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Thaïlande

Thaïlande : ivre, une starlette fait des siennes

Après la tragique embardée de l’héritier Red Bull début septembre, une starlette fait à son tour parler d’elle sur les routes de Bangkok.

Dans la nuit du 10 au 11 septembre, rentrant d’une soirée arrosée avec ses amis, Piya ‘Giftza’ Pongkulapa, ancienne chanteuse du girl band Girly Berry, a été arrêtée à la suite d’un contrôle positif à un test d’alcoolémie rapporte le Bangkok Post. Selon la police, elle aurait dans un premier temps refuser de souffler dans le ballon, prétextant «être une célébrité et connaître beaucoup de policiers haut placés». Selon le policier qui l’a interpellée, elle lui aurait même tendu son téléphone en lui disant de parler à un «haut gradé».

L’arrestation a pris un tour cocasse lorsque des amis de la chanteuse et surtout la presse sont arrivés sur place. Après être sortie de sa voiture où elle s’était calfeutrée, la starlette a admis avoir bu de l’alcool dans un bar jusqu’à 1 heure du matin. Elle a ensuite déclaré à la presse : «L’officier de police m’a dit de souffler dans la machine mais je ne me sentais pas bien». Avant d’ajouter, sans rire : «Et quand je serai sobre, je soufflerai».

Après que le policier eut insisté, elle a fini par accepter le test. L’alcootest a indiqué un taux de 0.82 grammes d’alcool dans le sang, un niveau supérieur au maximum légal de 0.5 grammes. Relâchée après avoir versé une caution de 20.000 bahts (500 euros), elle a comparu le 12 septembre devant la cour provinciale de Phra Khnong et écopé, pour conduite en état d’ivresse, d’un mois de prison avec sursis, d’un an de mise à l’épreuve, de 3.500 bahts (85 euros) d’amende et de 12 heures de travaux d’intérêt général. Sa nuit agitée va lui couter cher puisque, en dépit de ses excuses formulées sur Twitter pour son comportement, la société RS qui l’emploie a pris la décision de la suspendre de trois à six mois.

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Asie Indonésie Politique

Le terrorisme en Indonésie : jeunes acteurs, mêmes structures

Plusieurs accrochages à Solo signaleraient l’émergence d’une nouvelle génération de terroristes affiliés à des structures en place depuis quelque temps.

Farhan Mujahidin était âgé de 19 ans. Mukhsin Sanny Permady avait 20 ans et Bayu Setiono en a 22. Les deux premiers ont été abattus, le 31 août à Solo (Surakarta, Java central), lors d’un raid du Detachement 88, l’unité d’élite de la police chargée, en Indonésie, de la lutte contre le terrorisme. Le troisième a été arrêté, un peu plus tard, par la même unité. Tous les trois étaient soupçonnés de terrorisme.

L’enquête de la police, ces derniers jours, a confirmé le soupçon : les trois jeunes gens appartenaient à une cellule de formation récente mais affiliée à la Jemaah Ansharut Tauhid, un groupe extrémiste fondé par Abou Bakar Baachir, lequel purge une peine de quinze ans de prison pour avoir financé un camp d’entraînement de terroristes à Atjeh. Prédicateur, Abou Bakar Baachir a également été l’émir de la Jemaah Islamiyaah, le premier réseau terroriste d’Asie du sud-est affilié à Al-Qaïdah.

Mais Baachir a aussi été l’un des fondateurs en 1971 – et demeure le père spirituel – du pensionnat islamiste Al-Mukmin, dans une banlieue de Solo appelée Ngruki, où ont étudié de nombreux terroristes, notamment certains impliqués dans l’attentat qui a fait 202 victimes à Bali en 2002. Or les trois jeunes gens ont fréquenté ce pensionnat et, selon la police, c’est la raison pour laquelle ils ont monté leurs premières opérations à Solo. «Parce qu’ils ont fait leurs études au pensionnat Al-Mukmin Ngruki, ils étaient familiers des lieux et connaissaient des endroits où se cacher. Aussi, ils pouvaient effacer toute trace de leur présence», a déclaré un porte-parole de la police.

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Politique Société Viêtnam

Vietnam : le crime d’une faute professionnelle de journaliste

En prouvant la corruption d’un agent de police, un journaliste s’est retrouvé accusé lui-même de corruption. Verdict : 4 ans de prison (et 5 ans pour le policier).

L’affaire remonte à juin 2011 à Hochiminh-Ville. Hoang Khuong, aujourd’hui âgé de 37 ans, réputé et primé pour la pugnacité de ses reportages sur la corruption des flics au Vietnam, a appris qu’un agent de la circulation, Huynh Minh Duc, s’est laissé soudoyer (plus de cent €) par un ami de Khuong, Tôn That Hoa, pour rendre un camion semi-remorque pris en faute.

