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ASEAN Birmanie Politique

La Birmanie refuse une table ronde sur les Rohingyas

Le gouvernement birman a rejeté l’offre de l’Asean d’organiser des pourparlers tripartites dans l’objectif d’apaiser les violences entre Rakhines et Rohingyas.

A la demande du secrétaire général de l’Asean, Surin Pitsuwan, le ministre cambodgien des Affaires étrangères Hor Namhong (le Cambodge assure la présidence annuelle de  l’Asean), a écrit à ses homologues des pays membres pour proposer « une rencontre sur la question des Rohingyas ». Mais, a indiqué Surin Pitsuwan, lors d’une conférence de presse le 30 octobre en Malaisie, cette demande s’est heurtée à une fin de non-recevoir de la part des autorités de Birmanie (Myanmar), lesquelles considèrent que le problème posé par les Rohingyas musulmans est « une question interne ». Selon l’agence de presse malaisienne Bernama, Surin a toutefois mis en garde Naypyidaw (capitale de la Birmanie), en lançant : « Le Myanmar estime qu’il s’agit d’une affaire interne, mais votre affaire interne peut devenir la nôtre un jour prochain si vous ne faites pas attention ».

Le secrétaire général de l’Association souhaitait l’organisation de pourparlers entre les pays membres de l’Asean (dont la Birmanie), les Nations unies et les autorités birmanes pour apaiser les affrontements entre Rohingyas musulmans et Rakhines bouddhistes, qui ont fait plus de 150 morts depuis juin dernier dans l’Etat Rakhine, dans le nord-ouest de la Birmanie, près de la frontière du Bangladesh. Surin a estimé que sa démarche n’avait pas été un échec complet car certains Etats-membres de l’Asean avaient indiqué leur accord avec sa proposition.

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ASEAN Asie Cambodge Corée du Sud Politique

L’Asie sollicitée pour le procès khmer rouge

Un représentant des Nations unies tente d’obtenir des contributions des pays asiatiques pour financer le Tribunal khmer rouge, lequel est au bord de la banqueroute.

David Scheffer, l’expert auprès du secrétaire-général des Nations unies pour le Tribunal à caractère international chargé de juger les crimes des Khmers rouges essaie d’obtenir des contributions financières de nations asiatiques, hors Japon, pour pouvoir combler le déficit budgétaire béant du tribunal. A elle seule, la contribution du Japon représente plus de 50 % du budget (120 millions d’euros jusqu’à présent) du procès khmer rouge qui se tient près de Phnom Penh, au Cambodge. Toutefois, à la suite de la catastrophe de Fukushima, en mars 2011, Tokyo a dû ralentir fortement son effort. Les autres donateurs traditionnels – France, Australie, Etats-Unis, pays scandinaves, Royaume-Uni – n’ont pas comblé le vide. Et les autres nations asiatiques ne se sont guère bousculées au portillon des donations depuis le début du procès en 2009.

Lors d’une présentation le 15 août au Club des correspondants étrangers en Thaïlande (FCCT), David Scheffer a indiqué qu’il était en négociation avec l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (Asean) et la Corée du Sud pour obtenir davantage d’argent. « Le principe de non-ingérence au sein de l’Asean commence à s’affaiblir. L’Indonésie paraît être le pays membre le plus intéressé », a affirmé l’expert onusien. Peu d’espoir en revanche du côté de la Chine, laquelle, selon David Scheffer, « n’a jamais montré le moindre intérêt pour l’établissement du tribunal durant les négociations ». « Sans doute, Pékin n’est-il pas intéressé par des témoignages devant un tribunal qui pourraient mettre en lumière les relations, à l’époque, entre le gouvernement chinois et le régime de Pol Pot », a-t-il ajouté.

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Birmanie

Birmanie : une sérieuse crise humanitaire menace l’Etat Rakhine

Les Nations unies et des organisations non gouvernementales tirent la sonnette d’alarme devant la dégradation de la situation humanitaire dans l’Ouest birman.

