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Birmanie : des manifestants contre une mine chinoise inculpés

Huit leaders des manifestations contre une mine chinoise dans le nord-ouest de la Birmanie sont jugés à Rangoon.

Selon la BBC, huit personnes impliquées dans les manifestations de la fin novembre pour s’opposer à l’extension de la mine de cuivre de Monywa, dans la division de Sagaing, ont comparu le 4 décembre devant le tribunal de Rangoon. Ils ont été inculpés d’incitation à émeutes et de manifestation illégale. Le 29 novembre, la police anti-émeutes avait donné l’assaut contre les camps des manifestants, intallés autour de la mine, à coup d’engins incendiaires et de grenades lacrymogène. Environ 70 personnes avaient été blessées dont au moins une vingtaine de bonzes. Les images de certains d’entre eux, sérieusement brûlés, ont été répercutées à travers tous le pays par l’internet et les réseaux sociaux.

La mine de Wethmay, près de Monywa, est exploitée dans le cadre d’une opération conjointe entre le conglomérat militaire birman Myanmar Economic Holdings et la firme d’armements chinoise Norinco. Les manifestants dénoncent les impacts négatifs sur l’environnement du projet et affirment que leurs terres leur ont été confisquées sans indemnisation adéquate. La firme chinoise dit avoir négocié les questions sociales et environnementales avec les autorités birmanes et avoir versé des compensations financières via le gouvernement birman.

Selon la BBC, la controverse autour de mine de Wethmay est devenue une cause nationale, suivie de près par la presse birmane en pleine floraison. Tant du point de vue de la population birmane que de celui de la communauté internationale, elle est considérée comme le premier test sérieux de la volonté d’ouverture politique du gouvernement du président Thein Sein.

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Les intérêts stratégiques croissants de la Chine en Birmanie

Le site Irrawaddy relate l’importance stratégique croissante de la Birmanie pour Pékin et pourquoi le président Thein Sein est contraint de composer avec la Chine.

L’AIE (Agence internationale de l’énergie, basée à Paris et créée en 1974 par l’OCDE), a calculé que les importations de pétrole irakien par la Chine pourraient passer de 275.000 barils/jour en 2011 (ils ne représentaient alors que 5% des importations de Pékin) à 8 millions de barils/jour en 2035. La CNPC (China National Offshore Oil Corporation) investit des milliards de dollars dans les champs de pétrole irakiens. Si des problèmes d’insécurité ne s’en mêlent pas, l’Irak pourrait devenir le premier producteur mondial de pétrole, devant l’Arabie saoudite, avec, pour comme plus gros client, la Chine.

Pour alimenter ses raffineries, Pékin construit donc actuellement un oéloduc à travers la Birmanie (Myanmar) afin de rattacher l’océan Indien au Yunnan chinois. Cet oléoduc sera opérationnel à partir de la mi-2013. En incluant la construction d’un terminal de transbordement dans le port birman de Kyaukphyu (Etat Rakhine), la CNPC évalue le coût global de l’oléoduc à 4,7 milliards de dollars. Sa capacité sera de 23 millions tonnes/an, ce qui est limité, et il traversera, dans le nord birman, des régions où sont installées des minorités ethniques encore armées. Toutefois, si l’expérience est jugée satisfaisante, «il est fort probable que les compagnies pétrolières chinoises voudront construire d’autres oléoducs à travers le pays», estime Collin Reynolds, un analyste indépendant, dans un entretien publié par l’Irrawaddy.

Le problème de la Chine n’est pas de réduire le coût du transport. Dans l’objectif d’une augmentation drastique des importations de pétrole du Proche-Orient, il s’agit pour Pékin d’éviter de passer par le Détroit de Malacca, très encombré, très étroit, qui pourrait être bloqué, en cas de crise politique ou régionale, par l’un des Etats riverains qui sont l’Indonésie, la Malaisie et Singapour.

