collaborateur, a annoncé sa candidature à l’élection présidentielle de 2004. Contre elle.

Tandis que Yudhoyono prononçait son petit discours, relevant que les sacrifices des deux héros l’emportaient largement sur leurs faiblesses, Megawati a paru délibérément absente, regardant ailleurs, omettant d’applaudir, même du bout des doigts, à la fin de l’allocution présidentielle. Dans sa réponse, Megawati, aujourd’hui âgée de 65 ans, a rétorqué que son père et Hatta desservaient ce titre plus que tout autre et qu’il aurait dû leur être décerné «depuis très longtemps». Ensuite, il n’y a pas eu d’accolade, aucun échange de compliments, mais une simple et muette poignée de main.

En 1999, Megawati n’avait pas compris que l’ouléma Abdurrahman Wahid la coiffe sur le poteau lors de la dernière élection présidentielle au suffrage indirect. Mais elle avait accepté, de très mauvais gré, d’être vice-présidente. Et quand le Parlement, appuyé par l’armée, avait limogé Wahid, elle avait assuré la succession. Elle avait alors régné plutôt que gouverné et Yudhoyono avait été le principal gérant du gouvernement. Toutefois, du jour où ce dernier a annoncé sa candidature à la présidence, elle ne l’a revu qu’une seule fois, en 2010, lors d’une réception officielle en l’honneur de Barack Obama. Pour le reste, elle n’a jamais assisté, jusqu’au 8 novembre, à la moindre manifestation officielle, surtout pas aux deux prises de fonctions de Yudhoyono. La dent dure.

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Indonésie : le candidat du changement élu gouverneur de Jakarta

Joko «Jokowi» Widodo a été élu, le 20 septembre, gouverneur de Jakarta contre le candidat du pouvoir, Fauzi Bowo, avec de 53% à 54% des suffrages.

La victoire de Jokowi ne constitue pas une énorme surprise et Bowo a aussitôt reconnu son échec. Réélu triomphalement maire de Solo en 2010, Jokowi a un profil de ‘Monsieur Propre’. Il a remis un peu d’ordre dans sa ville de Java central. Gouverneur sortant de la capitale de l’Indonésie, Bowo n’a guère fait d’étincelles pendant son mandat. Il a été soutenu par le Parti démocrate du président Susilo Bambang Yudhoyono, une formation rongée par la corruption et qui est en passe de perdre sa figure de proue puisque SBY, qui termine son second mandat, ne peut pas se représenter à la présidence en 2014.

Pour la coalition gouvernementale, en dépit de la bonne santé de l’économie, la situation est plutôt délicate. En réduisant ses efforts dans la lutte contre la corruption – son slogan électoral – SBY a perdu une partie de son audience. Allié de SBY, Aburizal Bakrie, patron du mouvement Golkar et son candidat officiel à l’élection présidentielle dans deux ans, se retrouve, du coup, dans une situation plus difficile. Peu populaire, millionnaire qui a, ces temps-ci, des soucis financiers, Bakrie n’est plus certain que le Golkar, censé être une machine électorale efficace, ne renonce pas à tenter de le porter à la présidence.

En revanche, l’opposition se frotte les mains. Jokowi a bénéficié du soutien du populaire Prabowo Subianto, un général à la retraite ouvertement candidat à la succession de SBY, ainsi que du PDI-P, le parti de Megawati Sukarnoputri, ancienne présidente (2001-2004) et fille aînée du père de l’indépendance. Si Jokowi entame bien son mandat de gouverneur, il pourrait se révéler un atout maître pour Subianto, Megawati ayant apparemment renoncé à se représenter à la présidence.

La campagne a été dure et très suivie, les arguments ethniques ou religieux n’ont pas fait grand effet. Le colistier de Jokowi, donc le futur gouverneur adjoint, est un chrétien d’origine chinoise. Les dix millions d’habitants de Jakarta veulent que les choses bougent un peu. La Commission électorale doit publier les résultats officiels le 3 octobre et la prise de fonctions du nouveau gouverneur a été fixée au 6 octobre.

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Prabowo, l’Indonésien qui entend rafler la mise en 2014

Un outsider se prépare à l’élection présidentielle de 2014 en Indonésie : Prabowo Subianto, personnage fort controversé, qui mise sur un vide politique.

Voilà quatorze ans, au lendemain de la chute de Suharto en Indonésie, Prabowo semblait fini. Ses quatre étoiles lui avaient été officiellement et publiquement arrachées après son intrusion, à la tête d’hommes armés, dans le palais présidentiel de Jakarta alors occupé par B. J. Habibie, éphémère successeur du dictateur. Rayé, de façon humiliante, des cadres de l’armée à l’âge de 46 ans. Il était également en instance de divorce (son épouse était l’une des filles de Suharto). Il s’apprêtait à s’exiler en Jordanie, où il résidera six années.

Aujourd’hui, il caracole en tête des sondages en vue de l’élection de 2014. Un sondage réalisé en juillet par le respecté CSIS (Centre for Strategic and International Studies) et publié par le Jakarta Post le 9 août, accorde à Prabowo 44% des suffrages contre 18% au président sortant Susilo Bambang Yudhoyono (SBY) en cas de duel électoral. L’exercice est théorique car SBY, qui effectue son deuxième mandat, ne peut pas se représenter en 2014. Il offre, toutefois, l’avantage de souligner à quel point la chute de popularité de l’actuel président (réélu avec 61% des suffrages en 2009) est récupérée par l’ancien officier rebelle.

Le même sondage indique que Prabowo est le favori face aux autres candidats potentiels en 2014 : il obtient 17,9% des voix contre 15,3% à Megawati Sukarnoputri, 11,5% à Jusuf Kalla et 10% à Aburizal Bakrie. Le précédent sondage du CSIS, en février 2012, plaçait Megawati en tête avec 10% des suffrages contre 6,7% seulement à Prabowo.

En ce qui concerne les partis, la palme revient, avec 18% des suffrages, au Golkar, le mouvement qui a servi de relais sous le régime de Suharto. Le Golkar a déjà choisi on candidat à la présidence, l’homme d’affaires Aburizal Bakrie, qui a fait fortune sous Suharto avant de devenir un partenaire de SBY. Mais si Bakrie dispose de la meilleure machine électorale, il est fort peu populaire. C’est la formule inverse avec Prabowo, dont le parti Gerindra ne recueille que 5,2% des suffrages.

Prabowo, qui s’est enrichi ces dernières années, est partisan d’un régime plus autoritaire, nationaliste. Il est sur la lancée. Mais les militants des droits de l’homme vont lui mener la vie dure. Il a une réputation de brutalité, notamment quand il a été chargé de la répression des dissidents dans les années 1990 alors qu’il était le patron de Kopassus, les forces spéciales à la réputation sulfureuse. Il demeure interdit de séjour aux Etats-Unis. Le rôle qu’il aurait pu jouer également dans les émeutes de 1998 reste à déterminer, y compris dans les exactions commises contre la minorité d’origine chinoise. L’affaire, pour lui, est loin d’être conclue.

Jean-Claude Pomonti