Plus d’un mois après des affrontements entre bouddhistes et musulmans, le Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) et plusieurs ONG basées en Birmanie mettent en garde contre une catastrophe humanitaire dans l’Etat Rakhine. Selon le gouvernement birman, 50.000 personnes se sont réfugiées dans des camps après les violences, mais les agences internationales estiment que le nombre réel est d’environ 100.000, en très grande majorité des Rohingyas, une minorité musulmane vivant dans l’Etat Rakhine. Avant les violences, les indicateurs humanitaires de la région étaient déjà parmi les plus mauvais du pays : dans le district de Maungdaw, dans le nord de l’Etat Rakhine, seulement 30 % de la population a accès à des services de santé. Près de la moitié des habitants n’ont pas accès à l’eau potable.

L’installation des réfugiés dans des camps, décrits par un travailleur humanitaire comme des «prisons à ciel ouvert», et l’arrivée de la saison des pluies qui va durer jusqu’à octobre risquent de faire empirer cette situation. «Le plus grand défi auquel nous faisons face à présent est l’accès. La tension et l’insécurité font que nous ne pouvons pas atteindre les personnes qui nécessitent des soins de manière urgente», a indiqué Victoria Hawkins, chef-adjointe de Médecins Sans Frontières en Birmanie citée par le bulletin de l’OCHA. Les causes principales de mortalité dans l’Etat Rakhine sont le paludisme, la diarrhée, les infections respiratoires et cutanées, le choléra et les parasites intestinaux.

Selon l’ONG Action Contre la Faim, les taux de malnutrition dans le nord de l’Etat Rakhine où sont concentrés les réfugiés sont alarmants et risquent d’empirer. La quasi-totalité des travailleurs humanitaires ont été forcés de quitter la région qui est placée sous état d’urgence depuis début juin. Dix d’entre eux, dont trois travaillant pour le Haut commissariat aux réfugiés des Nations unies, trois pour le Programme alimentaire mondial (PAM) et quatre pour Médecins sans frontières, ont été arrêtés dans l’Etat Rakhine en juin par les autorités birmanes et sont détenus sans possibilité de communiquer avec l’extérieur.

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Birmanie Chine

Les Kachins de Birmanie réfugiés en Chine en péril

L’organisation de protection des droits de l’Homme Human Rights Watch met en garde contre une grave crise humanitaire menaçant plusieurs milliers de Kachins réfugiés au Yunnan chinois.

«C’est une population oubliée; beaucoup d’observateurs en ignoraient jusqu’à l’existence», a indiqué le 26 juin Philip Robertson, directeur-adjoint de Human Rights Watch (HRW) pour l’Asie en présentant le rapport « Isolés au Yunnan. Réfugiés kachin de Birmanie dans la province chinoise du Yunnan ». Sur les 75.000 civils kachins qui ont fui depuis juin 2011 les combats entre l’Armée indépendante kachine (KIA) et l’armée birmane, entre 7.000 et 10.000 d’entre eux se sont réfugiés dans cette province chinoise «dans une douzaine de camps improvisés» ou parfois «en louant des espaces dans des blocs d’appartements abandonnés». Si ces réfugiés ont pu, au départ, subvenir grâce aux réserves qu’ils avaient emportées, ils font désormais face à une pénurie de nourriture et de médicaments. «Nous voyons s’annoncer une crise humanitaire majeure», a indiqué Philip Robertson lors d’une conférence de presse à Bangkok.