Quand un autre ami du journaliste, Trân Minh Hoa, voit sa moto confisquée à la suite d’une violation du code de la route par Duc, Khuong décide de prouver la corruption du policier : Hoa, qui connaît Duc, accepte de jouer une deuxième fois les intermédiaires et remet à Duc la somme demandée (l’équivalent, cette fois, de plus de 500 €) pour récupérer la moto.

La suite : un article de Hoang Khuong, le 10 juillet, dans le quotidien de langue vietnamienne Tuoi Tre, pour lequel il travaille, repris par le site anglophone tuoitrenews.vn. Le résultat : les acteurs de ce scénario et leurs complices vont finir par se retrouver au trou en attendant de passer devant le juge au cours du procès qui a eu lieu les 6 et 7 septembre à Hochiminh-Ville.

Khuong a été sanctionné sur-le-champ par la direction de Tuoi Tre pour faute professionnelle. Toutefois, le procureur l’a accusé de corruption, un «crime», pour avoir tenté et réussi à faire refiler un pot-de-vin à un policier (et Hoa, un chef d’entreprise, a été accusé de complicité). Le procureur a réclamé de 6 à 7 ans de prison contre le journaliste. Verdict : 4 ans de prison pour le journaliste ; 2 ans pour son complice Hoa ; 5 ans pour le policier Duc ; 5 ans pour le propriétaire de la moto ; 4 ans pour un beau-frère de Khuong, jugé également complice. En ce qui concerne Khuong, la faute professionnelle, donc non criminelle, n’a pas été retenue.

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Expatriés Société Thaïlande Tourisme

Thaïlande : les taxis ne pourront plus refuser le client

Les taxis de Bangkok, jusqu’alors relativement libres sur le choix de leurs clients, sont, depuis le 1er septembre, passibles d’une amende s’ils disent non à une course.

Celui qui ne s’est jamais retrouvé coincé à Bangkok, aux heures de pointe, sous une pluie battante, attendant désespérément qu’un taxi daigne accepter de le conduire à un important rendez-vous, ne peut pas comprendre le sens de la nouvelle amende adoptée par la police de la capitale thaïlandaise. Jusqu’ici, les chauffeurs de taxis avaient l’art et la manière d’embarquer ou non le client lorsqu’ils se sentaient en position de force (pluie, heure tardive, destination isolée, état du trafic, voire réputation sur l’état du trafic de la destination).

Selon le Bangkok Post, depuis le 1er septembre, les mauvaises habitudes des taxis doivent changer avec l’instauration d’une pénalité pour les chauffeurs qui refuseront de prendre un passager. Les usagers mécontents n’auront plus à écrire pour se plaindre auprès du département des transports de la ville mais pourront se rendre directement au commissariat le plus proche, s’adresser à un policier sur place ou téléphoner au 1197 en indiquant le numéro d’immatriculation du véhicule ainsi que l’heure et l’endroit du litige. Si l’infraction est avérée, le taxi en question sera arrêté et soumis à une amende de 1000 bahts (25 euros) sur-le-champ.

Les taxis ne voient pas, on pouvait s’y attendre, cette mesure d’un bon œil. Président d’une association professionnelle, Udon Khanti, interrogé par le Nation, considère que l’amende est trop élevée et que les taxis devraient avoir le droit de refuser un passager, notamment si le chauffeur se sent menacé ou en possible danger. L’un de ses collègues, Weerapong Butkaew, explique quant à lui que lorsque le moment de ramener la voiture au garage approche, il ne peut accepter que des petites courses, afin d’éviter de payer une pénalité à la centrale des taxis.

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Analyse Société Thaïlande

Chronique siamoise : le poids terrible de l’index accusateur

Un chiffonnier, suspecté d’avoir lancé du produit désinfectant au visage de plusieurs personnes, a été présenté par la police à la presse selon un rituel bien rodé.

C’est une scène dont raffolent les médias et la police thaïlandaise, une scène soigneusement mise au point comme le serait un rituel religieux ou une audience au tribunal. Le «suspect» est assis au milieu derrière la table, entouré de ses victimes, avec dans le dos une haie serrée d’officiers de police, tous faisant face aux flashes des photographes. Lui, c’est Rachan Theerakitnukul, 49 ans, un chiffonnier, un saleng, qui ramasse les vieux journaux et les bouts de ferraille – la lie de la société thaïlandaise. De quoi est-il accusé ? D’avoir vaporisé le visage d’une trentaine de personnes, dont, soulignent avec horreur les médias du Pays du sourire, une étrangère, avec un produit désinfectant pour les toilettes. Ce petit fait de société qui laisserait indifférent ailleurs a, ici, passionné une bonne partie des médias, lesquels durant une dizaine de jours ont tenu leur lectorat en haleine avec le récit de l’enquête policière pour retrouver le «lanceur d’acide», devenu une sorte de Jack the Ripper tropical.

