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Cambodge : Hun Sen prêche la tolérance à l’égard des gays

Le premier ministre cambodgien a lancé un appel à la non-discrimination des gays et des lesbiennes lors d’une tournée en province.

«Ils n’ont pas choisi de l’être, ils ne l’ont pas voulu, mais ils sont nés ainsi», a déclaré le chef du gouvernement du Cambodge le 11 décembre, au lendemain de la journée mondiale des droits de l’homme. Il l’a fait lors d’une cérémonie de remise de titres fonciers dans un village de la province de Kep, selon le Phnom Penh Post. Ou Virak, président du Centre cambodgien pour les droits de l’homme, s’est déclaré encouragé par l’attitude du premier ministre et son appel à la tolérance à l’égard des homosexuels.

Hun Sen avait été l’objet d’une controverse à ce sujet en 2007. En apprenant que sa fille cadette – une enfant adoptée – s’était mise en ménage avec une autre femme, il avait annoncé publiquement qu’il la déshériterait. Les temps semblent avoir changé et le premier ministre cambodgien, en place depuis 1985, paraît désormais refléter la tolérance traditionnelle, dans son pays comme en Thaïlande, à l’égard des gays et des lesbiennes. En 2004, feu le roi Norodom Sihanouk, s’était prononcé en faveur des unions entre gens de même sexe.

Même au Vietnam, les comportements changent rapidement : des manifestations publiques de gays et de lesbiennes y sont désormais autorisées, y compris, cette année, une première parade gay à Hanoï. Si la possibilité d’unions légales entre gens du même sexe a été évoquée, elle semble toutefois bien prématurée, ce qui est également le cas en Thaïlande et au Cambodge.

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Sihanouk : une silhouette floue, une place dans l’Histoire

Les funérailles de Sihanouk auront lieu dans trois mois. Le Cambodge a sans doute perdu le père de son indépendance, mais il s’agit d’une silhouette floue.

«Incoulable!», avait-il répondu à Nayan Chanda. C’était à l’ONU, à New York, en 1979. Les Chinois l’avaient évacué par avion à temps de Phnom Penh, la veille de l’entrée dans la capitale du Cambodge d’un corps expéditionnaire vietnamien. Sihanouk venait de survivre à près de quatre années d’emprisonnement par les Khmers rouges dans son palais. Pékin avait interdit à Pol Pot d’abattre ce protégé de la Chine. En échange, Sihanouk avait cédé aux pressions chinoises : il accepterait de coiffer une coalition exilée antivietnamienne dont les Khmers rouges formeraient le fer de lance. A nouveau, Sihanouk «s’alliait au diable» en dépit de ses années d’internement et de la disparition, sous Pol Pot, de quatorze de ses enfants et petits-enfants : morts de faim, abattus, torturés.

Sihanouk n’a jamais pardonné à ses cousins et à ses courtisans de l’avoir destitué – illégalement – en profitant, en mars 1970, de son absence (repos, contrôles médicaux, petits plats). Le tout pour ouvrir les portes du Cambodge à l’armée américaine et à ses protégés du Vietnam du Sud. Il n’a jamais eu, non plus, la moindre sympathie pour les Khmers rouges, même quand il ignorait encore l’ampleur de leurs crimes (c’est lui  qui avait qualifié, du temps de sa gloire, de Khmers rouges la poignée d’opposants marxistes ayant fréquenté les universités françaises).

Mais de là à tolérer que l’armée des Yuons – expression péjorative, à laquelle il recourait parfois, pour désigner les Vietnamiens – occupe son pays, c’était hors de question. Hyper nationaliste, le prince égocentrique l’était. En novembre 1991, peu de temps après son retour au Cambodge après la signature des Accords de paix de Paris, il a avoué, au cours d’une conférence de presse : «je ne peux pas féliciter les Vietnamiens d’avoir occupé mon pays. Mais je dois dire que s’ils n’étaient pas venus, nous serions tous morts».

Les solutions extrêmes ont expliqué la survie de Sihanouk. Il s’est glissé entre elles, les a démontées, écartées. Mais cette tâche était surhumaine : dès le XIXème siècle, les divisions de la Cour khmère, sa faiblesse, ont fait le jeu des Siamois et des Annamites, qui ont grignoté ce qu’il restait de l’empire khmer. Dès le début de ce siècle-là, Mac Tiên Tu, le Chinois qui régnait à Hà Tiên sur le Golfe de Siam (aujourd’hui, du côté vietnamien de la frontière avec le Cambodge), et dont le territoire s’étendait du port de Rach-Gia, à l’est, à celui de Kampot, à l’ouest, vassal d’une Cour khmère en déconfiture, avait finalement opté pour un ralliement à la Cour de Hué, plus puissante et plus stable. Certains disent même que l’intervention française a évité, au milieu du siècle, le démembrement total du Cambodge.

Aussi, Sihanouk est resté très longtemps présent. Vif, comprenant sur le champ les changements de température politique, bon manœuvrier, il a tiré ce qu’il a pu de positions de faiblesse. Curieusement, il a désorienté deux hommes d’Etat français qui lui ont rendu visite : de Gaulle, en 1966, pour une adresse à l’Amérique (le fameux «discours de Phnom Penh») et François Mitterrand qui, en 1993, a voulu voir Angkor. L’un comme l’autre, en privé, ont avoué leur difficulté à saisir le personnage.

Mais le tournant s’est peut-être pris dès 1970, quand son bien peu fidèle gardien du temple, le général Lon Nol, s’est retourné contre lui. Les Khmers rouges, aussi, lui ont signifié plus tard qu’il était de trop. Enfin, quand Sihanouk a voulu une dernière fois jouer un rôle en 1994 à son retour de Pékin après une opération réussie de la prostate, Hun Sen lui a écrit une missive publique pour lui rappeler qu’aux termes de la Constitution adoptée l’année précédente, «le roi règne mais ne gouverne pas». Il n’y avait plus de demi-dieu, comme par le passé, sauf pour la vieille garde paysanne, qui se rappelait la paix «du temps de Sihanouk». La silhouette de «Monseigneur» s’est peu à peu estompée, au point d’être vague. Une place dans l’Histoire, sûrement, mais qui doit s’accommoder d’une sortie en deux temps.