Sollicitées à plusieurs reprises par le Haut commissariat des Nations unies aux réfugiés (HCR) et des ONG internationales, les autorités chinoises leur ont refusé l’accès aux réfugiés kachins, affirmant qu’elles leur «apportaient l’aide humanitaire nécessaire». «Mais d’après nos entretiens avec les réfugiés kachins, pas un seul d’entre eux n’a reçu une assistance quelconque», a affirmé Philip Robertson. Evoquant la situation sanitaire, le représentant de HRW a précisé qu’il y avait «un seul WC pour 300 réfugiés» et mis en garde contre les maladies contagieuses. «Les enfants ont la diarrhée et toussent constamment», a-t-il dit. Il a en revanche reconnu l’attitude positive de Pékin, qui, après avoir repoussé à deux reprises durant l’été 2011 les Kachins fuyant les combats, les a ensuite autorisés à s’installer au Yunnan. Le rapport recommande, entre autres, au gouvernement chinois d’accorder un statut susceptible de  permettre aux réfugiés de travailler légalement sur le sol chinois et de leur fournir une assistance humanitaire. L’enquête de Human Rights Watch a été effectuée entre juillet 2011 et mai 2012.

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Cambodge Politique

Le procès des Khmers rouges s’enlise au Cambodge

Problèmes de financement, changements de personnel, santé déficiente des accusés… le procès des leaders Khmers rouges pourrait connaître une fin prématurée.

L’idée d’un «grand procès» qui permettrait à la fois de rendre la justice et de faire la lumière sur la période khmère rouge s’est évanouie dans bien des esprits. Changements incessants d’avocats, de procureurs et de juges, vieillissement des trois ex-leaders khmers rouges en train d’être jugés (l’ex-numéro deux du régime Nuon Chea a 86 ans, l’ancien chef de la diplomatie Ieng Sary également et l’ex-chef d’Etat Khieu Samphan 81 ans), lassitude des pays donateurs, ingérences du gouvernement du Cambodge: la crise qui menaçait depuis longtemps se fait de plus en plus précise, à tel point que nombreux sont les observateurs estimant que la procédure n’ira pas plus loin que le procès actuellement en cours. Le «cas numéro deux» qui concerne les trois anciens leaders cités plus haut a été scindé par les juges en une série de mini-procès dont le premier, en cours, porte sur l’évacuation forcée de Phnom Penh ordonnée par les Khmers rouges le 17 avril 1975. Si le procès s’en tient à cet événement, cela signifie que les innombrables exécutions, séances de tortures et autres crimes commis au cours ou immédiatement après l’évacuation ne seront jamais jugés.

L’hospitalisation durant cinq jours d’Ieng Sary en mai pour cause de bronchite a souligné l’état de santé déclinant des accusés, parmi lesquels Khieu Samphan paraît être le plus vaillant. L’administration du tribunal est aussi frappée par une pénurie de fonds, due aux réticences de plus en plus fortes des pays donateurs à financer un procès dont la crédibilité semble sujette à caution à cause des nombreuses ingérences du gouvernement cambodgien. Il manque 22 millions de dollars (17,6 millions d’euros) pour l’année 2012. Le 21 juin, le procès sur l’évacuation de Phnom Penh, qui en était à sa 78ème journée, a été ajourné pour un mois. Un seul accusé a été jugé jusqu’à présent, l’ancien chef du centre de torture S-21 Kang Khek Ieu alias Duch, condamné en février dernier à la prison à perpétuité.

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Indonésie Politique

Nouvelle bouffée de violence en Papouasie indonésienne

Le meurtre le 15 juin par la police d’un militant indépendantiste papou a provoqué des réactions violentes de la communauté papoue dans cette province indonésienne.

Mako Tabuni, le vice-président du Comité national pour la Papouasie occidentale, était soupçonné par la police d’être impliqué dans des émeutes qui ont déstabilisé cette province de l’Indonésie au début de juin. Le 15 juin, la police l’a abattu lors d’une opération lancée sur un complexe résidentiel de Jayapura, le chef-lieu de la province. Selon le chef de la police de Papouasie occidentale, Mako Tabuni aurait essayé de résister à son arrestation. Dès que la nouvelle de la mort du militant s’est répandue, une foule de Papous, armés de machettes, d’arcs et de flèches ainsi que de bombes artisanales, ont incendié des commerces de Jayapura et attaqué des immigrants d’autres provinces indonésiennes, provoquant, selon la police, la mort d’une personne et en blessant quatre autres. En fin de journée, le calme est revenu dans la ville.