Parmi la multitude des détails sur la façon dont ce Landru embusquait ses victimes, quelques lignes sur ses motivations telles qu’il les explique : «la discrimination sociale», «les insultes par des gens de la société». «Cela m’a mis à bout», dit-il le regard plein de repentance. Comme les amulettes bouddhiques qui n’acquièrent leur pouvoir qu’une fois investies par une cérémonie appropriée, cette scène ne peut prendre vie que si un rituel particulier est suivi, celui du «doigt accusateur» (ji niou). En Thaïlande, pointer quelqu’un du doigt est une grave insulte, désigner de l’index une statue de Bouddha peut vous jeter dans des ennuis sérieux. «Pointer avec un doigt quel qu’il soit (…) est approprié strictement pour les objets non humains. Seuls les plus bas et les plus méprisables des hommes le souffriront, et seuls les plus puissants et les plus arrogants l’infligeront», écrit Mont Redmond (1). Rachan le ferrailleur, déjà au plus bas de l’échelle, est enfoncé plus bas encore par la honte de ses méfaits. Les victimes thaïlandaises obtiennent une petite revanche contre le sérieux désagrément infligé (certaines ont eu la peau abîmée, les dommages aux yeux auraient pu être sérieux) en pointant ce terrible doigt accusateur. Elles disent à la victime étrangère d’assouvir aussi sa vengeance, de tendre l’index, mais celle-ci ne comprend pas le rituel. Farang phut yak ! (ils n’y comprennent rien, ces Farangs). «Pour la caméra», insistent les Thaïlandais. Alors hésitante, l’air désarçonnée, l’Européenne pointe le doigt, à droite, à gauche, devant elle vers les ustensiles du chiffonnier… Tout cela manque un peu de conviction.

Le suspect, lui aussi, peut pointer le doigt, mais uniquement vers des objets ou des lieux, lors de la «reconstitution», deuxième acte indispensable de ce théâtre médiatico-policier : le panneau «Lat Prao Soi 26», la passerelle où il attendait ses innocentes victimes… Les objets, les lieux, ne s’offusquent pas, ils n’ont pas de face, ils sont devenus les complices du misérable. Les mains jointes dans un wai permanent, Rachan répond, docile et contrit, aux questions qui fusent des reporters, lesquels semblent se repaître de son désarroi comme des loups devant une brebis galeuse. Rachan réalise la folie de son geste, de cette rébellion insensée contre la violence structurelle qui impose aux pou noï (petites gens) ne de pas tenter de sortir la tête de l’eau. Des images passent dans sa tête : les conducteurs de limousines qui le klaxonnent avec véhémence quand sa charrette à pédales freine la circulation, les mots blessants lancés par ceux à qui il demande s’ils ont des cartons ou des objets usagers à lui donner… Sur la chaîne de télévision TNN, des présentatrices commentent l’affaire : «il faut reconnaître que la vie est parfois dure pour ces gens-là. Mais tout de même, ce n’est pas une raison pour causer des ennuis aux autres». Et c’est vrai, les attaques dont il est accusé sont des méfaits sérieux. S’il est condamné, il est d’ailleurs passible de quatre ans de prison. En Thaïlande, il est permis de pointer du doigt des êtres humains, mais dans une direction seulement, de haut en bas.

(1) Wondering into Thai Culture, Mont Redmond, Redmondian Insight Enterprises, Bangkok, 1998

 

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Indonésie Politique

L’Indonésie sans Lady Gaga

Le concert de la star américaine, le 3 juin à Jakarta, n’aura pas lieu. La raison invoquée : la sécurité. L’image de l’Indonésie n’en sort pas grandie.

Pendant que Lady Gaga se produisait à Singapour, son projet de concert à Jakarta, le 3 juin, est tombé à l’eau, avec promesse de rembourser les 52.000 billets vendus aux «petits monstres» indonésiens. La vedette s’est dite «dévastée» et a admis que les problèmes de sécurité ont mis fin au projet après des semaines de controverse parsemées de rebondissements et de maladresses.

Des groupuscules de miliciens islamistes se réjouissent. La chanteuse accusée de pratiquer «le culte de satan»  et censée être porteuse de valeurs occidentales rejetées ne mettra pas les pieds en Indonésie. Des miliciens avaient même envisagé de lui barrer la route à la sortie de l’aéroport ou de s’introduire dans les rangs du jeune public pour y semer le désordre au cas où la représentation aurait lieu.

