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Asie du sud-est : Chine-Amérique, le choc inévitable

Deux observateurs français analysent le «duel du siècle» : entre la Chine et l’Amérique, le choc est inévitable, pas la guerre. Explication de texte.

Voici un exposé clair, précis, à la lecture facile, de la relation très complexe entre les deux géants qui vont dominer le XXI° siècle. Frontalière de la Chine, abritant les voies maritimes entre Proche et Extrême Orients, l’Asie du sud-est  est concernée au premier chef. Les pays du sous-continent le savent d’autant plus que, face à la volonté chinoise de redevenir l’élément central de l’architecture de l’Asie, ils apprécient le pivotement en cours des Etats-Unis.

Après un hiatus humiliant de plus de cent ans, la Chine reprend sa place. «Son intégration dans le système international, depuis la fin des années 1970, lui a permis de doubler sa richesse nationale tous les sept ans et de devenir, en 2011, la deuxième économie du monde», résume les deux auteurs. Sa place en haut de la pyramide est son intérêt ainsi que celui, au moins aux yeux des Chinois, du reste de la de la planète car la Chine a beau être opaque, elle n’est pas hégémoniste, contrairement à l’Amérique. Parallèlement, elle tend à développer une doctrine chinoise de Monroe : l’Asie aux Asiatiques, à commencer par l’Asie de l’Est, avec la Chine au centre. Et cela ne regarde personne d’autre.

Si l’on ajoute que «la concurrence devrait s’exacerber dans un monde aux ressources limitées», le choc est inévitable car les Etats-Unis disposent d’une avance considérable et que beaucoup d’Américains ne se perçoivent pas sur le déclin. Aux yeux des Chinois, l’Amérique est agressive, subversive. Aux yeux des Américains, les Chinois ne jouent pas le jeu. Mais les uns et les autres se tiennent par la barbichette : en achetant la dette américaine, la Chine donne les moyens aux Etats-Unis d’acheter la production chinoise.

Avec l’effondrement de l’Union soviétique, dont la seule existence rapprochait Pékin et Washington, les frictions entre les deux géants restants se sont multipliées. Ne demeurent que deux silhouettes à l’horizon. Les «stratèges américains»  estiment aujourd’hui avoir «perdu» une décennie – la première du XXIème siècle – à gaspiller de vastes énergies en Irak et en Afghanistan. La priorité était la Chine, non Al-Qaïda. Depuis, les «intérêts vitaux» de la Chine incluent, selon Pékin, non seulement le Tibet, le Xinjiang et Taiwan (leur «Alsace-Lorraine») mais également la Mer de Chine, où ils croisent les «intérêts vitaux» des Etats-Unis.

Le choc est donc «inévitable» et un dérapage ne peut être exclu. A partir de là, tout s’entremêle. Il y a, en cas de conflit et en raison des armes nucléaires, la MAED (en français, destruction économique mutuelle assurée), qui garantirait un état de «ni guerre ni paix». Il y a aussi la possibilité de «petites guerres», limitées par la MAED. Il y a également des Chinois pour penser que la présence américaine en Asie, en rassurant les voisins de la Chine, contribue à stabiliser la région.  La guerre n’est pas inéluctable. Riche en anecdotes, en exemples, en nuances, cet ouvrage est le fruit d’une collaboration entre d’anciens directeurs de la rédaction du Monde, tous deux spécialistes des relations internationales.

Alain Frachon et Daniel Vernet, La Chine conte l’Amérique, le duel du siècle (Grasset, 2012).

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Une zone régionale libre d’armes nucléaires demeure boudée

La zone « libre d’armes nucléaires » voulue dès 1995 par l’Asean demeure boudée par les grandes puissances. Aucun accord ne semble se dégager sur ce point.

Sans attendre l’intégration de la Birmanie et du Laos (1997), ainsi que celle du Cambodge (1999), les Etats membres de l’Association des nations de l’Asie du sud-est (Asean) s’étaient entendus en 1995 sur la création d’une zone « libre d’armes nucléaires » (Seanwfz , pour Southeast Asian Nuclear Weapons Free Zone treaty). Dix-sept ans plus tard, alors que se réunissent à Phnom Penh les journées annuelles de l’Asean et son Forum sur les questions de sécurité, ce traité demeure boudé par les grandes puissances nucléaires.

Ce traité est un engagement des Etats membres à ne pas developper ou acquérir des armes nucléaires, à interdire tout test d’arme nucléaire dans (ou à l’extérieur) de la zone couverte par le traité et qui comprend les territoires, les plateaux continentaux, les zones maritimes économiques exclusives. Les négociations engagées dans la foulée par l’Asean avec ses «partenaires de dialogue», qui seront représentés du 11 au 13 juillet à Phnom Penh, n’ont pas abouti. Les Etats-Unis et la Russie refusent toute limitation à la circulation de leurs armes nucléaires. La Chine fait valoir que la «zone libre d’armes nucléaires» pourrait empiéter sur les eaux chinoises et violer sa souveraineté. La Grande-Bretagne et la France ont des réserves sur la définition elle-même de la zone dénucléarisée.

Aucun espoir de trouver un compromis ne semble pouvoir se dessiner car les réserves exprimées par les puissances nucléaires remettent en cause la substance du traité. Entre-temps, la secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton a annoncé qu’elle profiterait de son passage au Cambodge pour se rendre également pour la première fois au Laos et pour retourner brièvement au Vietnam.