Cette nouvelle bouffée de violence intervient après un sérieux incident dans la région de Wamena, au centre de la province, au début du mois de juin. Le 6 juin, des Papous avaient poignardé un militaire indonésien après que celui-ci eut renversé un enfant. En représailles, des centaines de militaires s’en étaient pris aux villageois, les frappant et incendiant leurs maisons. Selon l’organisation de protection des droits de l’Homme Human Rights Watch, un fonctionnaire Papou aurait été tué à coups de baïonnette et sept autres personnes hospitalisées. Le porte-parole militaire de la province avait au départ démenti l’intervention de  l’armée  mais le président indonésien Susilo Bambang Yudhoyono a par la suite reconnu que l’armée avait «sur-réagi». Human Rights Watch a demandé, dans un communiqué, que Jakarta permette l’accès de la province aux journalistes étrangers ainsi qu’aux rapporteurs spéciaux des Nations unies, estimant que cela «permettrait de réduire les rumeurs et la désinformation qui, souvent, provoquent des violences».

Ancienne colonie néerlandaise très riche en minerais et en ressources énergétiques, la Papouasie occidentale (ex-Irian Jaya) a été annexée de facto par l’Indonésie en 1963. Cette annexion a été «entérinée» par un «référendum» organisé par les militaires indonésiens et parrainé par les Nations unies en 1969. Un des principaux leaders indépendantistes, Theys Eluay, a été étranglé dans sa voiture en novembre 2001 par des militaires des forces spéciales indonésiennes qui l’avait invité à dîner. La province est peuplée de deux millions d’habitants, dont la moitié est désormais constituée de migrants venus des autres îles de l’Indonésie.

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Birmanie Politique

Un an de combats entre les Kachin et l’armée de Birmanie

Les membres de la minorité Kachin de Birmanie commémorent le premier anniversaire de la reprise des hostilités contre l’armée birmane dans le nord-est du pays.

Le 9 juin 2011, le cessez-le-feu en place depuis 17 ans entre la Kachin Independence Army (KIA, la guérilla kachin) et l’armée birmane avait volé en éclats du fait de tensions autour de projets hydroélectriques dans le nord-est de la Birmanie. De multiples heurts armés ont eu lieu depuis, entrainant la fuite de dizaine de milliers de civils. Pour marquer le premier anniversaire de cette reprise des combats et sonner l’alerte sur la crise humanitaire qui s’en est suivie, des militants kachin ont organisé les 5 et 8 juin des manifestations devant les ambassades de Birmanie à Bangkok et à Canberra. D’autres doivent se tenir dans d’autres grandes villes où vivent des communautés kachin.

Naw San, le secrétaire-général de l’Union des étudiants et de la jeunesse kachin, laquelle a organisé la manifestation à Bangkok, a déclaré dans un entretien avec le magazine Irrawaddy que les combats avaient forcé 70.000 Kachin à fuir leur village et que la plupart d’entre eux s’étaient réfugiés sur le sol chinois. Il a aussi indiqué que les villageois ne recevaient pas suffisamment d’assistance humanitaire. Des agences humanitaires des Nations unies se sont plaintes d’avoir été empêchées par les autorités birmanes d’accéder aux zones où se trouvent les villageois déplacés. Un convoi onusien de cinq camions est toutefois arrivé le 5 juin près de la frontière chinoise et a pu délivrer de la nourriture à 3.000 réfugiés. Plusieurs rounds de pourparlers de cessez-le-feu ont eu lieu ces derniers mois entre représentants de la Kachin Independence Organisation (KIO, le bras politique de la guérilla) et émissaires du gouvernement birman, mais ceux-ci n’ont pas abouti, les leaders kachin demandant «la reconnaissance des droits du peuple Kachin».