Catégories
Politique Thaïlande

Remaniement ministériel en Thaïlande : seuls les Shinawatra

Une réorganisation du gouvernement de Yingluck Shinawatra confirme le poids dominant de la famille Shinawatra.

Le roi Bhumibol Adulyadej de Thaïlande a approuvé le 28 octobre la nouvelle liste des ministres présentée par la cheffe du gouvernement Yingluck Shinawatra. Pour la première fois depuis mai dernier, date de la fin de leur interdiction d’activités politiques prononcée par la Cour constitutionnelle en 2007, plusieurs lieutenants de l’ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra font leur entrée dans le gouvernement dirigé par sa sœur cadette. Ainsi Pongthep Thepkanchana, fidèle d’entre les fidèles, devient vice-Premier ministre et ministre de l’Education et Pongsak Raktapongpaisal ministre de l’énergie. L’influence de la sœur de Thaksin, Yaowapha Wongsawat (dont le mari, Somchai Wongsawat avait été Premier ministre en 2008), se fait aussi sentir au travers de l’arrivée de Boonsong Teriyapirom au ministère du Commerce et de Woravat Au-apinyakul à celui des Sciences.

La cheffe du gouvernement Yingluck n’en a pas moins obtenu gain de cause à plusieurs égards. Ainsi, elle a maintenu à son poste le ministre des Finances Kittirat na Ranong, fortement critiqué pour ses « mensonges pieux » sur l’économie et a fait remplacer Withaya Buranasiri, généralement considéré comme un ministre compétent, par Pradit Sintawanarong au portefeuille de la santé. Elle a connu Pradit, gros entrepreneur immobilier, lorsqu’elle dirigeait SC Assets, la branche immobilière du conglomérat Shin Corp.

L’un des autres faits saillants de ce remaniement est l’absence de l’un des principaux leaders des Chemises rouges Jatuporn Phromphan. Un autre leader du mouvement, Nattawut Saikuar, jusqu’alors vice-ministre de l’Agriculture devient vice-ministre du Commerce. Le remaniement devrait provoquer des réactions négatives de la part de la frange la plus radicale des Chemises rouges.

 

Catégories
Société Thaïlande

Thaïlande : marée rouge à Bangkok en souvenir de 2010

Des dizaines de milliers de Chemises rouges ont occupé le quartier commercial de Bangkok à l’occasion du deuxième anniversaire de la répression meurtrière du 19 mai 2010.

Au moins 60.000 Chemises rouges, partisans de l’ancien premier ministre Thaksin Shinawatra, se sont rassemblées dans la soirée du 19 mai dans le quartier commercial de Rajprasong à Bangkok, pour commémorer le deuxième anniversaire de la répression des militaires contre les manifestants anti-gouvernementaux en avril-mai 2010. L’avenue Rajdamri, le long du complexe commercial Central World, était entièrement occupée par des militants vêtus en rouge et agitant des applaudisseurs en forme de cœur – leur signe de ralliement – de part et d’autre d’une estrade surmontée d’une banderole sur laquelle était écrit : «Il ne faut pas que nos amis soient morts en vain». Ce rassemblement, qui s’est tenu dans une ambiance de kermesse ponctuée de chansons et de discours, confirme que la capacité de mobilisation du mouvement reste considérable à l’heure où les Chemises jaunes, leurs adversaires partisans de l’establishment traditionnel, sont en pleine déconfiture.

Le 19 mai 2010, l’armée avait donné l’assaut au camp retranché des Chemises rouges sur l’ordre du gouvernement. 91 personnes, en majorité des manifestants mais aussi des militaires, avaient été tués durant les manifestations qui avaient paralysé plusieurs quartiers de Bangkok pendant trois mois. Durant la commémoration, nombre de manifestants brandissaient des effigies montrant l’actuelle cheffe du gouvernement, Yingluck Shinawatra, étreignant son frère Thaksin, évincé du pouvoir par un coup d’Etat en 2006. La plupart des Chemises rouges restent des inconditionnels de Thaksin, lequel a fui le pays en 2008 peu avant sa condamnation à deux ans de prison pour abus de pouvoir. «Comme le parti Démocrate (actuellement dans l’opposition) ne savait pas comment battre Thaksin selon les règles démocratiques, il a utilisé l’armée», indique Vichai Nirun, un commerçant venu de Nakhon Ratchasima pour participer au rassemblement. «Thaksin n’a jamais rien fait de mal, mais les politiciens du Parti démocrate lui ont cherché des poux dans la tête», estime, pour sa part, Vichita Samunprai, venue de Sisaket.