Une fois de plus, le gouvernement indonésien n’est pas monté en première ligne. Les milices islamistes ont pris l’habitude de prendre la loi entre leurs mains et de jouer les polices religieuses. La police nationale laisse faire. Le gouvernement préfère, en général, regarder ailleurs. Le message n’est pas clair et la manœuvre consiste à renvoyer la balle dans le camp adverse. Alors qu’aucune décision n’avait été encore prise, Lady Gaga et son équipe ont obtenu leurs visas indonésiens et les billets, pour le concert, ont été mis en vente.  Puis, l’évidence a été annoncée : la police a refusé de s’engager à assurer la sécurité du concert. L’équipe de Lady Gaga a alors pris la décision pour tout le monde : elle a renoncé.

Mais l’Indonésie n’en sort pas grandie. Le Jakarta Post estime, dans un éditorial le 28 mai, que la décision «correcte» a été prise. C’est possible, à ce détail près qu’aucune décision n’a été prise par les autorités indonésiennes. Et c’est cette pusillanimité à répétition qui offre une médiocre image d’un pays que l’on présente comme l’une des grandes démocraties de la planète. Que gagne la liberté quand un gouvernement élu refuse systématiquement de prendre ses responsabilités ?

Jean-Claude Pomonti

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Politique Thaïlande

Morts de 2010 en Thaïlande : les militaires pointés du doigt

L’étau se resserre peu à peu autour des militaires accusés par plusieurs services de police d’avoir tué des manifestants en avril-mai 2010.

Le Département des enquêtes spéciales (DSI), l’équivalent thaïlandais du FBI, a indiqué qu’au moins 25 personnes tuées lors des manifestations anti-gouvernementales d’avril-mai 2010 ont été les victimes des tirs des soldats déployés pour réprimer les Chemises rouges à Bangkok. Jusqu’à présent, le DSI avait attribué 22 morts à l’armée. L’organisme, qui dépend du ministère de la Justice et non du département de la police, a ajouté que les Chemises rouges étaient, pour leur part, responsables de la mort de douze des victimes, parmi lesquelles le colonel Romklao Thuwatham, tué par grenades à Rajdamnoen le 10 avril. Au total 91 personnes avaient été tuées durant les manifestations à Bangkok et en province.

Parallèlement, la police métropolitaine de Bangkok, chargée du dossier de plusieurs autres victimes, a confirmé que le photographe italien Fabio Polenghi, tué par balles le 19 mai sur l’avenue Rajdamri, avait bien été tué par des soldats. Le bureau du procureur général a entamé des poursuites. Une première audience doit avoir lieu le 23 juillet, au cours de laquelle plusieurs journalistes présents au moment des faits seront appelés à témoigner. Elisabetta, sœur cadette de Fabio Polenghi, présente à Bangkok pour le second anniversaire de la mort de son frère, s’exprimera publiquement sur l’estrade des Chemises rouges érigée à Rajprasong pour commémorer le deuxième anniversaire de la répression du 19 mai.

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Indonésie Politique

Corruption: les députés indonésiens passent en tête

Selon les sondages, les institutions les plus corrompues d’Indonésie sont la police, la justice et le Parlement. Les élus semblent désormais l’emporter.

Les statistiques de la Commission pour l’éradication de la corruption (KPK) de l’Indonésie montrent qu’en 2012, «les législateurs sont en tête de la liste des gens inculpés pour avoir contrevenu à la loi et arrêtés en tant que suspects de corruption», rapporte le 8 mai le Jakarta Globe. «Six membres de la Chambre des députés et de celle des représentants de régions» sont actuellement impliqués dans des affaires de corruption, a déclaré Johan Budi, porte-parole de la KPK à Jakarta.

Le deuxième contingent de personnes inculpées pour corruption est fourni par les institutions privées. Le troisième est formé par les hauts-fonctionnaires et les autorités élues de province, comme les gouverneurs ou les maires. Pendant les quatre premiers mois de l’année, la KPK a récupéré l’équivalent de quelque deux millions d’€ volés à l’Etat.

A la suite de la réélection en 2009 de Susilo Bambang Yudhoyono (SBY), il y avait eu un débat public sur une «maffia judiciaire» de connivence avec des officiers de police. Peu de sanctions avaient été prises et le débat était retombé. Les deux Chambres ont été accusées, de leur côté, de dépenses inconsidérées, y compris dans des «voyages d’études» à l’étranger. Ces développements, ainsi que l’inaction de SBY, expliqueraient une désaffection croissante à l’égard des élites politiques.