La production chinoise de pétrole devrait culminer à 220 millions de tonnes/an en 2020. Et si le taux d’expansion de l’économie continue d’être égal ou supérieur à 7%, les besoins chinois en pétrole s’élèveront alors à 650 millions de tonnes/an. La Chine se rend donc compte qu’elle risque d’être de plus en plus dépendante de ses importations du Proche-Orient et de leur transfert via la Birmanie, un pays où son image est impopulaire.

Les ONG locales se plaignent des méthodes chinoises (déplacements forcés de populations, droits de transit peu élevés). Selon l’Irrawaddy, les Chinois ont pris leurs précautions en signant des «contrats secrets» avec les Birmans qui leur accordent de fortes compensations en cas d’abandon d’un projet. Ce serait notamment le cas à propos de la mine de cuivre de Monya où des manifestants, qui en refusaient l’expansion, ont été brutalement dispersés. Cette mine est la copropriété d’une compagnie birmane et de la firme chinoise Wanbao. Aung Min, un ministre birman, aurait reconnu devant les manifestants que son gouvernement hésitait à toucher aux intérêts économiques des Chinois en raison de possibles «conséquences financières». Cela avait également été le cas en ce qui concerne le barrage hydroélectrique de Myitsone, un chantier dont le président Thein Sein avait néanmoins décidé la fermeture en 2011.

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Les écologistes de Birmanie font grise mine

Un projet sino-birman de mine de cuivre dans le nord de la Birmanie a provoqué des manifestations des habitants des environs, épaulés par des environnementalistes.

La mine de cuivre est située dans la chaîne de montagnes de Letpadaung, à 24 kilomètres à l’est de Monywa, principale ville de la division de Sagaing, dans le nord de la Birmanie. Pour l’exploiter, le conglomérat militaire birman Myanmar Economics Holding Ltd s’est allié à la firme chinoise Wan Bao Mining. Selon le magazine online Irrawaddy, les habitants des villages alentour sont mobilisés depuis un mois et demi contre le projet, non seulement à cause des risques environnementaux qu’il présente, mais aussi parce qu’il a d’ores et déjà conduit à des confiscations de terrains. Une unité anti-émeute de la police a été dépêchée sur place après que des villageois eurent bloqué le passage de bulldozers pour stopper les travaux. Une douzaine de personnes ont été arrêtées et trois femmes sont toujours en détention. L’affaire a désormais un retentissement national et des militants des droits de l’Homme et de protection de l’environnement sont venus prêter main forte aux protestataires.

Le 11 septembre, une marche pour demander la libération des trois détenues a rassemblé 1.500 personnes à Monywa dont une vingtaine d’étudiants venus de Mandalay. Le lendemain, toujours selon le site Irrawaddy, 300 habitants de douze villages proches de l’emplacement de la future mine ont organisé un rassemblement pour demander l’annulation du projet. Des membres du groupe Generation 88 sont venus les soutenir, notamment Jimmy l’un des leaders de ce mouvement ayant manifesté en 1988 contre les militaires au pouvoir. Les villageois se sont entretenus avec le « chief minister » de la division de Sagaing, Thar Aye, qui a promis de relâcher les trois détenues, mais en respectant la procédure légale. En revanche, il a dit n’avoir pas l’autorité pour décider de l’annulation du projet de mine de cuivre et a suggéré aux protestataires de contacter le gouvernement à Naypyidaw. Le même jour, une députée locale de la Ligue nationale pour la démocratie d’Aung San Suu Kyi est venue discuter avec les protestataires.

En septembre 2011, le gouvernement birman, sous pression de la population locale et à cause des risques pour l’environnement, avait suspendu le projet de barrage-réservoir de Myintsone, situé dans l’Etat kachin dans le nord-est du pays et dont l’investisseur principal est la firme chinoise China Power Investment Corporation. C’était la première fois que le pouvoir birman, alors au début de sa phase de transition, donnait favorablement suite à une demande exprimée par la population.